Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Cottin (Sophie)

Femme de lettres française (Paris 1770 – Champlan, Seine-et-Oise, 1807).

Contrainte, après la mort de son mari d'assurer ses propres revenus, elle choisit le roman sentimental et connut un succès européen (Claire d'Albe, 1799 ; Malvina, 1801 ; Amélie Mansfield, 1803 ; Mathilde, 1805 ; Élisabeth ou les Exilés de Sibérie, 1806). Mélancolie et clairs-obscurs, pathétique et fatalité des passions, religiosité vague s'unissent dans une tonalité préromantique. La mode des poèmes bibliques lui inspira aussi la Prise de Jéricho.

Couchoro (Félix)

Journaliste et écrivain togolais, d'origine béninoise (Ouidah 1900 – Lomé 1968).

Successivement moniteur de l'enseignement primaire, écrivain public, fonctionnaire des services de l'information du Togo au lendemain de l'indépendance, c'est l'un des pionniers de la littérature africaine et l'un des auteurs les plus prolifiques de l'Afrique de l'Ouest. À l'exception de l'Esclavage, édité à Paris en 1929, la plupart de ses romans ont paru en feuilletons dans le quotidien Togo-Presse avant d'être publiés en volume (Amour de féticheuse, 1940 ; Drame d'amour à Anecho, 1950 ; l'Héritage, cette peste, 1963).

Couperus (Louis)

Écrivain hollandais (La Haye 1863 – De Steeg 1923).

Comparé à D'Annunzio par Wyzewa, ce dandy rédacteur à Groot Nederland fut l'unique représentant du symbolisme décadent aux Pays-Bas. Se détournant du psychologisme naturaliste de ses débuts et de la peinture « fin de siècle » de la vie de La Haye (Eline Vers, 1889 ; Fatalité, 1892 ; Métamorphose, 1897), il chercha à pénétrer, en un style artiste, l'âme des êtres et des choses (les Livres des petites âmes, 1901-1903 ; Vieilles Gens, 1906), et tout particulièrement de l'esprit latin qu'il explora dans ses récits historiques (la Montagne de lumière, 1906 ; Xerxès ou l'Orgueil, 1919 ; Iskander, 1920) et mythologiques (Dionysos, 1904 ; Héraclès, 1913).

Courier (Paul-Louis)

Écrivain français (Paris 1772 – Véretz, Indre-et-Loire, 1825).

Brillant helléniste, il ne trouve dans la carrière militaire que déception et aigreur et commence des traductions d'auteurs grecs dont la publication va ponctuer sa vie, notamment le Daphnis et Chloé de Longus (1810). Mais c'est surtout par ses talents de pamphlétaire qu'il va devenir célèbre. Il fait en effet de son domaine tourangeau de la Chavonnière une place forte d'où il n'aura de cesse d'harceler tout pouvoir établi : Pétition aux deux Chambres (1816), Lettre aux Messieurs de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1819), Lettres au rédacteur du « Censeur » (1820), Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz (1821), Simple Discours (1821), qui le mène en prison, le Pamphlet des pamphlets (1824), apologie du genre. Noblesse, clergé, administration, armée, nul n'échappe à son ironie mordante. Quant à son humour, il prend toute son ampleur dans ses Lettres écrites de France et d'Italie (1828). Opposant par principe, celui qui signe « Paul-Louis, vigneron » incarne avec Béranger l'esprit frondeur de la bourgeoisie libérale. Sensible à la précision de sa langue, à la finesse de ses allusions, à son sens exceptionnel du rythme, Stendhal sera un des premiers à pointer pourtant ce qui va progressivement le condamner à l'oubli, la dépendance extrême de ses écrits à un contexte historique et politique dont les ressorts échappent presque entièrement au lecteur moderne.

Couronnement de Renart (le)

Conte satirique composé par un Flamand après 1251.

Déguisé en frère mendiant, Renart figure l'hypocrisie des ordres religieux venus d'Italie : satire parallèle à celle de Rutebeuf dans Renart le Bestourné, bientôt reprise par Jean de Meung, dans son Roman de la Rose.

Court de Gebelin (Antoine)

Écrivain français (Nîmes 1725 – Paris 1784).

Calviniste, il défendit ses coreligionnaires dans les Toulousaines (1763). Son grand ouvrage, le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne (1773-1784), contient une théorie de l'allégorie, une histoire du calendrier, ainsi qu'une « grammaire générale et comparée ».

Courteline (Georges Moinaux, dit Georges)

Auteur dramatique et romancier français (Tours 1858 – Paris 1929).

Après des études sans éclat et l'ennui du service militaire, Courteline voit très tôt ruinées, en même temps que sa revue Paris-Moderne (1881), ses ambitions poétiques. Il s'engage alors dans la double carrière – inaugurée par son père, l'humoriste Jules Moinaux – de « rond-de-cuir » (1880-1894) et, jusqu'en 1896, de chroniqueur satirique dans la presse (l'Écho de Paris notamment). Doté d'un talent d'observation remarquable, il sait croquer ses contemporains avec humour et vivacité dans des dialogues, des récits, de courtes saynètes irrésistibles de drôlerie, s'en prenant de manière privilégiée aux absurdités de la vie de caserne (les Gaietés de l'escadron, 1886 ; le Train de 8 h 47, 1888 ; Lidoire, 1891), et à la paresse et aux rigidités de ses collègues du ministère des Cultes (Messieurs les ronds-de-cuir, 1893). La théâtralité de ses chroniques et de ses récits, la place essentielle qu'il fait au dialogue, le portent insensiblement vers le théâtre au gré de commandes diverses. En 1891 et en 1893, il adapte pour le Théâtre-Libre d'Antoine deux récits, Lidoire et Boubouroche, ses premiers succès à la scène, modèles de comédies « gaies », mais aussi comédies réalistes, comédies « rosses », où se trouvent brocardées la bêtise comme la méchanceté du petit-bourgeois. Il va ainsi exceller dans la satire théâtrale, principalement avec des pièces en un acte (« un acte, un seul acte, voilà ma mesure au théâtre », disait-il), où il s'en prend à l'humanité médiocre des fonctionnaires (Monsieur Badin, 1897), des employés, des petits rentiers, et à l'absurdité des persécutions quotidiennes, conjugales (la Paix chez soi, 1903 ; la Peur des coups, 1903), administratives et judiciaires (Le gendarme est sans pitié, 1899 ; Le commissaire est bon enfant, 1899 ; l'Article 330, 1900).

   Héritier dans une certaine mesure du réalisme et du comique de caractère de Molière, il revendique plus ouvertement une telle filiation en composant en 1905 un pastiche en vers, intitulé la Conversion d'Alceste, où le malheureux misanthrope, supposé avoir renoncé à sa retraite, se trouve pris dans le cauchemar du monde de Philinte et de Célimène ; ce divertissement, inscrit à la Comédie-Française en 1905, témoigne de la reconnaissance accordée par l'institution à Courteline, qui abandonne pourtant la création littéraire après avoir publié un roman de mœurs (les Linottes 1912) et un ouvrage de réflexion (Philosophie de Georges Courteline, 1917). Il travaillera ensuite, loin des scènes de théâtre, à l'établissement et à la correction de ses œuvres complètes.