Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Grimm (Frédéric Melchior, baron de)

Écrivain allemand de langue française (Ratisbonne 1723 – Gotha 1807).

Précepteur, il vint à Paris, devint l'ami de Rousseau et se fit connaître par un pamphlet sur une querelle musicale (le Petit Prophète de Boemischbroda, 1753). Il se brouilla cependant avec Rousseau (1757) et fréquenta Mme d'Épinay, Diderot et les encyclopédistes, avant de devenir rédacteur de la Correspondance littéraire, journal manuscrit rendant compte de l'actualité intellectuelle de Paris aux abonnés princiers étrangers. Compromis par son amitié avec Catherine II, il quitta Paris au début de la Révolution et erra à travers l'Europe.

Grimm (les frères)

Écrivains et philologues allemands : Jakob (Hanau 1785 – Berlin 1863) et son frère Wilhelm (Hanau 1786 – Berlin 1859).

Ils se consacrèrent, après des études de droit, à des recherches sur les langues et les littératures germaniques. Bibliothécaires à Cassel, puis professeurs à l'université de Göttingen (Jakob en 1829, Wilhelm en 1831), les deux frères sont révoqués en 1837 pour avoir protesté contre l'abrogation de la Constitution du royaume de Hanovre. En 1841, ils sont nommés à l'Académie, puis à l'Université de Berlin. Jakob sera élu député au Parlement de Francfort en 1848. Jakob et Wilhelm Grimm se sont employés, comme leurs amis Arnim et Brentano, à collecter et à ressusciter les créations poétiques de la culture populaire allemande. Dès 1806, ils entreprennent de fixer le texte des contes traditionnellement racontés aux enfants dans les couches populaires, un trésor de « poésie naturelle » (Naturpoesie) menacé selon eux de disparition. Ils les collectent d'abord dans leur entourage immédiat, dans les environs de Hanau, puis, en collaboration avec des correspondants, en Hesse, en Basse-Saxe, en Westphalie (avec l'aide des sœurs Droste-Hülshoff), en Autriche et dans les Sudètes. Fruit de leur travail, les Contes d'enfants et du foyer, publiés en 1812 et 1815 en deux parties (complétées en 1822 par un volume de notes et de variantes), ont aussitôt établi la célébrité des deux chercheurs et se sont intégrés dès leur parution à la culture nationale du peuple allemand. Issus de la tradition populaire et notés avec un parti pris d'exactitude scientifique, ces contes sont aussi l'œuvre des frères Grimm, qui les ont le plus souvent transcrits en haut allemand, synthétisant plusieurs versions et châtiant ce qui leur paraissait trop cru. Quelques-uns de ces deux cents contes ressemblent à ceux de Charles Perrault (Églantine : la Belle au bois dormant ; Cendrillon : Cendrillon ; Hänsel und Gretel : le Petit Poucet), mais ils s'en distinguent par leur étrange poésie, mélange de réalisme et de fantastique, d'humour et de cruauté. Leurs Légendes allemandes (1816) fixent une partie de la tradition orale d'essence germanique et païenne, enrichie des apports de la tradition chrétienne et médiévale. Remontant toujours plus haut vers les sources de la culture nationale, les frères Grimm éditent des œuvres médiévales et reconstituent la mythologie des peuples germaniques. Jakob entreprend aussi de retracer l'histoire de leurs langues et de retrouver leur racine unique. Sa Grammaire (1819-1837) et son Histoire de la langue allemande (1848) sont considérées comme les fondements de la philologie germanique. De 1838 à leur mort, les frères Grimm travaillent à un dictionnaire de la langue allemande qui ne sera achevé qu'en 1961. Leur œuvre scientifique, qui préfigure les orientations modernes de la philologie, est sous-tendue par les aspirations nationalistes du XIXe s. et par la foi romantique dans la pureté des origines.

Grimmelshausen (Hans Jakob Christoffel von)

Écrivain allemand (Gelnhausen, Hesse, 1622 – Renchen, Bade, 1676).

Né pendant la guerre de Trente Ans, il assista au sac de sa ville natale. Orphelin, il mènera une vie instable. Soldat depuis 1639, il devint ensuite aubergiste, puis maire à Renchen. Dans son œuvre Simplicius Simplicissimus (1669), ayant pour cadre la guerre de Trente Ans, un jeune homme se trouve arraché aux siens. Élevé par un ermite, il devient soldat tantôt dans les rangs des Impériaux, tantôt dans ceux des Suédois. Victime de toutes les duperies, il apprend à se défendre sans perdre la pureté de son cœur ; il finira par se faire ermite à son tour. Mêlant données autobiographiques, lectures et farce, Grimmelshausen renouvelle le genre du roman picaresque par la densité de son personnage et la vérité du tableau qu'il fait de son époque. Il est aussi l'auteur de la Vagabonde Courage (1669), dont l'héroïne inspirera Brecht.

Grimod de La Reynière (Alexandre Balthazar Laurent)

Gastronome et écrivain français (Paris 1758 – Villiers-sur-Orge 1838).

Il mena une vie luxueuse et excentrique et publia plusieurs brochures. Il fonda, avant Brillat-Savarin, la littérature gastronomique dans l'Almanach des gourmands (1803-1812) – qui juxtapose un Calendrier nutritif, présentant l'alimentation de chaque mois, et un Itinéraire nutritif, qui promène son lecteur à travers les quartiers de Paris – et le Manuel des amphitryons (1808).

Grinberg (Uri Zvi)

Poète israélien (Bialykamien, Galicie orientale, 1894 – Tel-Aviv 1981).

Il publia ses premiers poèmes en hébreu et en yiddish dès 1912. En 1924, il s'établit en Palestine. Collaborateur régulier du quotidien Davar, il déploya, en outre, une activité politique intense (successivement membre du parti travailliste, puis du parti révisionniste, il fut élu au Parlement, après la création de l'État d'Israël). Le sionisme revêt à ses yeux un caractère mystique et le Juif est élu par Dieu comme instrument sacré de sa volonté. Le thème de l'holocauste apparaît dans Au royaume de la croix (1922), la Tour des cadavres et le Livre de l'accusation et de la foi (1936). Dans les Rues du fleuve (1951), le poète s'interroge sur la responsabilité de Dieu, se révolte, mais finit par se ranger du côté de la foi et de l'espérance (Chien domestique, 1929 ; Du rouge et du bleu, 1949 ; Au creux du rocher d'Etam, 1964-1968).