Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bonnetain (Paul)

Écrivain français (Nîmes 1858 – Kongh, Laos, 1899).

Correspondant de guerre en Indochine, il rapporte un ouvrage Au Tonkin (1885). En 1883, il avait publié Charlot s'amuse, roman naturaliste sur l'onanisme qui lui valut une condamnation en cour d'assises. Il prit sans doute l'initiative du « Manifeste des Cinq », pamphlet critiquant les « excès » de la Terre de Zola (le Figaro, 18 août 1887). Il retourna en Orient et écrivit des romans pessimistes et réalistes : l'Opium (1886), Au large (1887), Amours nomades (1888).

Bontempelli (Massimo)

Écrivain italien (Côme 1878 – Rome 1960).

Ses récits (la Vie laborieuse, 1921 ; l'Échiquier devant le miroir, 1922 ; Fils de deux mères, 1929) et son œuvre théâtrale (Notre déesse, 1925 ; Minnie, la candida, 1927) illustrent avec un humour surréaliste la notion de « réalisme magique ». Ses essais critiques, parus en partie dans la revue qu'il fonda, 900, puis dans le recueil l'Aventure du XXe siècle (1938), en élaborent la théorie.

Bontemps (Arna Wendell)

Écrivain américain (Alexandria, Louisiane, 1902 – Nashville 1973).

Lié à la Harlem Renaissance, il donne d'abord un roman sur le milieu des sportifs et des joueurs (Et Dieu fit le dimanche, 1931), puis des récits historiques (Tonnerre noir, 1936 ; Tambours du crépuscule, 1939), évocation de révoltes noires. Sa poésie (Effets personnels, 1963), ses anthologies et ses études sur les Noirs américains l'ont établi comme une des principales figures de la négritude.

Bontridder (Albert)

Architecte et poète belge d'expression néerlandaise (Anderlecht (Bruxelles) 1921).

Sa poésie expérimentale est marquée par la révolte devant un monde où la communication est impossible (Bois mort, 1955 ; Bagatelle, poisson pendant, 1962 ; La nuit est aussi un soleil, 1969 ; Auto-combustion, 1971 ; Un œil de trop, 1984).

Bonvesin de la Riva

Écrivain italien (Milan v. 1240 – id. v. 1315).

Par son mélange de réalisme et de dévotion et par sa représentation de l'outre-tombe, son Livre des Trois Écritures (achevé en 1274) annonce la Divine Comédie.

Boon (Louis Paul)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Aalst 1912 – Erembodegen 1979).

Chez cet autodidacte, le socialisme anarcho-libertaire s'accompagne d'une grande diversité dans la technique romanesque et de nuances dans la psychologie de ses personnages (Le faubourg grandit, 1941 ; la Bande à Jean de Lichte, 1957). Un style débraillé, mais parcouru d'un grand souffle, anime le monde chaotique que forment les fresques grises du monde ouvrier (Route de la Chapelle, 1953 ; Été à Termuren, 1956). S'il a exploré minutieusement le passé de sa propre région (Pieter Daens, 1971 ; la Main noire, 1976), Boon tend à composer, de proche en proche, dans une double perspective historique (Ma petite guerre, 1946) et sociale (Menuet, 1955), une mosaïque complète des Pays-Bas (le Livre des gueux, 1979), tout en témoignant d'un pessimisme grandissant à l'égard de l'homme et en faisant retour sur ses propres fantasmes et inhibitions (la Jeunesse obscène de Mieke Maaike, 1972 ; Éros et le Vieil Homme, 1980).

Bopp (Raul)

Poète brésilien (Tupaceretã, Rio Grande do Sul, 1898 – Rio de Janeiro 1984).

Il est connu pour sa rhapsodie amazonienne Cobra Norato (1931), complément du manifeste « anthropophagique » d'Oswald de Andrade.

Bor (Vladimir Pavsic, dit Matej)

Poète slovène (Grgar 1913 – Ljubljana ou Lubiana 1993).

Auteur de poésies (Hurlons plus fort que la tempête, 1944) et de pièces de théâtre (Monsieur Renard, 1944) ; la Roue des ténèbres, 1961), il est aussi traducteur de Shakespeare.

Borchardt (Rudolf)

Écrivain allemand (Königsberg 1877 – Trins, Tyrol, 1945).

Fils d'un banquier juif, il fait des études de lettres classiques et d'archéologie, voyage en l'Europe, s'installe en Toscane. Ami de Hofmannsthal, longtemps proche de George, il professe un conservatisme radical en politique. Sur le plan esthétique, il combat les tendances modernes de l'art et veut sauvegarder les valeurs de l'Occident. Son œuvre est au service de cette « restauration créatrice » : anthologies, essais, traductions, romans, drames, poèmes (Livre de Joram, 1907). Adorno a cherché à montrer la « modernité » de Borchardt, notamment dans son rapport au langage.

Borchert (Wolfgang)

Écrivain allemand (Hambourg 1921 – Bâle 1947).

Il est surtout connu comme auteur du drame Devant la porte (1947), où son expérience de la guerre sur le front de l'Est et de la maladie marque la peinture des difficultés qu'éprouve un soldat à s'insérer dans la nouvelle société allemande. À la fois plainte douloureuse et acte d'accusation, ce cri d'une « génération perdue » connaîtra un grand succès en Allemagne : caractéristique, par son style comme par son contenu, de la « littérature des décombres », il renoue avec certains aspects du drame expressionniste du lendemain de la Première Guerre mondiale.

Bordelon (abbé Laurent)

Écrivain français (Bourges 1663 – Paris 1730).

Polygraphe, il pratiqua tous les genres de littérature critique et parodique et s'inspira de Don Quichotte dans l'Histoire des imaginations extravagantes de M. Oufle (1710), et dans Gongam, ou l'homme prodigieux (1711).

Bordewijk (Ferdinand)

Écrivain hollandais (Amsterdam 1884 – La Haye 1965).

Avocat à Schiedam, obsédé par la nature profondément ambiguë des êtres et des choses, il débute par un recueil de Contes fantastiques (1919-1924). Il évolue ensuite vers une forme de récit plus réaliste, qui évoque l'atmosphère de la ville ou les conflits de générations, cherchant à définir une écriture qui s'apparente au fonctionnalisme plastique du mouvement « De Stijl » (Blocs, 1931 ; Bint, le roman d'un prophète, 1934 ; Caractères, 1938 ; Aurore boréale, 1948 ; le Rameau fleuri, 1955).

Borel (Jacques)

Écrivain français (Paris 1925 - Villejuif 2002).

Auteur d'essais critiques, en particulier sur Proust, il s'illustre aussi comme poète (Sur les murs du temps, 1989), dramaturge (Tata ou de l'éducation, 1967) et surtout comme romancier. Son œuvre principale, l'Adoration (prix Goncourt 1965), commence et se termine par une phrase clé, « Je n'ai pas connu mon père », qui signifie bien l'orientation de l'œuvre, angoissante variation sur le besoin d'aimer, le pathétique des amours enfantines et leur persistance, la vie durant (le Retour, 1970 ; la Dépossession, 1973). Essentiellement autobiographique, l'œuvre ne cesse d'explorer les arcanes de la mémoire (le Déferlement, 1993 ; l'Aveu différé, 1997 ; la Mort de Maximilien Lepage, acteur, 2000).