Du Bois (William Edward Burghardt)
Écrivain américain (Great Barrington, Massachusetts, 1868 – Accra, Ghana, 1963).
Descendant d'esclaves, il fonde, en 1909, l'Association nationale pour le progrès des gens de couleur (NAACP) et, directeur de la revue The Crisis, il est le premier à défendre le panafricanisme à Londres (1900) puis à Paris (1919). Père de la renaissance culturelle noire (l'Âme du peuple noir, 1903), il donne des romans, la Quête de la toison d'argent (1911), Princesse noire, un roman sentimental (1928), la trilogie la Flamme noire (1957-1961), de nombreuses études d'histoire et de sociologie (la Condition sociale et matérielle des Noirs en ville, 1897 ; le Don du peuple noir, les Noirs dans la construction de l'Amérique, 1924 ; le Peuple noir, passé et présent, essai historico-sociologique sur la race noire, 1939). Son autobiographie (Crépuscule de l'aube, 1940) dit l'apprentissage de la lucidité politique. En 1960, il partit pour le Ghana afin de diriger l'Encyclopedia Africana et renonça à la nationalité américaine.
Du Bos (Charles)
Écrivain français (Paris 1882 – La Celle-Saint-Cloud 1939).
Son Journal, publié de 1946 à 1962, ses essais (Approximations, 1922-1937 ; François Mauriac et le problème du romancier catholique, 1933), sa correspondance avec Gide (publiée en 1950) sont une méditation sur le rôle des valeurs spirituelles et morales dans la genèse de l'œuvre littéraire, qui l'amena au catholicisme (1927).
Du Camp (Maxime)
Écrivain français (Paris 1822 – Baden-Baden 1894).
C'est surtout par son amitié et sa correspondance avec Flaubert que l'on connaît Du Camp, qui fut (avec Bouilhet) le « censeur » des manuscrits flaubertiens, et qui publia Madame Bovary dans la Revue de Paris. Du Camp rapporta de Tunisie, de Grèce et d'Algérie des Souvenirs et paysages d'Orient en 1848 et, l'année suivante, partit pour l'Afrique, l'Asie Mineure et la Grèce, et relata ce voyage, accompli en partie avec Flaubert, dans Égypte, Nubie, Palestine et Syrie (1851) : les clichés qu'il fit au cours de ce périple le consacrent comme un des premiers grands reporters-photographes. Mais l'amitié entre les deux écrivains souffrit du dédain de Flaubert pour un auteur préoccupé de réussite, et qui fut tour à tour poète, romancier, critique d'art, historien, sociologue. Aimant l'action, Du Camp participa à l'expédition de Garibaldi en 1860 et, s'en prenant au mal romantique (les Forces perdues, 1867), tenta de tourner la jeunesse vers la vie pratique. Auteur de plusieurs ouvrages sur Paris (dont Paris : ses organes, ses fonctions, sa vie, 1869-1875) et sur la Commune (les Convulsions de Paris, 1878-1879), il a laissé des Souvenirs littéraires (1882-1883) où il évoque, entre autres, Flaubert et Théophile Gautier et qui font de lui un témoin important du second Empire.
Du Châtelet (Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise)
Femme de lettres et de sciences française (Paris 1706 – Lunéville 1749).
Elle noue en 1733 une liaison affective et intellectuelle avec Voltaire, qu'elle accueille dans son château de Cirey. Auteur d'Institutions de physique (1740), d'une Dissertation sur la nature et la propagation du feu (1744), elle laisse aussi un Discours sur le bonheur (vers 1746) exaltant l'« étude » tout en évoquant l'amour. En 1748, elle s'éprend du poète Saint-Lambert et meurt avant de finir sa traduction des Principes mathématiques de Newton.
Du Fu
Poète chinois (712 – 770).
Surnommé « le Sage de la poésie », il est, avec Li Bai (701-762) dont il était l'ami, le plus grand poète chinois. Bien que descendant d'une famille de mandarins, il ne connut que des échecs dans sa carrière : refusé aux examens (736), il n'occupe de toute sa vie que deux postes mineurs. De nombreux poèmes de lui montrent combien le poète, confucianiste convaincu, qui avait l'ambition de jouer un rôle politique dans son pays, en souffrit. Il laisse 1 458 poèmes, dont une bonne partie date des douze dernières années de sa vie. Aux événements historiques qu'il traverse, Du Fu mêle son expérience personnelle, ce qui a valu à sa poésie la dénomination de shishi, « histoire en poèmes ». Pendant les années tourmentées de la rébellion d'An Lushan (après 756) où se brise le rêve splendide de la dynastie Tang, la verve réaliste de Du Fu est à son apogée. Il livre alors des œuvres écrites dans un style simple et direct, qui décrivent les horreurs de la guerre, les familles séparées, la chute d'un empire, la famine, tous les aspects d'un drame dont le poète est lui-même victime. Suivent de longues années de pérégrinations avec sa famille, fuite perpétuelle devant l'insurrection, la misère et la solitude. Grâce à la protection du gouverneur de Chengdu, il connaît, entre 760 et 762, quelques brefs moments de répit et d'aisance. Sa vie se termine dans l'errance, à laquelle il semblait voué. En dehors de poèmes répondant directement aux événements politiques et militaires contemporains, les thèmes principaux de Du Fu tournent autour de la famille, de la nostalgie de la capitale, de l'histoire ancienne, de l'inutilité de sa vie, la maladie et la vieillesse. Du Fu est le grand maître de la poésie régulière et surtout du huitain, lüshi : maniant avec virtuosité les difficultés de cette prosodie très stricte, atteignant une perfection technique qui fit l'admiration de générations d'imitateurs et de critiques, il réussit à transmettre l'intensité de ses émotions devant l'univers, le destin de l'homme et des dynasties. Proche du réel, de la nature concrète et familière, de la vie quotidienne, il fait naître l'émotion par la juxtaposition de faits apparemment anodins et, poète discret, suggère sa passion plus qu'il ne la clame.
Du Maurier (Daphné)
Romancière anglaise (Londres 1907 – Par, Cornouailles, 1989).
Petite-fille de George Du Maurier, elle reprit les traditions du roman populaire, en dosant savamment analyse psychologique, suspense et idylle (l'Auberge de la Jamaïque, 1936 ; le Général du roi, 1946 ; le Vol du faucon, 1964), se laissant de plus en plus porter par son goût du mystère, de la violence et du mal (la Maison sur le rivage, 1969 ; le Bouc émissaire, 1982) et évoquant avec passion la Cornouailles (Golden Lads, 1975). Son titre le plus connu reste Rebecca (1938) : une orpheline épouse un aristocrate anglais et le suit dans son manoir, où plane encore le souvenir de la première femme.