Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Menasse (Robert)

Écrivain autrichien (Vienne 1954).

Enseignant d'esthétique (São Paulo, 1981-1988), il décrit dans sa « trilogie de la stupeur » (Certitude sensuelle, 1988 ; la Pitoyable Histoire de Leo Singer, 1991 ; Conversion par poussées, 1995) une régression de l'esprit inversant la dialectique hégelienne. Autre saga de famille juive, l'Expulsion de l'enfer (2001) entrecroise l'Inquisition portuguaise et le XXe siècle viennois. Ses essais sont des psychogrammes de l'identité autrichienne (le Pays sans qualité, 1992 ; Superstructure et infrastructure, 1997).

Mencken (Henry Louis)

Journaliste et critique américain (Baltimore, Maryland, 1880 – id. 1956).

Directeur des revues The Smart Set (1914-1923) et The American Mercury (1924-1933), antipuritain, il définit une idéologie libérale qui renvoie au common sense (Préjugés, 1917-1927 ; Défense des femmes, 1919). La Langue américaine (1919) fonde l'identité nationale sur la langue américaine, considérée sous ses aspects historiques, conventionnels et argotiques.

Mendès (Catulle)

Écrivain français (Bordeaux 1841 – Saint-Germain-en-Laye 1909).

Acteur infatigable de la vie littéraire, il commence, en 1859, par fonder l'éphémère Revue fantaisiste, avec Léon Cladel et Villiers de L'Isle-Adam. Il rencontre Baudelaire, et se lie d'amitié avec Stéphane Mallarmé (1864). En 1866, il épouse la fille de Théophile Gautier, Judith. Cette année-là, avec Leconte de Liste, Coppée, Dierx et Hérédia, il lance le Parnasse contemporain, dont les trois séries dessinent les contours d'une école poétique. En 1869, il se rend à Triebschen pour rencontrer Richard Wagner – en compagnie de Judith Gautier et de Villiers de L'Isle-Adam –, et il contribuera à faire connaître son œuvre en France (notamment par son roman de 1881, le Roi vierge, sur la figure de Louis II, et par une monographie, l'une des premières consacrées au compositeur allemand, en 1886). Critique, poète (Philoméla, 1863 ; Poésies, 1876 ; Lieds de France, 1892), conteur, dramaturge (Isoline, conte de fée, 1888 ; Médée, tragédie, 1898 ; Scarron, comédie tragique, 1905) et romancier (la Vie et la mort d'un clown, 1879 ; Méphistophéla, 1890 ; le Chercheur de tares, 1898), il déploie une activité littéraire et théâtrale intense entre 1880 et 1900 (ses chroniques théâtrales sont rassemblées en 1897 sous le titre l'Art au théâtre). Son œuvre, pétrie de thèmes décadents et symbolistes, témoigne d'une habileté remarquable à saisir l'esprit du temps ; il sut aussi apprécier les tendances littéraires nouvelles, et encourager de jeunes écrivains. Véritable autorité, il occupe dans le Paris fin de siècle une position enviée, et publiera en 1902, à la demande du ministère de l'Instruction publique, un Rapport sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900. Il meurt écrasé par un train en 1909.

Mendes (Murilo Monteiro)

Diplomate et poète brésilien (Juiz de Fora, Minas Gerais, 1901 – Rome 1975).

Issu du modernisme (Poèmes, 1930), il fait de la poésie un moyen de connaissance visionnaire (les Métamorphoses, 1944 ; Monde énigme, 1945).

Meneghello (Luigi)

Écrivain italien (Malo, Vicenza, 1922 – Thiene 2007).

Son roman Libera nos a malo (1963) retrace l'émergence de la civilisation industrielle et ses conséquences sur le monde paysan. Ses autres thèmes de prédilection sont la Résistance (les Petits Maîtres, 1964), le fascisme (Fleurs italiennes, 1976) et l'après-guerre (Bau-sète, 1988).

Ménélik II

Empereur d'Éthiopie (Ankober 1844 – Addis-Abeba 1913).

Ce conquérant qui, en 1886, l'emporta sur Rimbaud dans un douteux trafic d'armes est le héros d'une chronique, la Chronique de Ménélik II, qui s'inscrit dans la longue tradition des chroniques royales, à peu près ininterrompue depuis le XIVe s. Histoire officielle du règne, composée sur l'ordre et sous la surveillance du souverain (et peut-être plus encore de l'impératrice Taïtu), c'est un récit strictement chronologique, consacré principalement aux événements de la cour et aux conquêtes militaires, avec le ton souvent emphatique et les références religieuses ornées de citations bibliques habituels dans ce genre de récit. L'auteur, l'alaqa Gabra Sellâsê (vers 1850-1855-1912), était un ecclésiastique formé aux disciplines traditionnelles. Il est remarquable que la chronique ne fasse nullement mention de tout l'aspect moderniste du règne et des contacts avec les Européens, sauf pour la longue description de la bataille d'Adoua (1896). La nouveauté, c'est l'emploi de l'amharique à la place du guèze. C'était déjà le cas des chroniques de Théodore, mais elles étaient plus brèves et n'avaient pas le même caractère officiel ; la Chronique de Ménélik II constitue le premier monument important de la littérature amharique moderne. Cependant l'ouvrage, conformément à la tradition, resta en manuscrit pour l'usage de la Cour et des milieux lettrés. Il ne fut imprimé et diffusé en Éthiopie qu'en 1966. Mais, dès 1922, au moment où l'Éthiopie cherchait à se faire reconnaître une place dans le concert des nations (elle entra à la S.D.N. en 1923), l'impératrice Zawditu avait autorisé le ministre de France, Maurice de Coppet, à en faire faire une traduction qui parut à Paris en 1930 : c'est donc en français que l'œuvre fut d'abord publiée.

Menkes (Dovid Katz, dit Hirshe-Dovid)

Écrivain de langue yiddish (New York 1956).

Fils du poète Menke Katz (1906-1991). Linguiste ayant suivi par ailleurs des études juives traditionnelles, il a dirigé des centres universitaires d'études yiddish à Oxford et à Vilnius. Ses nouvelles, nourries pour la plupart du folklore oral des Juifs de la région de Vilnius, sont réunies en trois volumes (Eldra Don, 1992 ; le Sommet aplati, 1993, et Histoires de mitnagdim, 1996), publiés en Grande-Bretagne.

Merari Siregar

Écrivain indonésien (Siporok 1896 – Kalianget 1940).

Il fit des études à l'École normale (Kweekschool) et obtint, en 1923, un diplôme du Handelscorrespondent Bond à Jakarta. Enseignant à Medan (Sumatra-Nord), il travailla ensuite à l'hôpital public de Jakarta, puis à Madura. Auteur d'une Histoire de Djamin et de Djohan (1918), qui adapte le Jan Smees de l'écrivain néerlandais Justus Van Maurik, il présente, dans Amour et Désir, histoire sur la « pourriture » et le « parfum » de la ville de Batavia (1924), sous la forme d'un recueil de lettres de l'écrivain à sa bien-aimée Noersia, un tableau des mœurs de Batavia. Il est surtout connu pour son roman Tourments et Souffrances (1920) sur les conséquences néfastes d'un mariage forcé.