Zahawi (Jamil Sidqi al-)
Poète irakien (Bagdad 1863 – id. 1936).
Fils du mufti de Bagdad, d'origine kurde, parlant l'arabe, le turc et le persan, professeur de droit à Istanbul (1908) puis à Bagdad, il fut député (1912-1917) et sénateur (1925-1929). Défenseur de la condition féminine, disciple du courant réformiste musulman et franc-maçon, adversaire du wahhabisme, il lutta contre la corruption politique et la misère sociale. On lui doit des œuvres didactiques et très anticonformistes (Dîwân al-Zahâwî, 1924 ; Essence, 1928) dont on retiendra particulièrement le long et audacieux poème narratif Révolte en enfer (1931), dans la lignée de Ma'arrî et de Dante.
Zahrad (Zareh Yaldezian, dit)
Poète arménien (Istanbul 1924 – id. 2007).
Ses poèmes brefs, ironiques, d'accès facile, où abondent jeux de mots et contrepèteries, occupent une place à part dans le paysage de la poésie moderne (la Grande Ville, 1961 ; Tout juste, 2001).
Zahrebelnyï (Pavlo Arkhypovytch)
Écrivain ukrainien (Solochino 1924).
Auteur de romans sur la guerre (le Dit de l'immortalité, 1957 ; Europe 45, 1959-1961), il aborde ensuite les problèmes actuels pour dénoncer l'égoïsme du monde moderne et l'arrivisme (Un jour pour le futur, 1964 ; Du point de vue de l'éternité, 1970-1971). Ces thèmes trouvent un écho dans les romans historiques qu'il consacre à la Russie kiévienne (la Merveille, 1968 ; Eupraxie, 1975 ; Roxolane, 1980).
Zaitsev (Boris Konstantinovitch)
Écrivain russe (Oriol 1881 – Paris 1972).
Issu de la noblesse terrienne, il fait des études d'ingénieur, puis de droit, qu'il abandonne pour étudier l'art en Italie. Après la révolution, dont il dénoncera le matérialisme (les Arabesques d'or, 1926), il émigre (1922), d'abord en Allemagne, puis en Italie et finalement à Paris. Héritier de Tourgueniev et de Tchekhov, auquel il consacra un essai (1954), il propose un monde en demi-teinte, habité par des hommes doux et rêveurs, sujets à de pudiques attendrissements, le plus souvent imprégnés de la tristesse de la vie, mais paisibles et dépourvus de tourments. Son style est d'une grande pureté ; les mots ne cherchent pas à saisir une quelconque réalité, mais plutôt, d'association en association à la manière des impressionnistes, à évoquer des états d'âme et des émotions délicates. Le motif religieux est particulièrement présent dans son œuvre, que ce soit dans des nouvelles (le recueil Songes, 1911), des romans (Contrées lointaines, 1915) ou des récits de voyage (le Mont Athos, 1929 ; Valaam, 1936). Une autre source d'inspiration importante est l'Italie (en 1961, il donne une traduction de l'Enfer de Dante) : on citera par exemple Raphaël (1924) ou Italie (1951). Il a également laissé des romans autobiographiques (le Voyage de Gleb, 1937 ; le Silence, 1948 ; Jeunesse, 1950 ; l'Arbre de vie, 1953), empreints d'un grand charme lyrique, mais son œuvre la plus connue est certainement Anna (1937), qui peint le destin d'une femme amoureuse sur fond de violence révolutionnaire.
Zamacois (Eduardo)
Écrivain espagnol (Pinar del Río 1876 – Buenos Aires 1971).
Journaliste, il est l'auteur de romans à thème généralement érotique (la Malade, 1895 ; Point noir, 1897 ; le Séducteur, 1902 ; Mémoires d'une courtisane, 1903 ; Sur l'abîme, 1905), évoluant vers un naturalisme plus discret (Mémoires d'un wagon de train, 1925 ; les Racines, 1934 ; les Morts vivants, 1935). Il a également publié ses Mémoires : Un homme qui s'en va (1969).
Zamiatine (Evgueni Ivanovitch)
Écrivain russe (Lebedian 1884 – Paris 1937).
Ingénieur naval de formation, il fait de la prison pour activités révolutionnaires, ce qui lui inspire son premier récit, Seul (1908). C'est Province (1913) qui le révèle au monde littéraire : cette description de la torpeur provinciale sera suivie d'une série de nouvelles consacrées au même thème, en particulier Alatyr (1915). La parution en 1915 d'Au bout du monde, sur les médiocrités de la vie militaire, lui vaudra d'être exilé dans le Nord. En 1918, il est envoyé en Angleterre pour y surveiller un chantier naval, et il écrit les Insulaires (1918) puis Pêcheurs d'hommes (1921), où il tente de se mettre au diapason d'une époque nouvelle. La révolution le déçoit rapidement, il s'inquiète de la place et du statut réservés à l'art (J'ai peur, 1921) dans la société soviétique – qu'il peint d'ailleurs en des récits allégoriques (la Caverne, Mamaï, 1920 ; Épître de Zamouti, évêque des singes, 1921) montrant une Russie revenue à l'âge de pierre. Avec Nous autres (1924), il donne le premier roman d'anticipation pessimiste, avant Huxley et Orwell. Derrière l'enthousiasme du héros-narrateur, un ingénieur chargé de construire l'engin qui répandra sur d'autres territoires le « bonheur arithmétique », perce une ironie mordante envers ce « paradis organisé », où les « numéros » (les citoyens de l'« État unique ») vivent dans des appartements en verre ; à heure fixe, ils ont le droit de baisser les volets, pour des séances d'intimité autorisées par le Maître. C'est ainsi qu'une « rebelle », parmi ceux qui vivent à l'extérieur du mur protégeant la Cité, parvient à séduire le héros, le faisant basculer vers l'illégalité. L'État intervient à temps, exécute les « hérétiques » et pratique sur les numéros égarés une salutaire ablation de l'âme. Paru à l'étranger, le livre ne sera pas publié avant 1988. Zamiatine, contre toute attente, put émigrer en 1932.
Zanazzo (Luigi, dit Giggi)
Écrivain italien (Rome 1860 – id. 1911).
Dans la tradition de G. G. Belli, il a écrit en dialecte romain des poésies (la Pâques à Rome, 1883 ; Vers publiés et inédits, recueil publié en 1921-1923 par son fils), des récits folkloriques (Nouvelles, fables et légendes romaines, 1907 ) et des comédies (les Fanatiques du loto, 1885).
Zanella (Giacomo)
Poète italien (Chiampo, Vicence, 1820 – Cavazzale, Vicence, 1888).
Prêtre (1843), il associe le patriotisme, la foi et la science dans ses Vers (1868), en particulier dans l'ode Sur un coquillage fossile. Il trouve cependant sa meilleure expression poétique dans la contemplation de la nature, qui lui inspire les sonnets de son recueil Astichello, composé de 1880 à 1887 et intitulé du nom de la rivière qui longeait sa villa.