Nothomb (Pierre)
Écrivain belge de langue française (Tournai 1887 – château du Pont d'Oye, Habay-la-Neuve, 1966).
Ses romans illustrent des thèses politiques dérivées du nationalisme barrésien : la saga du Prince d'Olzheim (1944-1962) célèbre une Lotharingie vouée à redevenir le centre de l'Europe, où se réconcilieraient cultures latines et germaniques. Sa poésie naît souvent en contrepoint de ses romans (Ans de grâce, 1959 ; Arbres du soir ; 1961 ; l'Été d'octobre, 1963).
Notker le Lippu (Balbeo)
ou Notker l'Allemand (Teutonicus)
Moine suisse (vers 950 – Saint-Gall 1022).
Érudit réputé, il a porté à son faîte la renommée de l'école du couvent de Saint-Gall comme foyer de culture classique. Son œuvre comprend des traités (De syllogismis, De partibus logicae). Il a surtout traduit en allemand les Psaumes, des écrits de Boèce, Aristote, Caton, Térence et Virgile. Ses commentaires (où se mêlent des expressions latines) et ses traductions ont contribué à codifier le vieux haut-allemand, à lui donner plus de souplesse et de finesse, à élargir son registre : ils sont une étape importante dans l'histoire de l'allemand comme langue littéraire.
Notker (bienheureux) le Bègue
Écrivain allemand de langue latine (Jonschvil, canton de Saint-Gall, v. 840 – Saint-Gall 912).
Ce moine de Saint-Gall est considéré comme le créateur de la « séquence », texte en prose qui prolonge l'alleluia à la messe. Il passe pour l'auteur d'une vie de Charlemagne (Gesta Karoli Magni) racontée par un des vétérans de l'empereur. Enfin, dans une lettre à Lantbertus, écrite v. 885-890, il explique la signification des lettres ajoutées aux neumes (« lettres romaniennes »).
Notley (Alice)
Poétesse américaine (Bisbee, Arizona, 1945).
Se revendiquant l'héritière de William Carlos Williams, Notley compose une poésie du souvenir (notamment de ses années avec Ted Berrigan), qui contredit le lieu commun de l'aliénation féminine et insiste sur l'importance des relations et de toute communication, ainsi que sur la subjectivité de la forme poétique : le pied variable de Williams devient entre ses mains l'instrument de l'autodéfinition, comme de l'autodérision (Poèmes choisis, 1993).
Nougaret (Pierre Jean-Baptiste)
Écrivain français (La Rochelle 1742 – Paris 1823).
Il se rangea, par une héroïde sur la mort de Calas (1765), du côté des encyclopédistes. Il suivit la girouette des modes et sut se rallier au pouvoir en place. Il pratiqua aussi bien le genre érotique (Lucette ou les Progrès du libertinage, 1763 ; la Capucinade, qui lui valut en 1765 un séjour à la Bastille) que le genre édifiant et moralisateur. Il collabora avec Restif de la Bretonne, mais les deux hommes se brouillèrent lorsque Nougaret voulut exploiter le succès du Paysan perverti.
Nougé (Paul)
Écrivain belge de langue française (Bruxelles 1895 – id. 1967).
Figure la plus importante, avec Magritte, du groupe surréaliste bruxellois, il publia de 1924 à 1925, avec M. Lecomte et C. Goemans, Correspondance, pastiches d'écrivains de l'époque et « critique de l'intérieur ». Influencé par Valéry, il préfère à l'écriture automatique ou aux pouvoirs du hasard objectif la création d'« objets bouleversants », capables « des plus grandes déflagrations ». Il utilise à cette fin jeux de mots, faux slogans publicitaires, voire détournement poétique d'un manuel de grammaire, autant de remises en cause des normes du langage (Quelques Écrits et quelques dessins, 1927 ; Subversion des images, 1968). Nougé entendait peser ainsi sur la vie active. Il le voulut aussi par une attitude politique radicale. Nombre de ses écrits, rassemblés en partie dans Histoire de ne pas rire (1956) et l'Expérience continue (1966), ont été au départ textes de circonstance.
Nourissier (François)
Écrivain français (Paris 1927).
Chroniqueur (au Point, au Figaro Magazine), longtemps conseiller littéraire aux éditions Grasset (1958-1996), il préside l'académie Goncourt depuis 1994. Le titre de la série le Malaise général (Bleu comme la nuit, 1958 ; Un petit bourgeois, 1963 ; Une histoire française, 1965) peut s'appliquer à toute son œuvre, qui mêle, dans un « narcissisme sombre », volontiers narquois et désabusé, la veine classique du roman social et psychologique et l'autobiographie (la Crève, 1970, prix Femina ; Lettre à mon chien, 1975 ; l'Empire des nuages, 1981 ; Roman volé, 1996 ; le Bar de l'Escadrille, 1997 ; À défaut de génie, 2000), et sur laquelle pèse le sentiment d'un rendez-vous manqué avec l'Histoire et les nouvelles générations (l'Eau grise, 1951 ; les Orphelins d'Auteuil, 1956 ; le Musée de l'homme, 1978 ; En avant, calme et droit, 1987).
Nourpeïssov (Abdijamil Karimovitch)
Écrivain kazakh (Kougaral, région de Kzyl-Orda, 1924).
Fils de nomades chasseurs et pêcheurs de la mer d'Aral, il s'est fait connaître par un roman patriotique sur la libération des pays Baltes (le Jour tant attendu, 1950-1958). Il est surtout l'auteur d'une trilogie historique (Par la sueur et par le sang) où revivent, dans l'univers poétique de la steppe, la société kazakhe et ses convulsions, de l'éveil du soulèvement de 1915-1916 à la révolution et à la guerre civile (le Crépuscule, 1961 ; la Saison des épreuves, 1964 ; l'Effondrement, 1970).
Nouveau (Germain)
Poète français (Pourrières, Var, 1851 – id. 1920).
Tiraillé entre les influences les plus diverses, ballotté entre les « Anciens », qu'il a appris à aimer au petit séminaire d'Aix-en-Provence, et les « Modernes », qui le fascinent, parnassien et bohème, fidèle à Virgile et collaborateur occasionnel, dit-on, de Rimbaud, sensuel et mystique au point d'être traité de janséniste par Verlaine, Germain Nouveau a presque inscrit les sinuosités de son itinéraire dans les derniers vers de la Doctrine de l'amour, publiée contre son gré sous le pseudonyme d'« Humilis » en 1904 (elle aurait été écrite entre 1879 et 1881), et l'ultime aveu des Valentines (1885-1887). Ses étapes sont innombrables. Quartier latin, Beyrouth, Bourgoin, Remiremont, Belgique, Angleterre, Italie, Alger, Falaise, Espagne, Marseille, sans parler de séjours à l'hôpital psychiatrique, mais jamais il ne s'arrête, jamais il ne consent à mener une autre vie que celle d'un perpétuel errant, en fuite du diable, en quête de Dieu, en recherche d'une introuvable unité. Il s'essaie à tous les tons, à toutes les écritures, mais, s'il déconcerte par ses chutes inattendues des sommets dans des platitudes navrantes, il ne peut laisser indifférent, et l'on conçoit que les surréalistes aient pu trouver en lui un inspirateur, comme en Rimbaud ou en Lautréamont.