Kebo (Ozren)
Écrivain bosniaque (Mostar 1959).
Journaliste, il a tenu durant la guerre une chronique de Sarajevo assiégée. L'ensemble de ces textes a été traduit en France sous le titre Bienvenue en enfer : Sarajevo mode d'emploi.
Keene (Gunnard Hjerstedt, dit Day)
Écrivain américain (Chicago 1904 – North Hollywood 1969).
De père suédois et de mère irlandaise, il débute comme acteur, puis comme auteur, au théâtre et à la radio. En 1941, il se tourne vers la littérature policière. Ses romans, souvent manichéistes et misogynes, seront appréciés en France où certains seront publiés avant de l'être en Amérique (Vive le marié !, 1955 ; la Bête à l'affût, 1956 ; les Houris de Miami, 1966).
Keller (Gottfried)
Écrivain suisse-allemand (Zurich 1819 – id. 1890).
Fils d'artisan et orphelin de père, il étudie d'abord la peinture à Munich (1840-1843). De retour à Zurich, il écrit des poèmes politiques (Gedichte, 1846 et 1851) influencés par l'athéisme de Feuerbach. De 1850 à 1855, Keller séjourne à Berlin, fréquente Fontane et Heyse et se tourne définitivement vers la littérature. Le succès de son roman autobiographique, Henri le Vert (1854), lui vaut d'être élu chancelier de Zurich (1861-1876). Ce chef-d'œuvre du réalisme allemand s'inscrit dans la double tradition du Bildungsroman et du « roman d'artiste ». Orphelin de père comme l'auteur, le jeune Henri est attiré à la fois par une jeune fille idéale, Anna, et par une veuve pleine de sensualité, Judith. Se croyant une vocation de peintre, il se rend à Munich, mais tombe dans la misère et doit regagner la Suisse. En chemin, il est recueilli par un amateur éclairé qui le révèle à lui-même, mais, quand il parvient dans sa ville natale, sa mère est à l'agonie. Dans la première version (1854-1855), Henri succombe au remords ; dans la deuxième (1879-1880), renonçant définitivement à l'art, il se voue à l'administration d'une petite bourgade, trouvant enfin sa place dans la communauté. Dans les Gens de Seldwyla (1856), il éclaire, avec une ironie bienveillante, la vie d'un village suisse ; dans Sept Légendes (1872), il confronte une morale équilibrée à l'ascétisme chrétien. Les Züricher Novellen (1878) parcourent le passé de Zurich, à la recherche des figures exemplaires qui font défaut au présent. Les nouvelles de l'Épigramme (1882) traitent de l'amour, de l'égalité des sexes, des rapports entre morale et sensualité. En 1886, Keller reviendra au roman avec Martin Salander, l'histoire d'un homme trop confiant berné par des ambitieux sans envergure, où perce l'inquiétude de l'auteur face aux temps modernes.
Kelly (Robert)
Poète américain (Brooklyn, New York 1935).
Tenant d'un surréalisme subjectif, il donne des pièces lyriques, où il s'attache à reconstituer le contexte de l'inspiration créatrice (Descente armée, 1961 ; Corps de femme contre le temps, 1963) qui lie indissolublement une énergie personnelle à l'exploration formelle (Lunes, 1965 ; Trouver la mesure, 1968 ; Rivage commun, 1969 ; les Pastorales, 1972 ; le Métier à tisser, 1975 ; Sous les mots, 1983).
Kelman (James)
Écrivain écossais (Glasgow 1946).
Publié en 1984, le Contrôleur de bus Hines est son premier roman. À son inventivité stylistique, son goût de l'expérience formelle, se joint un solide attachement à sa région natale. Négligeant les conventions de la fiction traditionnelle, Kelman préfère mêler rêve et réalité. Il était tard, si tard (Booker Prize 1994) suscite la controverse par la brutalité de son langage, où l'humour noir se mêle à l'horreur de la vie quotidienne. Kelman écrit également des nouvelles (Du lévrier au petit déjeuner, 1987), des pièces de théâtre (Hardie et Baird, 1990) et des textes politiques.
Kemény (Zsigmond, baron)
Romancier hongrois (Alvinc 1814 – Pusztakamarás 1875).
