Jean Chrysostome (saint)
Docteur de l'Église grecque (Antioche v. 334 – près de Comana, Cappadoce, 407).
Sans doute élève du célèbre rhéteur Libanios (qui lui fit découvrir Platon et Démosthène) et de Diodore de Tarse (qui l'initia à l'étude de la Bible et de la théologie), il commença une vie érémitique avant de choisir le sacerdoce, devenant diacre (381), puis prêtre (386) de l'Église d'Antioche, et finalement patriarche de Constantinople par décision de l'empereur Arcadius (397). Exilé à deux reprises par l'impératrice Eudoxie, il dut à ses qualités exceptionnelles de prédicateur le surnom de Chrysostome, « Bouche d'or » : ses nombreuses homélies prouvent qu'il savait utiliser toutes les ressources de l'art oratoire ainsi que les méthodes de l'École exégétique d'Antioche pour combattre la corruption des mœurs, exalter l'ascétisme et défendre l'orthodoxie chrétienne (principales œuvres : Du sacerdoce ; Homélies sur les statues ; Sur la Genèse ; Cathéchèses baptismales ; Homélie sur le discours chrétien).
Jean d'Arras
Écrivain picard (XIVe s.).
Il est l'auteur d'un Roman de Mélusine en prose ou Histoire de Lusignan (1392-1394), composé pour le duc Jean de Berry, qui récupère, comme le fait aussi le roman contemporain – en vers – de Coudrette, les légendes concernant Mélusine, fée « maternelle et défricheuse » (J. Le Goff), fondatrice mythique de la forteresse de Lusignan en Poitou. Mais le scénario folklorique mettant en scène les amours de la fée serpente et d'un mortel, qui finira par transgresser le tabou qu'elle lui a imposé, est aussi l'occasion d'écrire le roman généalogique de la famille des Lusignan et de la doter d'ancêtres prestigieux, qui se sont largement illustrés, comme ce fut le cas pour les Lusignan « historiques », dans la croisade en Terre sainte notamment.
Jean de Garlande
Grammairien anglais de langue latine (1195 – 1272).
Il enseigna la rhétorique à Paris à partir de 1220. Bien qu'elle pose des problèmes d'authenticité, son œuvre constitue un précieux témoignage sur la culture du XIIIe siècle : regrettant le désintérêt pour les auteurs classiques, il fut apprécié pour son épopée sur les croisades (De triumphis ecclesiae), pour son Dictionarius et pour ses traités didactiques (Compendium Grammaticae), poétiques (Parisina Poetria) et moraux (Morale scolarium).
Jean de La Croix (saint)
Mystique espagnol (Fontiveros 1542 – Ubeda 1591).
Entré au Carmel en 1562, il collabora avec sainte Thérèse d'Ávila à la réforme de son ordre. Sa Montée au Carmel (1578-1583), à laquelle fait suite le traité de la Nuit obscure (commencé en 1579), montre les voies de la découverte de Dieu dans les profondeurs de l'âme et du néant. En 1584, il composa son Cantique spirituel. Son œuvre en prose consiste essentiellement en commentaires de l'œuvre poétique.
Jean de Meun (Jean Chopinel, dit)
Écrivain français (Meung-sur-Loire v. 1240 – Paris v. 1305).
Son œuvre majeure est la seconde partie du Roman de la Rose, mais il a aussi composé des traductions qui témoignent de ses compétences de clerc et de sa réflexion sur cette pratique. Sont conservés la Consolation de philosophie, de Boèce et l'Art de chevalerie, de Végèce ; la traduction des Épîtres d'Abélard et Héloïse ainsi que le Testament de Jean de Meun lui sont attribués.
Jean de Paris
Roman anonyme en prose de la fin du XVe siècle, racontant les aventures fictives d'un roi de France, rival du roi d'Angleterre auprès d'une infante de Castille et qui se fait passer pour un simple bourgeois de Paris. L'œuvre eut un certain succès au XVIe siècle, quand l'Espagne était à la mode.
