Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Mao Dun (Shen Yanbing, dit)

Romancier et homme politique chinois (1896 – 1981).

« Devenu écrivain faute d'avoir pu être un révolutionnaire professionnel », il participe au mouvement du 4 Mai. Il s'intéresse très tôt au marxisme, devient membre de la Ligue de gauche et ami de Lu Xun. En 1933, il publie Minuit, roman réaliste teinté de naturalisme, qui décrit la difficile naissance d'un capitalisme national, et le triste état de la paysannerie lui inspire sa trilogie les Vers à soie du printemps, la Moisson d'automne et Cruel Hiver. En 1943, Putréfaction dénonce la police secrète et les basses manœuvres du Guomindang. N'ayant pu opérer la conversion politiquement nécessaire du réalisme au réalisme socialiste, Mao Dun renonce, dès 1949, à poursuivre son œuvre de romancier : ministre de la Culture (1949-1964), souvent critiqué, il ne rédigera plus que ses Mémoires, après la Révolution culturelle.

Mao Zedong

Homme d'État et poète chinois (Shaoshan 1893 – Pékin 1976).

Il figure ici en tant qu'intervenant aux Causeries sur la littérature et l'art de Yan'an (mai 1942). Ces deux discours sont une condamnation de « l'art pour l'art », de toute littérature voulant se situer au-dessus des classes, au nom d'une illusoire « nature humaine » universelle, fille de « l'humanisme » bourgeois. La littérature doit être « au service du peuple », des ouvriers-paysans-soldats, subordonnée à la politique, optimiste, éducative. Le P.C.C. juge seul de la valeur d'une œuvre. Enfin, Lu Xun est le modèle de l'écrivain au service du prolétariat. Ce dogme va stériliser la littérature pour un demi-siècle.

Mapou (Abraham)

Écrivain russe d'expression hébraïque (Kovno 1808 – Königsberg 1867).

Après un intérêt passager pour le hassidisme et la Kabbale, il apprend les langues européennes  (français, allemand, russe), et étudie la littérature hébraïque moderne, malgré l'hostilité du milieu juif traditionaliste. À partir de 1832, il gagne sa vie comme précepteur dans diverses villes de Lituanie et adhère aux idées de la Haskalah. C'est en 1853 qu'il publie son grand roman biblique, en chantier depuis vingt ans, l'Amour de Sion, qui, malgré les défauts de son intrigue compliquée et naïve connaît un grand succès, consacré par 16 éditions et des traductions en diverses langues. Par l'évocation des charmes de la vie rurale dans la Judée du temps d'Isaïe, par le récit de la pure idylle qui se noue entre les deux héros, ce roman constitue une véritable révolution dans les lettres hébraïques : dans un milieu austèrement puritain, il fait une place aux élans du cœur ; au sein de la détresse de l'exil, il apporte à des milliers de Juifs misérables le rêve d'un glorieux passé sur la terre ancestrale. De plus, Mapou démontre dans ce roman que la langue hébraïque, parée de toute sa splendeur biblique, peut redevenir un outil littéraire. Il s'essaie ensuite au genre réaliste avec l'Hypocrite, paru en cinq parties de 1858 à 1869, qui dépeint la vie juive en Lituanie : on y décèle l'influence des Mystères de Paris et un effort original pour adapter le style à la réalité moderne – Mapou ne recourt pas seulement à l'hébreu biblique mais intègre des éléments linguistiques plus tardifs, méthode qui servira de modèle aux écrivains réalistes de la fin du siècle. Les difficultés rencontrées par son roman les Visionnaires consacré à la période du faux messie Sabbataï Zevi l'inclinent à revenir à un sujet biblique avec le Péché de Samarie (1865-1866). Parallèlement, il publie des ouvrages éducatifs destinés à l'enseignement de l'hébreu (1859 et 1867) et un manuel en allemand et en caractères hébraïques mais destiné à l'enseignement du français. Les dernières années de Mapou sont assombries par ses démêlés avec les adversaires traditionalistes et une maladie des doigts qui l'empêche d'écrire.

Maqalih (Abd al-Aziz al-)

Poète yéménite (près de Sanaa 1937).

Délégué du Yémen à la Ligue arabe, il a dirigé l'université de Sanaa. Auteur de nombreux essais littéraires, il est aussi un poète lyrique qui use d'une forme très libre (Sanaa doit être, 1971 ; l'Alphabet de l'âme, 1998).

maqama (séance)

Genre littéraire caractéristique du domaine arabe, fondé par al-Hamadhani et poursuivi par al-Hariri, passé maître dans cette écriture. La maqama est un court récit, en prose rimée, dans un style à la fois recherché et allègre : une composition singulière qui mêle l'érudition savante, la rareté philologique, à un esprit profondément populaire, et qui applique de manière quelque peu paradoxale le langage fleuri des correspondances administratives à la réalité ordinaire et houleuse du petit peuple. L'intrigue, chez les premiers auteurs, était travaillée, et comportait souvent une chute à caractère humoristique, mais nombre d'auteurs l'ont transformée en un pur exercice de style. L'un des derniers à composer avec bonheur sur ce modèle fut sans doute al-Muwaylihi.

Maqqari (Chihab al-Din Abu al-Abbas)

Écrivain arabe (Tlemcen vers 1577 – Le Caire 1632).

Il reçut sa première formation dans sa ville natale, puis gagna la cour Mérinide, résida à Fès qu'il quitta en 1618 pour Le Caire et Damas. Son ouvrage le plus célèbre, le Nafh al-Tib, est un recueil historico-littéraire où le ministre et poète Ibn al-Khatib, ami d'Ibn Khaldun, occupe une large place. Œuvre d'esthète et d'anthologue, elle reste l'une des principales sources, entre autres, sur la littérature de l'Espagne musulmane.

Maragall (Joan)

Écrivain espagnol d'expression catalane (Barcelone 1860 – id. 1911).

Sa théorie de la « parole vivante » lui fait concevoir la poésie comme un  « jaillissement » sincère et spontané. Ses recueils lyriques (Poésies, 1895 ; Visions et chants, 1900 ; Là-bas, 1906 ; Séquences, 1911) font une large part à son amour conjugal pour Clara Noble et à de profonds sentiments religieux, souvent teintés de mysticisme ils marquent, avec ses nombreux articles et essais rédigés en castillan comme en catalan, l'apogée de la renaissance catalane.

Marah Rusli

Écrivain indonésien (Padang 1889 – Bogor 1968).

Après avoir fréquenté l'école malaise de sa ville natale, puis l'école royale (Hoofden School) de Bukittinggi et enfin l'école vétérinaire de Bogor, il travailla comme vétérinaire à Semarang. Il est l'auteur du célèbre roman Sitti Nurbaja (1922), qui conte l'histoire tragique de deux amoureux qui, sous la pression de la société traditionnelle Minangkabau (Sumatra-Ouest), ne pourront jamais se marier, la jeune fille étant obligée par son père d'épouser un autre homme. On lui doit également deux autres récits, La Hami (1952), roman historique dont l'action se situe à Sumbawa, et Enfant et Cousin (1956) sur le conflit des générations en pays Minangkabau.