Laxness (Halldór Gudjónsson, dit Halldór Kiljan)
Écrivain islandais (Reykjavík 1902-Mosfelbær, près de Reykjavík, 1998).
Écrasée par le prestige de son Moyen Âge, accablée par un demi-millénaire d'histoire tragique, l'Islande moderne est revenue au premier plan littéraire et le doit avant tout, depuis un bon demi-siècle, à l'œuvre extraordinaire de Laxness, prix Nobel en 1955. De brèves études, une jeunesse mouvementée passée à courir le monde, puis une conversion au catholicisme débouchent sur le roman Sous le pic sacré (1914), qui sera suivi d'un premier chef-d'œuvre, composé en Sicile, le Grand Tisserand de Cachemire (1927) : ce récit entend rompre avec le type d'écriture des prestigieuses sagas médiévales et assimiler les leçons de Strindberg, de Freud et du surréalisme pour dépeindre le conflit de l'ardeur de vivre ici-bas et de la foi religieuse. Puis Laxness découvre le socialisme d'Upton Sinclair et, après un voyage en U.R.S.S., le communisme, auquel il se rallie un temps : la Route de l'Est (1933) et surtout l'Aventure russe (1938) célèbrent la lutte des classes et la victoire imminente du prolétariat, thèmes qui coloreront l'histoire de la petite fille Salka Valka (1931-1932), qui peint la montée des forces ouvrières en Islande même. Très vite, cependant, Laxness va remonter à ses sources. Ténacité, courage, volonté : il les redécouvre chez le petit paysan islandais acharné à survivre depuis des siècles dans des conditions ingrates – ainsi dans Gens indépendants (1931) et surtout dans Lumière du monde (1937-1940), où il narre, à partir de documents authentiques, les malheurs d'un pauvre instituteur itinérant, poète et rêveur, qui subit les pires traverses, mais auquel rien ne pourra ôter la splendeur du ciel. Dès lors, la tendance nationaliste devient prédominante et s'exprime dans la trilogie que Laxness adaptera lui-même pour le théâtre : la Cloche d'Islande (1943-1946). L'œuvre doit son titre au premier roman paru en 1943 et suivi de la Vierge blonde (1944) et d'Incendie à Copenhague (1946) : une fresque historique influencée par les anciennes sagas et qui, évoquant les luttes de l'Islande au XVIIe s. contre le Danemark, célèbre au milieu de la Seconde Guerre mondiale une indépendance toujours à préserver.
Laxness va stigmatiser la vie à l'américaine et la corruption qui en résulte (Station atomique, 1948), puis, revenant au style et à l'esprit des anciennes sagas (la Saga des fiers-à-bras, 1952), il glorifiera le véritable héroïsme, qui n'est pas de prodiguer plaies et bosses mais de travailler à maintenir la liberté et la paix : à elle seule, cette œuvre truculente, picaresque et bariolée suffirait à assurer la gloire d'un écrivain qui, au demeurant, n'a pas vainement traduit Voltaire en islandais. Il entre alors dans une période moins engagée. Il a peut-être trouvé dans le taoïsme un certain apaisement, dont témoignent les Annales de Brekkukot (1957) ou le Paradis retrouvé (1960). Il défend désormais la simplicité des mœurs rurales et satirise plaisamment le donquichottisme auquel il n'a pourtant pas toujours échappé lui-même. Il a réglé ses comptes avec le communisme (le Temps des poètes, 1962), et ses compatriotes ont fait de lui une sorte de symbole vivant de leur indépendance retrouvée, comme il est apparu lors du millénaire de la fondation de la République islandaise, en 1974. Poète (Opuscule poétique, dans le goût dadaïste, 1930) et auteur dramatique (l'Atelier de tricot, 1962 ; le Banquet des colombes, 1966), il n'en continue pas moins sa veine romanesque avec Chrétiens du Snaefellsjökull (1969) ou l'inénarrable Chronique de la cambrousse (1970), tout en rassemblant ses souvenirs (Dans l'enclos de la maison, 1975-1977) et en prodiguant écrits officiels et essais par lesquels il ne cesse de rappeler l'Islande à la conscience de sa vocation culturelle immémoriale. Son influence, notamment dans les pays de langue germanique, est profonde, et la floraison de talents littéraires qui caractérise aujourd'hui son pays a surgi tout entière dans son sillage : par quoi il renvoie aussi au plus prestigieux de ses ancêtres du XIIIe s., le fameux Snorri Sturluson.
Laya (Jean-Louis)
Écrivain français (Paris 1761 – id. 1833).
Sa tragédie Jean Calas (1789) dénonce le fanatisme populaire et exalte le rôle libérateur de la bourgeoisie éclairée. Dès 1790, dans le drame les Dangers de l'opinion, la critique des préjugés se mêle à un doute sur la suite de la Révolution. En 1793, l'Ami des lois s'attaque aux Jacobins : de graves incidents éclatent au Théâtre de la Nation où tous les modérés viennent conspuer Robespierre devenu « Nomophage ». Après Thermidor, Laya donna quelques drames et devint critique littéraire au Moniteur.
Layla el-Akhyaliyya
Poétesse arabe (morte v. 704).
Sa gloire, comme l'essentiel de sa poésie, s'attache à un amour, mené jusqu'à la mort, pour un bandit et un marginal (Tawba ibn Humayyir). Certains traits, thématiques surtout, ainsi que les nombreuses anecdotes qui la concernent, la rapprochent de la poétesse al-Khansa'.
Layton (Irving)
Écrivain canadien d'expression anglaise (Neamtogoni, Roumanie, 1912 – Montréal 2006).
D'abord d'un subjectivisme provocant (Ici et maintenant, 1945), il élargit ensuite son inspiration de la notation sociale à la thématique de la dualité du corps et de l'esprit (les Plinthes brisées, 1967 ; Poèmes complets, 1971), faisant de l'appartenance au judaïsme un signe de dignité et de vérité (Pour mon frère Jésus, 1976 ; Tombés du ciel, 1979 ; le Sac Gucci, 1983). Ses essais ont influencé la jeune poésie canadienne (Prendre parti : écrits sociaux et politiques complets, 1977).
Lazarillo de Tormes
(La vida de Lazarillo de Tormes y de sus fortunas y adversidades)
Roman espagnol anonyme, attribué parfois à Diego Hurtado de Mendoza et connu par trois éditions publiées en 1554 à Burgos, à Alcalá et à Anvers (l'édition princeps du livre remonte peut-être à 1553 ou 1552). Sous forme autobiographique, le héros fait, avec une fausse ingénuité, le récit de tous les métiers qu'il a exercés et décrit la société espagnole de son temps. Ce roman est le premier en date du genre picaresque : l'histoire de Lazarillo est déjà celle du « valet aux nombreux maîtres » et d'une « épopée de la faim ». Traduit d'abord en français (1560), puis en anglais, en néerlandais, en italien et en allemand, il connaîtra un succès européen.