Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Aulnoy (Marie Catherine Le Jumel de Barneville, comtesse d')

Écrivain français (Barneville v. 1650 – Paris 1705).

Elle mena une vie aventureuse, en particulier en Espagne (Relation d'un voyage en Espagne, 1690). Après avoir écrit des « histoires galantes » (Histoire d'Hypolite, comte de Douglas, 1690), elle participa à la mode des contes de fées (les Illustres Fées, 1698), où se mêlent, comme chez Perrault, héritage de la littérature orale et raffinement mondain de l'écriture (la Belle aux cheveux d'or, l'Oiseau bleu).

Aulu-Gelle

Grammairien latin (Rome v. 130 – v. 180).

Il séjourna longtemps à Athènes, où il composa un ouvrage de compilation en 20 livres, les Nuits attiques, qu'il présente comme une suite de notes prises à l'occasion de ses lectures nocturnes et destinées à ses enfants. Cette curiosité encyclopédique (marquée cependant par une prédilection pour la littérature et la linguistique) a conservé de précieux renseignements sur des auteurs anciens et de nombreuses citations d'œuvres aujourd'hui perdues.

Aurell (Tage)

Écrivain suédois (Christiania, auj. Oslo, 1895 – Manskog 1976).

Passionné de problèmes intellectuels et religieux accordés à l'actualité, il déploya une intense activité littéraire (critique, revues) et publia une œuvre abondante, dont émergent des romans (le Domaine Tyberg, 1932 ; Martina, 1937), des nouvelles (Feuilles volantes, 1943 ; Nouveaux Récits, 1949) et surtout son chef-d'œuvre, le récit semi-autobiographique Victor (1955), qui vaut par son réalisme et son souci de l'écriture.

Auseklis (Miķelis Krogzemis, dit)

Écrivain letton (Ungurpils 1850 – Saint-Pétersbourg 1879).

Instituteur rural, démocrate et patriote, il est l'auteur d'un recueil de Poésies (1873) et de virulentes satires de la noblesse balte et du clergé (1875-1878). Féru de folklore, il s'inspira, dans la tradition romantique, de la mythologie populaire et d'un passé patriarcal très idéalisé pour éveiller son peuple à la conscience nationale. Les poèmes qu'il écrivit dans les années 1875-1876, regroupés dans le recueil les Couronnes de chêne et dans son Deuxième Livre de Poésies ne furent publiés à titre posthume qu'en 1888.

Ausländer (Rose)

Poétesse allemande (Czernovitz 1901 – Düsseldorf 1988).

Née en Bucovine, objet de toute sa nostalgie, elle allait et venait entre l'Europe et les États-Unis (1921-1931, puis l'exil de 1946-1965). Tempérament extatique, elle n'a cessé de magnifier la création dans quelque 2 173 poèmes, en dépit de son expérience douloureuse du ghetto. Souffrant d'un traumatisme linguistique, elle cessa d'écrire en allemand entre 1948 et 1956, mais s'établit en R.F.A. à partir de 1965. Son oeuvre des années 1960, à l'inverse de Eich ou de Celan, continue à mettre l'accent sur un espoir de conversion : « Faire une terre du ciel et de la terre un ciel ».

Ausone, en latin Decimus Magnus Ausonius

Poète gallo-romain (Bordeaux v. 310 – v. 395).

Universitaire bordelais, il publia sur les sujets les plus divers une œuvre totalisant plus de 7 000 vers, de facture très classique. S'en détachent les portraits des membres de sa famille (Parentalia) et de ses collègues de Bordeaux (Ordo professorum Burdigalensium), de nombreuses épîtres et une pittoresque évocation de la vallée mosellane (Mosella), chef-d'œuvre de la poésie descriptive.

Austen (Jane)

Romancière anglaise (Steventon 1775 – Winchester 1817).

Fille de pasteur, elle mène à l'ombre de ses frères une vie de vieille fille rangée. En 1795, après de nombreuses tentatives littéraires, elle se lance dans son premier grand texte de fiction, un roman épistolaire intitulé Elinor et Marianne. Elle commence en 1797 Premières Impressions, qu'elle garde également par-devers elle. En 1803, elle vend à un éditeur le manuscrit de Susan, mais cette parodie de roman gothique ne paraîtra qu'à titre posthume en 1818, sous le titre l'Abbaye de Northanger. Il faut attendre 1811 pour que soit enfin publié un de ses romans, à ses frais et sans nom d'auteur : Raison et sentiments est une révision d'Elinor et Marianne. Le succès alors rencontré la pousse à réviser Premières Impressions, qui devient Orgueil et préjugés (1813), où beaucoup voient son chef-d'œuvre. En 1814, Jane Austen publie, cette fois sous son nom, Mansfield Park. En 1816, Emma est le quatrième et dernier roman qui paraît de son vivant ; y sont retracées les manipulations d'« une héroïne que je serai la seule à aimer vraiment ». Comme l'Abbaye de Northanger, Persuasion sera publié à titre posthume en 1818. « Trois ou quatre familles dans un village de campagne, voilà le sujet idéal » : cet aveu n'étonne guère, de la part de celle qui se considérait comme une miniaturiste. On l'a d'ailleurs accusée de se limiter à la peinture des classes aisées, avec quelques figures aristocratiques à l'arrière-plan. Les événements contemporains (Révolution française, guerres napoléoniennes) semblent se dérouler bien loin de l'univers très féminin de Jane Austen. Le mariage est la préoccupation centrale des jeunes filles présentes dans ses romans, d'où sont exclus action et description, au profit de la seule étude psychologique. Dîners, bals, promenades, séjours à Londres : tels sont les rares événements qui viennent animer l'existence de ses héroïnes. Jane Austen dépeint les relations complexes qui se tissent au sein de la société, fondées sur des motifs plus ou moins honorables (ambition, convoitise, avarice...). On a fréquemment souligné la finesse de sa technique narrative qui, sans asséner aucune vérité, permet au lecteur de tirer les conclusions qui s'imposent sur chacun des personnages, tels qu'ils se perçoivent les uns les autres. Le snobisme et l'égoïsme sont condamnés de manière implicite mais claire. L'ironie de la narratrice vient souligner la vanité de certitudes qui s'écroulent lorsque les personnages ouvrent les yeux sur leurs propres illusions. Cette finesse lui valut l'admiration de quelques romanciers victoriens, mais il fallut attendre le XXe siècle pour que Jane Austen soit reconnue comme l'un des piliers de la littérature anglaise.