Murat (Henriette-Julie de Castelnau, comtesse de)
Femme de lettres française (Brest 1670 – La Buzardière 1716).
De haute noblesse bretonne, elle publie de provocants Mémoires (1697), des contes spirituels (Contes de fées, Nouveaux Contes des fées, 1698, Histoires sublimes et allégoriques, 1699) et un roman humoristique, les Lutins du château de Kernosy (1710).
Muratori (Ludovico Antonio)
Écrivain italien (Vignola 1672 – Modène 1750).
Il est le fondateur de l'historiographie médiévale italienne, dont il a publié les principales sources dans la monumentale édition, en 25 volumes, des Rerum italicarum scriptores (1723-1751). Son œuvre d'historien consiste pour l'essentiel en un commentaire raisonné de ces archives (Antiquitates Italicae Medii Aevi, 1738-1742 ; Annales d'Italie, 1744-1749).
Murdoch (Mrs J. O. Bailey, dite Iris)
Femme de lettres irlandaise (Dublin 1919 – Oxford 1999).
Professeur à Oxford, elle analyse, dans ses romans, la responsabilité et la culpabilité humaines et construit un monde où des individus, groupés au hasard des rencontres, dévoilent leurs tendances profondes généralement dissimulées. Le symbolisme et une certaine préciosité donnent une dimension philosophique à une œuvre qui cherche à cerner les possibilités de bonheur dans la société contemporaine. Le jeu des rencontres, le choc des individualités, les contradictions qui maintiennent les êtres éloignés les uns des autres alors qu'ils n'aspirent qu'à l'union (ou qui les font renoncer quand ils ont un besoin vital d'autonomie) forment la base de récits dont l'amour, sous toutes ses formes, est la préoccupation principale (Dans le filet, 1954 ; le Château de la licorne, 1963 ; la Gouvernante italienne, 1964 ; les Demi-Justes, 1967 ; le Rêve de Bruno, 1969 ; Une défaite assez honorable, 1970 ; les Soldats et les Nonnes, 1980 ; l'Élève du philosophe, 1983 ; l'Apprenti du bien, 1985). En 1978, elle remporte le Booker Prize avec la Mer, la mer. Anoblie en 1987, elle publie encore Message à la planète (1989) et le Chevalier vert (1994). À la parution du Dilemme de Jackson (1995), les lecteurs s'inquiètent d'incohérences dues aux premiers assauts de la maladie d'Alzheimer à laquelle Iris Murdoch succombera quelques années plus tard.
Muret (Marc-Antoine)
Humaniste français (Muret, près d'Ambazac, 1526 – Rome 1585).
Professeur de Montaigne au collège de Guyenne à Bordeaux, il fut ensuite à Paris, de 1551 à 1553, régent du collège de Boncourt, où il y initia Belleau, La Péruse, Jodelle, La Taille et Grévin à la tragédie latine ainsi qu'aux poètes latins. En 1554, une accusation de sodomie le contraignit à l'exil. Il professa d'abord à Venise (1554-1558), puis à Padoue, avant d'obtenir, en 1563, une chaire à l'université de Rome ; il y enseignera jusqu'en 1584 la philosophie et l'éloquence. Outre de nombreuses éditions et commentaires d'auteurs grecs et latins, il a donné de nombreuses pièces oratoires (le De philosophiae et eloquentiae conjunctione, leçon prononcée en 1557 à Venise, affirmant la nécessaire complémentarité de l'étude de la philosophie et de celle de la rhétorique) et un commentaire aux Amours de Ronsard. Poète (Juvenilia, 1552 ; Hymnorum sacrum liber, 1576), Muret incarna à Rome le « meilleur style latin ».
Murger (Henri)
Écrivain français (Paris 1822 – id. 1861).
Saute-ruisseau chez un notaire, puis secrétaire du comte Tolstoï, il mena plusieurs années une existence de misère. C'est à cette époque qu'il rencontra Baudelaire, Champfleury, Nadar, et observa le milieu qu'il décrit dans les Scènes de la vie de bohème (1847-1849), qui parurent dans le Corsaire, avant de devenir une pièce de théâtre (1849) et d'être adaptées pour l'opéra par Puccini. Ces 24 nouvelles évoquent les heurs et les malheurs des « quatre mousquetaires » du café Momus, jeunes artistes turbulents dont le génie s'emploie surtout à gruger le bourgeois ou à dilapider les quelques francs que leur envoie la Providence. Le succès lui permit d'entrer à la Revue des deux mondes (1851-1854), où il publia le Pays latin (1851), Adeline Protat (1853) et les Buveurs d'eau (1854). Il chercha vainement à retrouver sa veine initiale dans les Scènes de la vie de jeunesse (1851), la comédie du Bonhomme Jadis (1852) et deux recueils de poèmes (Ballades et Fantaisies, 1854 ; Nuits d'hiver, 1861).
Murner (Thomas)
Écrivain alsacien de langue allemande (Obernai 1475 – id. 1537).
Franciscain, curé de sa ville natale, il se révèle dès ses débuts prédicateur populaire et grand satiriste. Ses poèmes satiriques (la Conjuration des fous, 1512 ; la Corporation des coquins, 1512 ; le Moulin de Schwindelsheim, 1515 ; le Pré aux godelureaux, 1519) n'épargnent personne, pas même l'Église et ses serviteurs. Pourtant, il prendra fermement parti contre la Réforme et attaquera Luther avec une rare violence (le Grand Fou luthérien, 1522). Murner a également publié des ouvrages d'érudition, des traductions et de nombreux traités de théologie.
Muro Saisei (Muro Terumichi, dit)
Poète et romancier japonais (Kanazawa 1889 – 1962).
Après une enfance malheureuse dans une famille d'adoption, il exercera divers métiers, mais resta toujours dans le dénuement. En 1913, il se fit remarquer par un poème publié dans la revue Zanboa, dirigée par Kitahara, et fit la connaissance de Hagiwara et Yamamura. Poèmes d'amour ; Petits Poèmes lyriques (1918), premiers recueils qui révèlent un ton nouveau ; Prime Enfance (roman, 1919) ; Frère et sœur (roman, 1934) ; Anzukko (roman, 1956-1957).
Murray (Leslie Allan, dit Les A.)
Poète australien (Bunyah, Nouvelle-Galles du Sud, 1938).
Attachée aux traditions, sa poésie, qui exprime plus de certitudes que de doutes, tire ses thèmes et ses images de l'environnement rural dont il s'est fait, en observateur plein de finesse, le porte-parole (Cathédrale en planches, 1969 ; Poèmes contre l'économie politique, 1972 ; la République vernaculaire, 1976). Le titre de la République vernaculaire se réfère à la conception qu'a Murray de la société australienne, étrangère à l'univers urbain et relevant tout entière d'un ordre naturel. La pastorale contemporaine est centrale dans son œuvre en ce qu'elle privilégie l'essor d'une poétique australienne. Avec Translations from the Natural World (1992), il se concentre sur le spectacle de la nature. Son écriture elliptique exprime l'intérêt de Murray pour la violence, et sa fascination pour le sacré et la mort (Les garçons qui volèrent la vedette au défunt, 1980). Fredy Neptune (1998), long poème, relate les aventures picaresques de Friedrich Boettcher, australien d'origine allemande qui perd le sens du toucher et toute sensation corporelle après avoir été le témoin de scènes où des femmes turques furent brûlées vives lors de la Première Guerre mondiale.