Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Ayukawa Nobuo

Poète japonais (Tokyo 1920 – id. 1986).

Il partit à la guerre, en 1942, laissant comme testament son long poème «  l'homme sur le pont  ». Renvoyé blessé en 1944, il écrira désormais en partant de cette expérience décisive, au nom de ses camarades morts à la guerre, s'interrogeant sur le sens de la vie et de la mort (l'Homme mort, Chant du matin dans un hôtel à l'ancre, Chant d'un soldat). Fondateur, avec Tamura Ryuichi, de la revue Arechi (Terre vaine), il continua à diriger le monde de la poésie japonaise d'après-guerre, de son Qu'est-ce que la poésie contemporaine ?, jusqu'à sa Manière de voir la poésie (1966).

Ayyub (Dhu al-Nun)

Écrivain iraqien (Mossoul 1908 – 1996).

On lui doit des romans sociaux (Docteur Ibrahim, 1940 ; la Main, la Terre et l'Eau, 1948) et de nombreux recueils de nouvelles réalistes (les Victimes, 1937 ; la Tour de Babel, 1939).

Azad (Abu al-Kalam)

Homme politique indien et écrivain de langue urdu (La Mecque 1888 – Delhi 1958).

Il fonda deux journaux, al-Hilal (1912-1914) et al-Balagh (1915-1916). Auteur de récits autobiographiques (Tadhkira, 1920) et d'une correspondance (Ghubar-i Khatir) considérée comme un modèle de langue urdu, il entreprit également dans Tardjuman al-ku'ran (1931) de dépouiller le Coran des interprétations liées à la philosophie grecque.

Azad (Muhammad Husayn)

Écrivain indien d'expression urdu (Delhi 1830 – Lahore 1910).

Il est reconnu comme le maître de la prose urdu par ses essais critiques (Nayrang-i khayal, 1880 ; Ab-i hayat, 1881) et comme l'initiateur des concours mensuels de poésie (mucha'ara).

Azaña (Manuel)

Écrivain et homme politique espagnol (Alcalá de Henares 1880 – Montauban 1940).

Président de la République espagnole (1936-1939), il mourut en exil en France. Certains de ses essais littéraires sont réunis dans Plumes et palabres (1930) et l'Invention du « Quichotte » et autres essais (1934). Auteur d'un roman autobiographique (le Jardin des moines, 1927), d'un drame (la Couronne, 1930) et d'essais politiques (la Veillée à Benicarló, 1937), il fonda La Pluma, revue littéraire (1920-1923), puis dirigea (1923-1924) l'hebdomadaire España.

Azema (Pierre)

Écrivain français d'expression occitane (Montpellier 1891 – id 1967).

Gravement blessé durant la Première Guerre mondiale, trépané, il reviendra dans sa ville natale où il occupera de nombreuses fonctions, notamment à la préfecture de l'Hérault et comme adjoint au maire de Montpellier. Marqué par l'expérience du front, il créera le journal Lou Gal (1915-1921) puis la revue Calendau (1933-1944). Fondateur puis directeur de la troupe de théâtre de la Lauzeta, majoral du félibrige, il devient président de l'Escola dau Parage (1935-1939) puis de l'Institut d'études occitanes (1957-1959). On lui doit les pièces Jout un balcoun (Sous un balcon, 1911), Lou Ciclopa (le Cyclope, 1926), le recueil d'articles À boulet rouge (1930) et de nombreuses études littéraires qui ont fait de lui un fin connaisseur de l'œuvre mistralienne et de la littérature d'oc. La fermeté de ses convictions et le feu de sa parole en ont fait une des figures de proue du mouvement occitan de son temps. Ses causeries occitanes à Radio Montpellier ont été réunies et publiées en 1998.

Azerbaïdjan

La province a connu très tôt une tradition orale originale, mais les invasions arabe (VIIe s.) et perse (XIe s.) favorisent une littérature de cour arabo-persane (poésie de Hagani et de Nizami) d'inspiration féodale et religieuse, tandis que l'azéri se cantonne dans le folklore (épopée de Kitabi Dede-Korkut, XVe s.) jusqu'à ce que le déclin perse autorise son emploi littéraire (poésie de Nesimî et de Fuzuli). À partir du XVIe s., l'élan de la création populaire (destan épiques) diffusée par les achoug (bardes itinérants) stimule dans la littérature écrite le goût du réalisme et, au XVIIIe, des thèmes sociaux apparaissent chez les poètes Vidadî et Vâkif. L'union à la Russie (XIXe s.) concourt à un éveil national et social qui s'exprime dans la poésie de Mirza Sçefi Vazeh, le théâtre de Vezirov et d'Akhoundov, et la naissance de cercles et de revues progressistes, tel le Molla Nasreddin (1906-1931) de Mamedkoulizadé. L'ère soviétique voit fleurir une littérature d'édification socialiste, au théâtre (D. Djabarly, M. Ibraguimov), en poésie sous l'influence de Maïakovski (S. Vourgoun, S. Roustam, R. Rza) et dans le roman (Ordoubady, M. Goussein, S. Raguimov). Depuis 1960, une jeune génération de poètes (Nabi Khazri) et de prosateurs pose avec audace les problèmes économiques et moraux les plus aigus du monde rural (Aïlisli, I. Effendiev) ou citadin (Abbaszadé, Anar, Baïramov, R. Ibraguimbekov).

Azevedo (Aluísio Tancredo Gonçalves de)

Écrivain brésilien (São Luís, Maranhão, 1857 – Buenos Aires 1913).

Il fut l'initiateur du naturalisme dans son pays (le Mulâtre, 1881). Son roman la Ruche (1890) se distingue par ses personnages collectifs.

Aziz (Désirée)

Romancière libanaise (1958).

Fondatrice du Comité international de sauvegarde du cèdre du Liban, elle a publié un ouvrage consacré précisément à cet arbre emblématique de son pays d'origine, le Cèdre du Liban (1991), qui lui a valu le prix de l'Académie des sciences morales et politiques. À côté de son activité journalistique (elle est rédactrice en chef du mensuel Santé Magazine), Désirée Aziz a écrit deux romans : le Parfum du bonheur (1994) et le Silence des cèdres (1995) ; un conte pour enfants : l'Enfant du cèdre (1995), ainsi qu'un panorama historique et touristique du Liban, intitulé : Liban, terre éternelle (1995).

Aziza (Mohammed, dit Chems Nadir)

Écrivain tunisien (Tunis 1940).

Auteur d'essais et directeur de travaux collectifs sur l'identité culturelle et les problèmes intellectuels arabes contemporains (le Théâtre et l'Islam, 1970 ; Patrimoine culturel et création contemporaine en Afrique et dans le monde arabe, 1978), fonctionnaire international à l'Unesco et recteur-chancelier de l'Université euro-arabe itinérante, il a publié, sous le pseudonyme de Chams (ou Chems) Nadir, des contes et de la poésie (l'Astrolabe de la mer, 1980 ; le Livre des célébrations, 1983) jouant souvent sur une certaine érudition.