Davydov (Denis Vassilievitch)
Poète russe (Moscou 1784 – gouvern. de Simbirsk 1839).
Militaire de carrière, il participe à la guerre contre Napoléon en organisant la guérilla cosaque et est à l'origine du style « hussard » en poésie, qui influença Pouchkine à ses débuts. Ses vers prennent pour héros des guerriers, dont il chante l'audace, le goût de la vie mais aussi un sens de la liberté qui leur fait mépriser les conventions mondaines. Tolstoï s'est inspiré de lui pour le personnage de Vaska Denissov dans Guerre et Paix.
Day Lewis (Cecil)
Poète anglais (Ballintogher, Irlande, 1904 – Hadley Wood, Hertfordshire, 1972).
Communiste militant (1934) avec ses amis W. Auden et S. Spender, puis démissionnaire (1938), professeur de poésie à Oxford (1951-1955) et à Harvard (1964-1965), il évoluera des réquisitoires engagés (Ouvertures à la mort, 1937) à un lyrisme tout intérieur (le Portail, 1962 ; la Chambre, 1965 ; Les racines murmurent, 1970). Auteur d'essais critiques (Un espoir pour la poésie, 1943 ; l'Image poétique, 1947 ; l'Impulsion lyrique, 1965) et d'une autobiographie (le Jour enterré, 1960), traducteur de Virgile et de Valéry, il a publié des romans policiers à succès sous le pseudonyme de Nicholas Blake (Une minute pour un meurtre, 1948). Succédant à John Masefield, il fut poète lauréat (1968).
Dazai Osamu (Tsushima Shuji, dit)
Écrivain japonais (Kanagi, département d'Aomori, 1909 – Tokyo 1948).
Né dans une grande famille de propriétaires terriens à l'extrême nord de l'île principale, il s'orienta vers la littérature dès le lycée. Révolté contre son milieu familial, et profondément marqué par le suicide de l'écrivain Akutagawa Ryunosuke qu'il vénérait particulièrement, il commença tôt à manifester une tendance à l'autodestruction. Il collabora momentanément aux activités d'une organisation communiste clandestine. Après son entrée à l'Université de Tokyo en 1930, il fut disciple de l'écrivain Ibuse Masuji. Il se fait connaître, en 1933, par ses premières nouvelles : Chronique d'une métamorphose et Souvenirs, intégrées plus tard dans le recueil des Dernières Années (1936). Sa vie fut marquée par de nombreux événements douloureux qui lui donnèrent des sentiments d'échec et de culpabilité : l'exclusion de sa famille, quatre tentatives de suicide (en 1929, 1930, 1935, 1937, la deuxième fut marquée par la mort de sa compagne), sa rupture d'avec le marxisme (1932), les échecs successifs en 1935 au prix Akutagawa et au concours d'admission dans un journal, des maladies. Il devra subir plusieurs cures de désintoxication avant de trouver un relatif équilibre dans le mariage (1939) où germe le désir de vivre. Commencera alors une période d'intense productivité littéraire : Cent Vues du mont Fuji (1939), Étudiante (1939), Plainte de Judas (1940), et Melos, Cours ! (1940) qui chante l'amitié. Il évoque le retour à son pays natal dans Pays natal (1944), et redécouvre les traditions populaires dans Histoires du temps jadis (1945). Ses œuvres d'après la guerre, de nouveau teintées d'un profond désespoir, d'une révolte contre l'ordre établi et dénonçant l'hypocrisie humaine, le font classer, avec Sakaguchi Ango, parmi les écrivains « sans foi ni loi » (Burai-ha) : la Boîte de Pandore (1946), Feu d'artifice d'Hiver, pièce de théâtre (1946), la Femme de Villon (1947), les Cerises (1947), et enfin le Soleil couchant (1947), qui peint le déclin d'une maison noble dans le Japon de l'immédiat après-guerre. Incarnation de la génération de la défaite, ce best-seller connut un très grand retentissement chez les jeunes. Son dernier roman autobiographique la Déchéance d'un homme (1948), paru peu de temps avant son suicide, et suivi de Good-by, témoigne de son itinéraire chaotique jusqu'à la mort.
De Amicis (Edmondo)
Écrivain italien (Oneglia 1846 – Bordighera 1908).