Considéré comme le maître du roman historique, il choisit de préférence ses sujets aux XVIe et XVIIe s. (les Fanatiques, 1859) : sa prédilection pour les catastrophes morales et les situations tragiques préfigure sa propre folie.
Kenan (Amos)
Écrivain israélien (Tel-Aviv 1917).
Il ne cesse de militer pour l'entente entre Juifs et Arabes (il participa, entre autres, à la création du Conseil pour la paix israélo-palestinienne et fut, en 1970-1971, emprisonné pour diffamation envers l'armée). Exilé à Paris de 1955 à 1962, il y publie une série de courts textes illustrés par le peintre Alechinsky (les Tireurs de langue) et fait jouer des pièces interdites en Israël (Les amis racontent Jésus). Ses romans dépassent le drame de son pays pour tenter de définir une impossible et nécessaire fraternité humaine (le Cheval fini, 1966 ; Holocauste II, 1976 ; la Route d'Ein Harod, 1984 ; Tulipes, nos frères, 1989).
Kenny (Paul)
Pseudonyme de Gaston Van den Panhuyse (Bruxelles 1913 – 1981) et Jean Libert (Bruxelles 1913 – 1995), écrivains belges.
Pères de Coplan, alias FX 18, espion français, séducteur implacable mais intelligent, présent sur tous les champs de conflit du monde (Sans issue, 1953), qui connut sept visages à l'écran (Action immédiate, 1957 ; Coplan sauve sa peau, 1968). Ils utilisèrent d'autres pseudonymes, dont Graham Livandert et Jack Murray (espionnage) et Jean-Gaston Vandel (science-fiction). En 1987, Serge Jacquemard continua les aventures de Coplan.
Kenya
La forme la plus ancienne de la littérature swahili est la poésie de la région côtière du Kenya et de la Tanzanie, connue sous le nom de tendi (ou ses variantes utendi, tenzi, utenzi). Ce sont des quatrains réguliers dont les trois premiers vers riment ensemble et le quatrième maintient une rime constante à travers tout le poème, quel qu'en soit le genre, homélies religieuses, poèmes didactiques, éloges héroïques. Cependant, on les identifie d'abord aux amples épopées du même nom qui retracent l'histoire des Swahilis ou la geste du Prophète, et qui se sont conservées, depuis des temps anciens, grâce à des manuscrits où le swahili (langue bantoue) est transcrit en alphabet arabe. La figure la plus populaire des lettres kényanes à l'époque moderne est certainement Ngugi Wa Thiong'o, romancier (Et le blé jaillira, 1967 ; Pétales de sang, 1977) et dramaturge militant en faveur d'une littérature populaire, qui fut emprisonné pendant près d'une année par les autorités de son pays pour avoir présenté à un public paysan, et dans sa langue, le kikuyu, une satire sociale sur la condition de la femme (Ngaahika Ndenda, 1977). En dehors de Jomo Kenyatta (vers 1893-1978), président du pays de 1964 à sa mort, et auteur du célèbre Au pied du mont Kenya (1938), les lettres kényanes sont surtout représentées par des ouvrages à caractère ethnographique et folklorique (Akamba Stories, 1966, de John Mbiti ; Land without Thunder, 1968, de Grace Ogot), des récits évoquant la lutte des Mau-Mau contre la colonisation britannique (Ordeal in the Forest, 1967, de Godwin Wachira ; Daughter of Mumbi, 1969, de Charity Waciuma). La ville de Nairobi a produit sa propre littérature en particulier dans l'œuvre de Meja Mwangi (Going down River Road, 1976) de David Maillu (After Four thirty, 1974). Le théâtre de Francis Imbuga est une chronique de la création d'une classe moyenne au Kenya (Burning Rags, 1973). Enfin, des auteurs populaires comme Marjorie Macgoye, Yusuf Dawood ou Ole Kulet témoignent de la place de l'anglais au Kenya et de l'existence d'un public lettré. Dans les dernières décennies, l'enseignement du kiswahili a suscité un regain d'intérêt pour la production kényane avec des romanciers comme Mohammed Said Mohammed et des poètes comme Ahmed Sheikh Nakhbany ou Abdelatif Abdalala (Sauti ya dhiki, 1980).