Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Paparrigopoulos (Constantin)

Écrivain grec (Istanbul 1815 – Athènes 1891).

Il est le créateur de l'histoire grecque moderne avec son Histoire du peuple grec de l'Antiquité à nos jours (1860-1872), qui insiste, dans une tonalité romantique à la Michelet, sur la continuité de l'hellénisme.

Papillon (Marc de) , seigneur de Lasphrise

Poète français (près d'Amboise 1555 – id. 1599).

Il participa du côté catholique aux guerres de Religion puis, rallié à Henri IV, se retira sur ses terres. Les Premières Œuvres poétiques, publiées en 1597, contiennent l'essentiel de son œuvre. Outre les pièces amoureuses, qui allient les subtilités du pétrarquisme aux facéties obscènes, on relève des pièces satiriques, des poèmes bachiques et une tragi-comédie. Sur la fin de sa vie, Lasphrise composa un poème moral (Désaveu du fléau féminin) louant les vertus de la femme, et des vers d'inspiration religieuse (Oraison chrétienne pour dire en mourant).

Papini (Giovanni)

Écrivain italien (Florence 1881 – id. 1956).

Fondateur de nombreuses revues parmi lesquelles Leonardo, Lacerba et Rinascita, au centre de la culture futuriste, c'est dans l'autobiographie (Un homme fini, 1912 ; Récits de jeunesse, 1943) et la poésie (Jours de fête, 1918 ; Pain et vin, 1926) que sa philosophie d'autodidacte visionnaire et tourmenté s'exprime avec le plus d'originalité (le Crépuscule des philosophes, 1936).

Papouasie-Nouvelle-Guinée

Du point de vue linguistique, cette énorme île-continent (777 000 km2) offre une extraordinaire variété : plus de 700 langues appartenant à deux grandes familles linguistiques différentes (austronésienne et papoue). Peuplée à date très ancienne par des populations venues de l'Asie ou des Indes, bien avant les migrations océaniennes, la Papouasie-Nouvelle-Guinée présente une certaine unité culturelle avec le reste de l'Océanie. Coupée artificiellement en deux par une frontière, la Nouvelle-Guinée se divise en Irian Jaya à l'Ouest, province indonésienne – fort mal connue –, et en Papouasie (Papoua New Guinea), terrain de prédilection des ethnologues, à l'est. La Papoua New Guinea est un État indépendant depuis 1975 (auquel sont rattachés les archipels des Bismarck, Bougainville et Buka).

   La littérature orale, dans de nombreuses régions, y joue encore sa part essentielle de moyen de transmission de la culture, mais dans certaines zones, où la scolarisation, l'évangélisation et les contacts étrangers ont été des phénomènes importants, elle n'est déjà plus qu'un folklore. L'anglais est la langue des études secondaires et supérieures (il y a une université à Port-Moresby, la capitale), plusieurs « lingua franca » (issues de langues locales) et de pidgins nés des contacts anglais et mélanésiens et papous (l'un des plus connus est le Police Motu) ajoutent à la multiplicité des langues locales, et font que les textes de littérature orale connaissent d'innombrables variantes locales.

   Dans chaque ensemble culturel se retrouvent des cycles autour d'ancêtres, demi-dieux créateurs. Dans des affrontements terribles et par des marchés où le respect de la parole donnée et la ruse alternent, ils pacifient les forces surnaturelles ; les esprits créent les sociétés secrètes auxquelles se rattachent les activités artistiques et mettent de l'ordre dans les activités humaines. Un thème fréquent est celui des deux frères, dont l'un symbolise l'ordre et la civilisation, l'autre le désordre et la sauvagerie. C'est aux interventions du premier que l'homme doit son code social, des inventions variées et des techniques pour traiter le monde invisible et en obtenir aide ou protection ; au deuxième est généralement réservée la mort comme punition (souvent par noyade), et cette mort s'étend à l'espèce humaine (ainsi que les rites d'immersion des cadavres ou des os). Ces grands textes littéraires sont entremêlés de chants, de poèmes, de danses, de mimes où parures, masques et musique jouent un rôle important : ils s'accompagnent de dessins tout à la fois créations artistiques, symboles et résumés d'un fragment de la vie du dieu ou des animaux qui lui sont rattachés. Lors des grandes fêtes à caractère religieux, les artistes déploient en public leur talent, mais toute une partie du spectacle est réservée aux initiés et sert à intimider ou effrayer les femmes et les enfants.

