Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Purdy (James)

Romancier américain (Ohio 1923).

Ses récits et ses romans (de Couleur de ténèbres, 1957 ; Ce que raconta Jeremy, 1970 ; Je suis vivant dans ma tombe, 1975 ; les Inconsolés, 1981 ; la Tunique de Nessus, 1989) s'attachent à décrire la solitude et l'aliénation américaines, en notant les comportements irrationnels, les paradoxes du bien et du mal, l'horreur des perversions sexuelles liées à la décomposition sociale.

Pure (Michel de, dit l'abbé de)

Écrivain français (Lyon 1620 – Paris 1680).

Aumônier du roi, érudit (traducteur, historien), il fréquenta la société précieuse, dont il se fit à la fois le naturaliste, l'historien et le célébrant. La Précieuse ou le Mystère des ruelles (1656-1658) mêle conversations galantes, « histoires », poèmes, étudiant les nuances du sentiment amoureux et défendant la condition « féminine » : certaines vues sur le mariage ou la maternité sont résolument revendicatives.

puritains

Le terme désigne les membres des communautés anglaises d'inspiration calviniste qui, au milieu du XVIe siècle, voulurent revenir à la pureté du christianisme primitif par réaction contre les compromissions de l'Église anglicane. Persécutés à partir de 1570 par Élisabeth Ire, les puritains émigrèrent en grand nombre en Hollande, puis aux États-Unis, où le groupe le plus célèbre est celui des « Pères pèlerins » du Mayflower (1620) ; un autre groupe est à l'origine du Massachusetts (1629). Le puritanisme est donc d'abord une théologie qui affirme une foi inébranlable et le sens de la prédestination ; il est exposé par Bradford (Histoire de la colonie de Plymouth), R. Williams (la Doctrine sanguinaire des persécutions pour motif de conscience), Wigglesworth (le Jugement dernier), Edward Taylor (Œuvres poétiques), Jonathan Edwards (le Libre Arbitre). Il marque la création littéraire du XIXe siècle, notamment avec Nathanael Hawthorne. Le puritanisme a souvent suscité la critique chez les écrivains. Celle-ci relève souvent d'un banal antipuritanisme, qui s'interprète en termes de libération morale et sexuelle, mais elle traduit parfois, plus essentiellement, une dénonciation des fondements culturels de la nation américaine. Résumée par William Carlos Williams dans son essai Au grain américain, elle souligne que le puritanisme, dans son souci religieux et dans son idéologie sociale, portait en lui la négation de la réalité continentale, locale, et qu'il a privé l'imaginaire américain de véritables liens avec l'objet et le quotidien. Le puritanisme a fait prévaloir une vaste déréalisation, contre laquelle durent aller les écrivains, ainsi contraints au seul constat du Mal et à une manière de réclusion. Il est encore une détermination de l'imaginaire, en tant qu'il commande, par la notion de prédestination, une littérature romanesque symbolique, peu apte à noter l'évolution du monde réel et l'ambiguïté morale.

Putu Wijaya

Écrivain indonésien (Puri Anom 1944).

Journaliste, membre du comité de rédaction de la revue d'information Tempo, il est l'auteur de pièces de théâtre (Oh, 1973 ; Untel, 1974 ; Dag-dig-dug, 1974) et de romans : Lorsque la nuit se fait plus noire (1971), roman régional de type traditionnel dont l'action se situe à Bali ; l'Usine (1975), qui possède à la fois des caractéristiques d'un roman social et des éléments absurdes. Soudain tombe la nuit (1977), Valide (1977), la Gare (1977) et Vaincu (1978) évoquent plus particulièrement l'aliénation de l'homme moderne.

Puzo (Mario)

Écrivain américain (New York 1920 – Bay Shore, Long Island, 1999).

Les romans de Mario Puzo développent une observation à la fois réaliste et mythopoétique des fondements sociaux et psychologiques du pouvoir et de l'autorité. Dès l'Arène noire (1955), où l'Allemagne nazie est le décor d'une étude de la justice et de la corruption, et jusque dans le Parrain (1969) et le Sicilien (1985), où la Mafia et ses modes de fonctionnement sont mis en évidence, on trouve l'affirmation fondamentale que le pouvoir est corrupteur. Le clan Corleone et son chef sont aussi des parodies mafieuses des histoires de réussite des immigrants et de l'Amérique capitaliste. Simple et direct, le style de Puzo souligne l'importance du crime organisé dans la sous-culture américaine, où les mœurs siciliennes trouvent le lieu de leur épanouissement et d'un passage de l'artisanat à la grande industrie. Le matérialisme à la base de rêve américain finit par légitimer la violence criminelle.

pyazat

Forme du théâtre classique birman.

Le mot signifie littéralement « représentation d'un jataka  » (récit d'une des vies antérieures du Bouddha). Ce genre littéraire apparut en Birmanie au XVIIIe s. après la conquête d'Ayutthia (Siam) : il y fut introduit par le ministre Padethayaza, auteur du premier drame de cour, Manikhet Zatogyi. U Sa (1766-1853) traduisit le drame siamois Aindarwuntha en le simplifiant et en y insérant des parties chantées. U Kyin U, auteur fertile de pyazat, s'inspira également d'un jataka pour écrire Mahaw ; mais son chef-d'œuvre reconnu est Parpahein, du nom du héros, fils d'une concubine royale, qui parvient finalement à usurper le trône : cruel et sans scrupules, Parpahein réussit malgré tout à gagner la faveur du public par son courage et surtout l'amour qu'il porte à sa mère, la « seconde reine ». Le maître incontesté du genre pyazat est U Ponnya de Salé (1807-1866), auteur de trois pièces dont les intrigues sont toutes tirées de jatakas, Paduma, le Porteur d'eau et Wizaya ; l'intrigue du Porteur d'eau est d'une rigueur admirable : l'auteur y respecte même la règle des trois unités pour évoquer l'accession au rang de prince héritier d'un porteur d'eau, qui, tenté par le pouvoir suprême, finit par préférer une vie d'ermite et se retirer dans la forêt pour méditer. On peut encore noter, parmi ceux qui illustrèrent le genre, U Po Ni avec Konmara, et U Ku avec le Frère et la Sœur orang-outang, deux pièces créées en 1875. Le pyazat qui s'épanouissait dans la vie de cour, disparut avec elle en 1885, date de la conquête anglaise.