Altamirano (Ignacio Manuel)
Écrivain et homme politique mexicain (Tixtla 1834 – San Remo, Italie, 1893).
D'origine indienne et n'ayant appris le castillan qu'à l'âge de 14 ans, il se consacra d'abord à la politique et au journalisme et fonda El correo de México (1867), puis la revue El renacimiento (1869). Poète (Rimes, 1880), il est aussi l'auteur de trois romans dont l'intérêt est autant sociologique que littéraire : Clémence (1869), la Nativité dans les montagnes (1870), Bleu clair (1901).
Altenberg (Richard Engländer, dit Peter)
Écrivain autrichien (Vienne 1859 – id. 1919).
Auteur d'une littérature des « tout petits pas », il cherche à saisir les « états d'âme » de gens simples, en particulier des enfants, par de brèves esquisses impressionnistes. Ses textes, souvent aphoristiques et comparables à la technique photographique de l'instantané, inspirèrent à Alban Berg les Altenberg Lieder (les Choses comme je les vois, 1896 ; Ce que le jour m'apporte, 1901 ; l'Album de la petite vie, 1908). Karl Kraus lui a consacré en 1930 une anthologie, le Livre d'Altenberg.
Alterman (Nathan)
Écrivain israélien (Varsovie 1910 – Tel-Aviv 1970).
Il s'établit en Israël en 1925. Poète national et nationaliste, célèbre pour ses chroniques versifiées (la Septième Colonne, 1943) sur la vie sociale et politique, il fait de ses recueils lyriques (la Joie des pauvres, 1941 ; les Plaies d'Égypte, 1944 ; la Cité de la colombe, 1957) et de ses pièces (l'Auberge des fantômes, 1963) un instrument de compréhension du destin historique du peuple juif. Il a traduit en hébreu Racine, Molière et Shakespeare.
Altolaguirre (Manuel)
Poète espagnol (Malaga 1906 – Burgos 1959).
Traducteur de Shelley, disciple de Juan Ramón Jiménez, il est d'abord marqué par le romantisme (les Îles invitées, 1926), puis sa poésie se teinte de néogongorisme dans Exemple (1927) et Solitudes jointes (1931). Après 1939, exilé à Cuba et à Mexico, il travailla pour le cinéma. Il fut aussi imprimeur et éditeur de revues (Littoral, 1926-1929 ; Cheval vert pour la poésie, 1935-1936) et de collections de poésie.
Aluko (Timothy Mofolorunso)
Écrivain nigérian (Ilesha 1918).
Son œuvre romanesque (Un homme, une épouse, 1959 ; Un homme, une hache, 1964 ; Kinsman and Foreman, 1966 ; Monsieur le chef, monsieur le ministre, 1970 ; Erreur judiciaire, 1982) s'attache à décrire, sur le mode ironique, les conflits culturels et politiques nés du heurt entre l'Afrique et l'Occident.
Alunāns (Juris)
Écrivain letton (Jaunkalsnava 1832 – Kauļi 1864).
C'est un des pères de la poésie lettonne. Il est en effet à l'origine du premier grand recueil de poésies traduites en letton (1856) : on y trouve entre autres des poèmes d'Horace, de Goethe, de Schiller, de Pouchkine, de Lermontov, de Heine. Juris Alunāns contribua ainsi à promouvoir le letton en tant que langue littéraire et posa les bases d'une poésie nationale. Il a également élaboré et édité un ouvrage de vulgarisation scientifique en trois tomes, la Ferme, la Nature, le Monde (1859-1860). En 1862, il fonda avec Krišjānis Valdemārs et Krišjānis Barons le Journal de Saint-Pétersbourg, qui exprimait les idées du mouvement Jeune-Letton, dont il devint le rédacteur en chef.
Alvaro (Corrado)
Écrivain italien (San Luca, Reggio de Calabre, 1895 – Rome 1956).
Son roman le plus important est la fresque vériste Gens en Aspromonte (1930), où le monde archaïque calabrais est évoqué avec un lyrisme proche du fantastique.
Alver (Betti)
Poétesse et romancière estonienne (Jõgeva 1906 – Tartu 1989).
Elle débuta par des romans réalistes (l'Amante du vent, 1927 ; les Invalides, 1930) et des poèmes épiques (Histoire de la corneille blanche, 1931). Membre du groupe des « Devins », elle cultiva une poésie philosophique et romantique exaltant la liberté de l'individu et de la création (la Poussière et le feu, 1936). Sous le régime soviétique, elle se tut pendant vingt ans, se consacrant principalement à la traduction (Goethe, Pouchkine). Dans sa poésie ultérieure (Flocons de vie, 1971 ; les Coraux dans la rivière, 1986), elle élabora une mythologie personnelle et dénonça les menaces pesant sur la dignité humaine.
Amado (Jorge)
Écrivain brésilien (Ferradas, près d'Itabuna, Bahia, 1912 – Salvador, Bahia, 2001).
Écrivain engagé (Bahia de tous les saints, 1935 ; Terre violente, 1942), biographe du dirigeant communiste brésilien Carlos Prestes (le Chevalier de l'espérance, 1942), il dépeint avec humour et lyrisme la vie populaire de Bahia (Dona Flor et ses deux maris, 1966 ; la Boutique aux miracles, 1971 ; Tiéta d'Agreste, 1977). Dans Gabriela, girofle et cannelle (1958), satire située dans la région du cacao, à Bahia, une mulâtresse libre et sensuelle met à mal la moralité bourgeoise.
Amazawa Taijiro
Poète japonais (Tokyo 1936).
Spécialiste des études du Moyen Âge, en particulier des cycles du roi Arthur et du Graal, il enseigne la littérature française. En 1957, il se fit connaître par son premier recueil Au hasard du chemin, reflétant l'univers poétique de Miyazawa Kenji, dont il publia une étude très remarquée : Au-delà de Miyazawa Kenji (1968). Cofondateur de la revue Kyoku (quartier maudit), il est considéré comme l'un des poètes qui ont promu le radicalisme poétique des années 1960. De cette période, on peut citer deux recueils de poèmes : le Fleuve du matin (1961), Entre nuit et matin (1963). Dès les années 1970, il part à la recherche de la méthode des poèmes en prose, avec des « récits oniriques » : les Invisibles (1976), En enfer (1984), Nomadisme (1988).
Ambler (Eric)
Écrivain anglais (Londres 1909 – Londres 1998).
Un des maîtres du roman d'espionnage, il publie son premier livre en 1936, Frontière des ténèbres. S'éloignant du roman d'action, il pratique le suspense à rebours (le Masque de Dimitrios, 1939) ou insiste sur l'analyse psychologique (l'Héritage Schirmer, 1953 ; les Trafiquants d'armes, 1958 ; la Nuit d'Istanbul, 1962 ; N'envoyez plus de roses, 1977 ; le Brochet, 1981). Le premier volume de ses souvenirs, Mémoires inachevés, est paru en France en 1995.