Constantin de Preslav, connu aussi sous les noms de Constantin le Prêtre et de Constantin l'Évêque
Évêque et écrivain du premier royaume bulgare (IXe-Xe s.).
Disciple de Cyrille et de Méthode, il passe pour être le premier historien et le premier poète de la littérature bulgare. Il a traduit ou adapté du grec de nombreux écrits, en particulier des Commentaires de l'Évangile (894), compilation d'homélies grecques, et le Discours contre les ariens (907) de saint Athanase. Sa Chronique abrégée est un précis d'histoire universelle qui repose sur une compilation de chroniques byzantines. Mais son Abécédaire acrostiche (894), premier essai connu de versification slave, glorifiant la culture nationale et l'œuvre de Cyrille et de Méthode, marque l'avènement d'un genre nouveau. C'est grâce à Constantin que le vieux bulgare a été enrichi et élevé au rang de langue littéraire.
Constantin VII Porphyrogénète
Empereur et écrivain byzantin (905 – 959).
Fils de Léon VI, il laissa le gouvernement à sa mère. Protecteur éclairé des arts et des lettres, il composa de nombreux ouvrages historiques (Vie de Basile Ier, v. 959) ou didactiques (le Livre des cérémonies, Traité sur l'administration de l'Empire, v. 953).
constructivisme
Courant artistique et littéraire soviétique des années 1920.
Latent dans la gauche futuriste (LEF), il unit dans le Centre littéraire des constructivistes (1924-1930), autour du théoricien Zelinski (1896-1970), les poètes Bagritski (1895-1934), Lougovskoï (1901-1957), Selvinski (1899-1968), V. Inber (1890-1972). Ceux-ci affirment dans leurs manifestes (Troc total, 1924 ; Gosplan littéraire, 1925 ; Business, 1929) incarner l'exigence de rationalité de l'ère industrielle qu'expriment aussi l'architecture (Leonidov, Tatline) ou le théâtre (Meyerhold, Taïrov). Substituant le souci du fonctionnel à la quête esthétique, préférant au lyrisme les formes épiques d'une poésie rationalisée par l'adéquation de l'écriture au thème, la distribution optimale de la charge sémantique du mot et du vers, le recours aux lexiques techniques et aux procédés expressifs de la prose, ils aboutissent parfois, au préjudice du sens, à réduire le poème à un système de signes graphiques. Le groupe est dissout dans les années 1930, mais un poète comme Bagritsky a marqué sa génération. Certains parmi eux s'orientent vers des formes plus traditionnelles, comme Vera Inber qui chante en des vers tragiques le blocus de Léningrad.
conte
Le conte est une des plus anciennes manifestations de la littérature populaire de transmission orale. La première question posée à son sujet est celle de son origine, de sa parenté avec le mythe, de sa place dans le folklore. Par la continuité de ses textes et la lenteur de l'évolution de ses formes (qui s'opposent par là à la fréquence et à la rapidité du mouvement de la création littéraire), le conte relève du « temps long » d'une morphogenèse narrative. Par la multiplicité de ses variations conjointe à la répétition de ses thèmes, il a suscité de nombreuses entreprises classificatrices. Par son contenu, il a contraint à une analyse de son statut : Vladimir Propp l'a identifié au monde féodal et à la proximité de l'autorité fondatrice, le distinguant ainsi de la littérature savante, inséparable de la cité et de la constitution de l'État ; M.-L. von Frantz, dans la perspective de C. G. Jung, y a vu la présentation schématique des archétypes qui structurent l'inconscient collectif. Au-delà encore de toutes les descriptions systématiques, le conte se caractérise par les conditions de son énonciation : il y a un temps et un cérémonial du conte qui impliquent une tonalité et un rythme particuliers du discours. Si le merveilleux apparaît comme un des éléments les plus caractéristiques du conte, il n'en constitue nullement l'essence : le Moyen Âge occidental préfère la veine satirique ou réaliste (le Décaméron de Boccace, les Contes de Cantorbéry de Chaucer) que cultivera la Renaissance (l'Heptaméron de Marguerite de Navarre) et qui se prolongera chez La Fontaine (Contes) et chez Balzac (Contes drolatiques). Œuvre narrative, limitée à une action unique ou à une suite d'épisodes facilement isolables, conservant la liberté d'allure du récit parlé, le conte, structure d'accueil polyvalente, se distingue alors du roman et de la nouvelle (tous les repères qu'il donne complaisamment l'avouent d'emblée comme fiction) mais aussi de la fable : le conte philosophique à la Voltaire (Zadig, Candide, l'Ingénu) est une thèse habillée de picaresque, de féerie ou d'exotisme oriental. À ce stade, le conte a souvent pour objet sa propre parodie, jouant sur le « passage à la limite » du réel : le conte fantastique, qui reprend la tradition du conte de fées (Perrault, Mme d'Aulnoy) s'épanouit à l'époque du romantisme français (Nodier, la Fée aux miettes) et surtout allemand (Brentano, les frères Grimm, Hoffmann). Avec Mérimée (la Vénus d'Ille), Villiers de l'Isle-Adam (Contes cruels), Maupassant (le Horla), mais aussi bien Edgar Poe et Hawthorne, le conte avance sur le double front de la réalité et du rêve, l'onirisme naissant de l'écoute fascinée du quotidien.
Si le conte garde toute son importance en littérature enfantine (d'Andersen à Marcel Aymé) et en théorie de la littérature, c'est qu'il bénéficie d'un « effet de lecture » qui lui est propre : livré au récitant et à ses substituts (narrateur, lecteur), le conte donne cependant la totalité de son contenu de façon manifeste et dans une sorte de clôture. Cette absence d'échappée, dans un genre souvent lié à la thématique de l'évasion, a pour condition le schématisme qu'il porte en lui-même : présence de concepts archétypiques, non déterminés mais paradoxalement concrets, inscrits dans une organisation narrative simple, reprise ou lisible d'un conte à l'autre. La pénurie des indices internes, moyens usuels de l'effet de réel, la pauvreté du référentiel qui n'appelle pas tant l'incertitude du sens qu'il ne permet précisément la clôture, font du genre une machine à intégrer toute situation (d'énonciation et de réception), donc parfaitement adaptée à l'audition enfantine, expansive dans ses procédures, mais close dans ses déterminations et ses dimensions : par son schématisme, le conte dessine exemplairement, comme il a été remarqué, le cercle de la totalité et le point dans ce cercle (la maison), et retrouve ainsi les bornes et le centre de l'imaginaire enfantin. La théorie littéraire voit, dans ce schématisme et cet achèvement du contenu, l'organisation et la matrice de tout récit, qu'elle ne peut déceler dans la nouvelle ou dans le roman, parce que là, il n'y a plus une intrigue, mais des groupements d'intrigues ou, dans la nouvelle, constitution d'une loi sémantique spécifique qui commande une hiérarchie choisie des significations. Le conte est ainsi lu comme le genre fondateur du récit et le recueil des images formatrices qui suscitent l'investigation psychanalytique.