Journaliste, essayiste, romancier d'un sentimentalisme didactique (la Vie militaire, 1868), il est surtout l'auteur d'un récit pour la jeunesse Grands Cœurs (1886). Sous forme d'un journal d'écolier, entrecoupé de lettres reçues de sa famille et de récits relatant les événements contemporains, il brosse une peinture très moraliste de la vie scolaire et sociale de l'Italie de la fin du XIXe s. en se fondant sur des valeurs traditionnelles.
De Carlo (Andrea)
Écrivain italien (Milan 1952).
Ses romans sont marqués par une écriture « hyperréaliste », selon l'expression de Calvino, à savoir par une réelle objectivité photographique (Chantilly express, 1981 ; Oiseaux de cage et de volière, 1982 ; Macno, 1984 ; Yucatan, 1986 ; l'Apprenti séducteur, 1991 ; Uto, 1995 ; Pure Vie, 2001).
De Castelein (Matthijs)
Poète belge d'expression néerlandaise (Oudenaarde 1485 – id. 1550).
Animateur de chambres de rhétorique (le Saint-Esprit), auteur de vers d'amour et de chansons bachiques, il s'inspira de Jean Molinet pour publier le premier traité de versification néerlandais (l'Art de la rhétorique, 1555).
De Céspedes (Alba)
Romancière italienne (Rome 1911 – Paris 1997).
Ses récits analysent les conflits entre morale individuelle et conformisme, et en particulier le comportement psychologique et social de la femme (Nul ne revient sur ses pas, 1938 ; Elles, 1949 ; le Cahier interdit, 1952 ; Avant et après, 1956 ; la Pépée, 1967 ; le Remords, 1963 ; Sans autre lieu que la nuit, 1973). On lui doit aussi des recueils de poèmes (Prisons, 1936 ; Chanson des filles de mai, 1970).
De Clercq (René)
Écrivain belge d'expression néerlandaise (Deerlijk 1877 – Maartensdijk 1932).
Son art populaire, imprégné de références bibliques (Tamar, 1917 ; Marie-Madeleine, 1949), témoigne de son combat contre l'injustice sociale (Flambeaux, 1909) et pour la renaissance de la culture flamande (Harmen Riels, 1913 ; la Corne de détresse, 1916).
De Coster (Charles)
Écrivain belge de langue française (Munich 1827 – Ixelles 1879).
Il fit des études de lettres et de philosophie à l'Université libre de Bruxelles, et fonda, dès 1847, le périodique illustré Uylenspiegel, qui devint vers 1860 l'organe du jeune libéralisme et où il publia des récits inspirés du folklore de son pays. Ce premier recueil fut suivi, en 1861, des Contes brabançons, plus réalistes, puis en 1867 de la Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs, qui retrace la vie et les actions du farceur légendaire et national. En fait, plusieurs thèmes se greffent sur l'histoire centrale, inspirée des livrets de colportage et de l'imagerie populaire : celui des amours de Kathline, la sorcière séduite, auquel il faut rattacher les scènes de sabbat et de sorcellerie, ainsi que les visions. Sur la toile de fond des guerres de Religion dans les Pays-Bas espagnols au XVIe siècle, le héros se détache comme l'âme de la résistance flamande, mais De Coster en a fait aussi un champion de l'anticléricalisme. Le lecteur de la Légende est frappé, dès l'abord, par le caractère archaïque d'une langue qui semble empruntée au Pantagruel de Rabelais ou à Marnix de Sainte-Aldegonde. Toutefois, De Coster a fait un usage très personnel des matériaux et des procédés anciens. Car si l'archaïsme semble souvent destiné à renforcer l'« effet de réel » du récit, il fait à d'autres moments basculer l'histoire dans l'irréalisme poétique. La Légende d'Ulenspiegel est le premier chef-d'œuvre incontestable de la littérature française de Belgique. Son succès ne se dessina que lentement, et l'influence de De Coster sur le « réveil » des lettres françaises de Belgique en 1880 est difficile à évaluer. Il est certain cependant qu'il incita certains jeunes écrivains à explorer la veine « flamande » afin d'y trouver l'exemple, pour citer Georges Eekhoud, « d'une littérature franche, colorée, vigoureuse et grasse comme le bel art flamand de nos peintres ».