Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hérodote

Historien grec (Halicarnasse, v. 480 – v. 420 av. J.-C.).

Né en Carie, exilé d'Halicarnasse, grand voyageur, Hérodote a séjourné à Athènes et il fut l'un des citoyens de Thourioi, colonie panhellénique fondée en 444, à l'initiative de Périclès, en Italie du Sud. Son œuvre a été très diversement reçue dès l'Antiquité : mythologue aux yeux d'Aristote, il est le « père de l'histoire » pour Cicéron (De leg, I, 1, 5) et Plutarque a écrit un traité Sur la malignité d'Hérodote. Hérodote est le premier à avoir traité de l'histoire des hommes exclusivement, des Grecs et des Barbares, en définissant un temps connu, hors des temps héroïques, en critiquant ses sources, avec le but de sauver de l'oubli les réalisations humaines (erga). Remontant aux origines de l'Empire perse pour en arriver aux guerres médiques, l'Enquête, œuvre en prose, divisée à l'époque hellénistique en 9 livres qui portent le nom des Muses, expose les mœurs des Lydiens, des Perses (I, 93-4 ; 131-140), des Égyptiens (II), des Scythes (IV, 1-82), et fait une description du monde jusqu'à ses confins (III-IV), tout en déroulant les événements qui ont précédé la révolte de l'Ionie (V-VI) ; elle fait le récit de l'expédition de Darius contre la Grèce (VI), puis de celle de Xerxès (VII-IX), et nous laisse l'une des peintures célèbres de la bataille de Salamine (VIII, 40-49; 56-96). L'Enquête est une « recherche » (historiè), une exploration du monde, de ses merveilles, et le récit qui en résulte ; elle comprend des unités narratives différentes, avec des exposés « géographiques » et ethnologiques. L'histoire d'Hérodote connaît une double causalité, divine et humaine, et un mouvement de montée et d'abattement successifs qui touche les cités et les hommes ; cette vision s'articule sur une réflexion religieuse, morale et politique où apparaissent les principes de la sagesse solonienne (I, 30-33 ; 86-88). Enfin, l'Enquête témoigne des préoccupations et des modes de pensée de la seconde moitié du Ve siècle : elle offre une représentation du monde, donne un débat sur les régimes politiques (III, 80-83), pose la relativité des usages ou des lois, à travers une peinture de l'altérité en « miroir ».

Heroët (Antoine)

Poète français (Paris v. 1492 – id. 1568).

Pensionné par Marguerite de Navarre (dont le rapprochaient ses idées philosophiques), évêque de Digne en 1552, il apparaît, parmi les poètes français du XVIe s., comme l'un des premiers et des plus purs représentants de la métaphysique néoplatonicienne de l'amour. De l'ensemble de son œuvre – qui compte, outre quelques poésies de circonstance, un Blason de l'œil, diverses pièces de forme courte et deux plus longs poèmes d'amour (Complainte d'une dame surprise nouvellement d'amour, Douleur et Volupté) – émergent deux pièces maîtresses, l'Androgyne de Platon (publié en 1542, mais achevé dès 1536), exposé de l'origine de l'amour d'après le mythe platonicien du Banquet, et, surtout, la Parfaicte Amye (1542), défense du « parfait amour » contre une conception cynique du sentiment amoureux : c'est là l'événement majeur de la querelle philosophico-littéraire des années 1540-1545 connue sous le nom de « querelle des Amies ».

heroic fantasy

Genre littéraire récent, d'origine anglo-saxonne et proche du roman gothique, l'heroic fantasy a pour initiateur William Morris, qui, dans The Wood beyond the World (1894), met en scène les aventures d'un jeune homme dans un Moyen Âge imaginaire, teinté de merveilleux, où l'amour et la sorcellerie se conjuguent dans des combats de toute sorte. Ce genre nourrira l'imaginaire de lord Dunsany (la Fille du roi des elfes, 1924) ou de C. S. Lewis (les volumes du « Monde de Narnia », le Lion et la sorcière blanche, 1950 ; Prince Caspian, 1951). Mais l'auteur le plus connu sera J.R.R. Tolkien, avec Bilbo le Hobbit (1937) et, surtout, le Seigneur des anneaux (1954-1955). Une variante apparaîtra ensuite, sous le nom de « sword and sorcery », chez des auteurs américains comme R. Howard (les aventures de Conan le barbare dans les années 1930). Dans les années 1960, M. Moorcock inventera un monde également marqué par l'atmosphère épique des mythes et des légendes, dans une série de nouvelles centrées autour du personnage d'Elric le nécromancien et de son épée magique, « buveuse d'âmes ». Depuis, le genre regorge d'auteurs issus de la science-fiction comme U. Le Guin avec le monde de Terremer (Tehanu, 1990), E. Vonarburg avec l'univers de Tyrannaël (5e tome, la Mer allée avec le soleil, 1997), de J. Vance avec le cycle de Cugel l'astucieux (la Saga de Cugel, 1966), ou F. Leiber et le cycle des Épées (le Crépuscule des épées, 1998). Des textes à la limite de la parodie ont aussi vu le jour avec T. Pratchett et sa série des Annales du disque monde.

Herreman (Raymond)

Poète belge d'expression néerlandaise (Menin 1896 – Bruxelles 1971).

Cofondateur, avec M. Roelants, K. Leroux et R. Minne, du cercle la Petite Fontaine il opposa, dans le sillage de Van de Woestijne, un lyrisme personnel et hédoniste à l'expressionnisme en vogue (Éros, 1914 ; la Rose de Jéricho, 1931) et évolua de la fantaisie de ses débuts à un art plus classique (les Amants, 1942 ; Équilibre instable, 1967).

Herrera (Fernando de)

Poète espagnol (Séville 1534 – id. 1597).

Poète de la lyrique amoureuse et de l'héroïsme (Quelques œuvres, 1582), chef de l'école sévillane, il est l'auteur de théories esthétiques exposées dans les Annotations aux œuvres de Garcilaso de la Vega (1580) : dans une perspective néoplatonicienne, il définit les qualités de l'œuvre poétique (grâce, clarté, gravité, honnêteté) en équilibre entre la diversité de l'expérience sensible et la reconstruction nostalgique de l'esprit.

Herrera y Reissig (Julio)

Poète uruguayen (Montevideo 1875 – id. 1910).

Après avoir fondé La Revista (1899), où il publia des poèmes (Wagnerianas), il fit de sa maison un temple de la poésie et un cénacle pour initiés. D'abord moderniste (les Pâques du temps, 1901), sa poésie incline vers le symbolisme (les Extases de la montagne, 1904 ; Pianos crépusculaires, 1910), dans une forme baroque et recherchée où abondent les métaphores hermétiques, annonciatrices à la fois de l'ultraïsme, du creacionismo et du surréalisme.