   Il est intéressant de noter le nombre élevé de récits qui font état de la mise en culture ou de la découverte dans la forêt des plantes vivrières. Les botanistes pensent que c'est sur cette terre que se sont développés certains taros, des bananiers, les cannes à sucre... et contrairement à l'Océanie – où dans la littérature les plantes « arrivent » par la mer, sous des formes variées, humains, animaux se transformant en plantes nourricières –, les mythes néoguinéens racontent la façon dont ont été découvertes en forêt, par un héros (homme ou femme), rapportées au village, cuites et testées sur les chiens puis mangées, ces plantes qui sont la base de l'alimentation.

Paracelse (Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit)

Médecin et philosophe suisse d'origine souabe (Einsiedeln, près de Zurich, v. 1493 – Salzbourg 1541).

Il a laissé une œuvre abondante traitant de médecine, de philosophie, d'astronomie et d'astrologie (Astronomia magna, 1537-1538). En contact avec les milieux humanistes, il chercha à secouer le poids de la tradition. À son entrée en chaire à l'université de Bâle en 1526, il s'exprima en allemand, critiquant violemment Galien et Avicenne. Ce personnage, dont la pensée encore marquée par le Moyen Âge, mêle des éléments mystiques, magiques, alchimiques et néoplatoniciens, n'a cessé de fasciner les poètes allemands, notamment Goethe et les romantiques.

Paraguay

La littérature paraguayenne est considérablement marquée par l'histoire et la politique d'un pays où écrire a le plus souvent été considéré comme un acte subversif, et l'est encore. Après l'indépendance (1811), la République déclarée en 1813 est confisquée dès 1814 par le dictateur J. Rodríguez de Francia, qui gouvernera en censeur impitoyable jusqu'à sa mort (1840). Son nationalisme total empêche toute relation avec les littératures étrangères. Après une période de démocratisation, le Paraguay doit subir la guerre de la Triple Alliance (1865-1870), d'où il sort vaincu. La lente reconstitution nationale ne se traduit dans les lettres que par des ouvrages polémiques ; la première expression véritablement littéraire est un modernisme (A. Guanes, E. Fariña Nuñez) qui partout ailleurs a disparu. C'est contre ce courant décadent – encore illustré par M. Ortiz Guerrero (1897-1933) et le groupe rassemblé par H. Fernández autour de la revue Juventud – que s'élèveront les tenants d'une « modernité » qui prendra son essor lors de la guerre du Chaco (contre la Bolivie, 1932-1935), et dont le premier représentant est Julio Correa (1880-1953), suivi par Josefina Pla, chantre de la nouvelle poésie (le Prix des rêves, 1934). Dans les années 1940, ce courant est illustré par H. Campos Cervera, l'exemple même du poète engagé contre la dictature, tout comme la plupart de ses confrères en littérature (A. Roa Bastos, Elvio Romero). En 1953, R. Bareiro Saguier fonde la revue Alcor, qui réunit des poètes que la dictature oblige à avoir recours aux métaphores et aux symboles (Carlos Villagra Marsal, J. M. Gómez Sanjurjo, María Luisa Artecona). Une nouvelle revue, Diálogo, est fondée en 1961 par M. A. Fernández, autour de laquelle se regroupent des poètes caractérisés par le pessimisme de leur ton, qui privilégient la dimension métaphysique, religieuse et philosophique, ainsi qu'un engagement total dans la réalité politique et sociale (Esteban Cabañas, Oswaldo González Real, Roque Vallejos).

   Avec le courant nationaliste illustré par Juan O'Leary, le roman ne s'écarte guère du tableau de mœurs traditionnel, lénifiant et sans véritable lien avec la réalité du pays. En 1952, il s'ouvre pourtant à la modernité revendiquée bien plus tôt par les poètes. C'est l'année de parution de la Limace, de G. Casaccia, qui crève la baudruche d'une prétendue paix sociale au Paraguay ; il est suivi dans cette voie par A. Roa Bastos, qui, avec Moi le Suprême (1974), s'installe au premier rang de la littérature latino-américaine. Cette lucidité caractérise aussi d'autres écrivains, dont certains n'ont pas quitté leur pays : Reinaldo Martínez (Juan Bareiro, 1957) ou J. Ruiz Nestosa (les Musaraignes, 1973). Les autres, comme C. Garcete (le Fleuve de l'Est, 1971), Juan B. Rivarola Matto (Général général, 1973), vivent et publient à l'étranger.

   Le théâtre s'exprime non seulement en espagnol, mais aussi en guarani, l'autre langue officielle du pays. Le grand dramaturge de notre époque est le poète J. Correa ; mais il existe plusieurs groupes qui maintiennent vivant, mais de façon confidentielle, le courant du théâtre de protestation (González Davalle). Les ethnologues, comme León Cadogan (1889-1973), tentent de sauver de l'oubli les poèmes d'expression guarani (Ayvu rapytá), langue à laquelle la plupart des écrivains, à l'image de Roa Bastos, font de larges emprunts dans leurs œuvres.