Jean de Salisbury
Philosophe scolastique d'origine anglaise (Salisbury v. 1115 – Chartres 1180).
Élève d'Abélard et ami de Thomas Becket (au meurtre duquel il assista et dont il écrivit la Vie), il devint en 1176 évêque de Chartres. Auteur d'une défense de la culture classique (Metalogicon), il déplore la vie de cour et les vanités du monde dans son Polycraticus, qui étudie les rapports des pouvoirs temporel et spirituel (il subordonne le prince au prêtre) et justifie la révolte contre les tyrans.
Jean d'Ozun
Théologien et écrivain arménien († Dwin 729).
Il polémiqua contre les excès du monophysisme et contre la secte gnostique des pauliciens.
Jean Italos
Philosophe byzantin (Calabre XIe s.).
Élève et successeur de Michel Psellos dans son office de « consul » (hypatos) des philosophes, il émancipa la philosophie de la tutelle de la théologie, mais il fut condamné par l'Église (1082) pour avoir soutenu la doctrine de la métempsycose. Son interprétation des idées platoniciennes exerça une grande influence à Byzance pendant tout le XIIe s.
Jean Paul (Johann Paul Friedrich Richter, dit)
Écrivain allemand (Wunsiedel 1763 – Bayreuth 1825).
Fils de pasteur, il acquiert, en marge de ses études au lycée de Hof puis à l'université de Leipzig, une culture encyclopédique. Il se situe dans la lignée de Swift, de Sterne, de Hippel, et surtout de Rousseau dont il est proche tant par ses préoccupations autobiographiques que par un déisme sentimental adopté au sortir d'une crise grave où l'ont jeté l'expérience de la misère et la mort de proches et d'amis. Sa vie et son œuvre se placent sous le signe du dédoublement : Johann Richter, alias Jean Paul, déclare vouloir « jouir de son moi en se dédoublant », et le personnage du double réapparaît dans tous ses romans. Soumis au poids du quotidien, mais hanté par les visions de son imagination, Jean Paul oscille entre l'univers sublime de ce qu'il appelle « le roman à l'italienne » et le monde paisible de l'idylle « à la hollandaise », et cherche une troisième voie, dite « à l'allemande », où l'humour, composante spécifique de son écriture, se veut critique mais non destructeur. L'œuvre de Jean Paul, éditée une première fois en soixante volumes entre 1826 et 1838, comporte des esquisses, des nouvelles, des écrits théoriques sur la littérature et l'esthétique, des traités pédagogiques et sept grands romans relevant de deux sources d'inspiration. Parmi ces romans, les uns sont des idylles humoristiques évoquant la vie quotidienne de héros ordinaires : maître d'école, professeur de lycée, ou avocat des pauvres, comme son Siebenkäs (1796-1797, revu en 1818), personnage englué dans un univers provincial, d'où il réussit cependant à s'échapper en s'incarnant dans son double, Leibgeber, au terme d'un simulacre de mort (autre thème favori de l'auteur). Les autres sont inspirés du roman noir, alors à la mode, enrichi de digressions et de fantasmagories. Certains de ces romans, parfois inachevés, ont connu un très grand succès. Le plus caractéristique d'entre eux, Titan, paru en quatre volumes entre 1800 et 1803, montre des personnages emportés avec leurs doubles dans une intrigue pleine de rebondissements dramatiques et de mystères. Le sentimentalisme larmoyant s'y mêle au fantastique, le monde radieux de l'idéal, aux descriptions humoristiques de la réalité quotidienne. Ce roman est aussi un tableau ironique de son temps, une satire de l'univers des petites cours et de la bourgeoisie allemandes et une condamnation du « titanisme » de la jeune génération du Sturm und Drang. Malgré tout son « romantisme », ce roman d'éducation, aussi inclassable que toute l'œuvre de Jean Paul, débouche sur l'idylle et se réfère en fin de compte à l'idéal d'harmonie prôné par le classicisme de Weimar.