Guitry (Sacha)
Acteur, cinéaste et écrivain français (Saint-Pétersbourg 1885 – Paris 1957).
Fils du comédien Lucien Guitry, il fut l'un des auteurs les plus prisés du théâtre bourgeois. Ses pièces sont de purs jeux de miroirs monologués, prétextes à bons mots, où le moi s'exacerbe sans toujours se multiplier (Désiré, 1927 ; N'écoutez pas, mesdames, 1943 ; Moâ, 1949). Ses films sont du théâtre filmé, d'un aspect « documentaire » (Remontons les Champs-Élysées, 1938 ; Si Versailles m'était conté, 1953 ; Napoléon, 1954) et dont restent surtout le Roman d'un tricheur (1936) et la Poison (1951). Une certaine désinvolture pendant la guerre à l'égard des vrais drames et des faux courages (Quatre Ans d'occupations, 1947) l'amena à démissionner (1948) de l'Académie Goncourt.
Guittone d'Arezzo
Écrivain italien (Arezzo v. 1235 – Florence 1294).
Après avoir participé, dans le parti guelfe, aux luttes de sa patrie, il s'exila d'Arezzo vers 1263 et entra dans les ordres en 1265. Son œuvre poétique, qui comprend une cinquantaine de chansons et plus de 250 sonnets, se caractérise par la complexité de son expérimentation métrique et l'intransigeance de son zèle politique et religieux. On lui doit aussi 50 épîtres, qui sont des modèles d'éloquence. Son chef-d'œuvre Las, or est venu le temps de la grande douleur, qui se distingue surtout par ses innovations métriques, a influencé la révolution formelle du dolce stil nuovo.
Guizot (François)
Homme politique, historien et écrivain français (Nîmes 1787 – Val-Richer, Calvados, 1874).
Professeur d'histoire moderne à la Sorbonne (1812), partisan sous la Restauration de l'intervention du roi dans la vie politique, ministre favori de Louis-Philippe, il fit voter (1833) une loi d'importance capitale pour l'instruction publique. Après la révolution de 1848, il reprit ses études historiques (Histoire de la révolution d'Angleterre, 1826-1827 ; Histoire de la civilisation en France, 1830 ; Histoire parlementaire de France, 1863), où transparaît son rigorisme protestant (Méditations sur l'essence de la religion, 1864). Il a laissé des Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (1858-1868) et des Méditations biographiques et littéraires (1868).
gujarati (littérature)
Les écrivains du Gujerat font remonter les origines de leurs traditions littéraires au XIe s., grâce aux citations relevées dans le traité de grammaire Siddha haima prakrta vyakarana attribué au célèbre auteur jaina Hemacandra Suri (1088-1172), mais les œuvres proprement dites ne datent que du siècle suivant : elles sont, jusqu'au XVe s., fortement marquées par le jainisme, sous des formes poétiques connues : rasa, fagu, prabandha, chanda. Le terme rasa qui, dans les traditions brahmaniques, évoque la poésie lyrique d'inspiration religieuse, mais symbolise aussi parfois le sentiment érotique (sringara), indique dans le système jaina un traité didactique composé en mètres populaires faciles à chanter (doha, soratha, rola, caupai) : la plus célèbre de ces compositions, le Bharatesvara-Bahubali-Rasa, attribué à Shalibhadrasuri et où domine le sentiment héroïque (virasara), s'achève sur une note de paix métaphysique (nirveda). Quant au fagu, il s'ouvre sur des paysages romantiques embellis par le printemps (falgu), favorable à l'expression de l'amour passionnel. Mais, chez les jaina, cette sorte de composition se clôt sur la pensée du renoncement (upeksa) et de la compassion (karuna), tels Jinapadma (Sirithulibhaddafagu, 1334) et Jayasekhara (Neminathafagu, 1349). Le prabandha est une composition longue et continue où la prose rythmique et la construction métrique se conjuguent, ainsi dans le Tribhuvanadipaka de Jayasekhara. Le chanda désigne une forme libre et spontanée. Si les anciens chanda gujarati paraissent être en mètres réguliers, le plus connu, le Ranamallachanda, écrit au XIVe s. par Sridhara Vyasa, inaugure la nouvelle tendance d'une poésie non religieuse.
Avec l'avènement de Narsinh Mehta (1414) apparaît une poésie subjective (atmalaksanatmaka) dans laquelle le poète exprime ses propres pensées et sentiments sur la vie. Mais la poésie exaltant la bravoure des anciens héros trouve également son plein essor avec le Kanhadadeprabandha (1456) de Padmanabha. À cette même époque, des poètes comme Virasimha, Bhalana et Mandana établissent la tradition de la poésie épique d'inspiration mythologique (akhyana). De nombreux épisodes des purana réapparaissent sous des titres romantiques comme Ukhaharana (l'Enlèvement d'Usha), Ramavivaha (le Mariage de Rama). Cette tendance se révèle aussi chez les auteurs jaina, ainsi dans l'histoire de Nala et Damayanti de Rsivardhana (Naladavadantirasa, 1456).
Alors que la pensée parsie s'y est déjà introduite, la littérature du XVIe s. manifeste ses nouvelles tendances sous forme de longs poèmes narratifs (Kathatmakakavya). À côté des poètes hindous et jaina (Nakara, Kesava, Vinayasamudra), un auteur musulman offre un long poème lyrique dont le thème est emprunté au Meghaduta de Kalidasa.
Le XVIIe s. voit naître une poésie d'inspiration philosophique à partir de la théorie védantine selon laquelle le monde empirique est inexplicable (anirvacaniya), toute manifestation relevant de Maya, l'Illusion cosmique. Le meilleur de ces poètes-philosophes est Akha (1615-1675). D'autres, tel Premananda (1636-1734), se consacrent à une poésie mythologique, ou tels les Manabhatta (dévots krisnaïtes, XVIIIe s.), dont le plus célèbre est Samala (1640-1730), considéré aussi comme le meilleur narrateur des légendes populaires (vartakavi) du Gujerat.
Avec la conquête anglaise apparaissent des auteurs inspirés par la littérature européenne : Narmad Sankara (1833-1886), Mahip Taram Nilkantha et Govardhanaram (tous deux fondateurs du roman social). Mais l'œuvre contemporaine majeure reste celle du Mahatma Gandhi (1869-1948), qui dota sa langue maternelle d'une prose vive et simple qui reste le modèle de la littérature « introspective » et sociale actuelle, pour les poètes (Prahlad Parekh, Uma-sankar Josi, Narindra Dave) comme pour les nouvellistes et romanciers (Manubhai Pancoli, dit Darsák, Sures Josi et Madhu Rye).