Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Simpson (Norman Frederick)

Auteur dramatique anglais (Londres 1919).

Il est dans les années 1950 le maître du théâtre absurde, dans son versant comique. Dans Un tintement sonore (1956), un couple de banlieusards veut échanger un éléphant contre un serpent. Dans le Trou (1958), les personnages accumulent les élucubrations autour d'un... trou. Pendule à sens unique (1959) présente une étrange famille anglaise : le père construit une réplique de théâtre londonien tandis que le fils tue pour le plaisir de porter le deuil. Dans ses scénarios, ses téléfilms et ses fictions, Simpson exploite la veine de la bouffonnerie anarcho-surréaliste.

simultanéisme

Pratique poétique, foncièrement aporétique, introduite au début du XXe siècle avec le « dramatisme » de H. M. Barzun (la Trilogie des forces, 1908) et le groupe de la revue Poème et Drame qui prolonge les recherches de R. Ghil et de son « instrumentalisme ». L'émission simultanée de plusieurs voix indépendantes vise à restituer la complexité « polyphonique » du réel. Le simultanéisme n'a pas cessé de hanter le roman contemporain depuis Joyce. Il se présente alors comme une technique de composition qui consiste à démultiplier les références spatiales à l'intérieur du temps de l'histoire. L'écriture expose cette démultiplication sous la forme d'une succession d'évocations d'événements et d'actions contemporains et sans liens de causalité explicites entre eux. Cette technique a été particulièrement illustrée par Dos Passos (U.S.A.) et par Sartre (les Chemins de la liberté). Le langage est toutefois contraint de rendre la simultanéité par le biais de la successivité.

Sinclair (Upton)

Romancier américain (Baltimore, Maryland, 1878 – Bound Brook, New Jersey, 1968).

Romancier, pamphlétaire, agitateur social, il écrit près de quatre-vingts romans et d'innombrables essais et tracts, tous consacrés à la défense du socialisme et de la démocratie, contre les grands trusts capitalistes. Son roman la Jungle (1906) est une dénonciation à la manière de Zola des conditions de travail dans les abattoirs de Chicago et de la vanité des rêves nourris par les immigrés. la Métropole (1908), les Hommes d'argent (1908), le Mariage de Sylvia (1914), le Roi Charbon (1917), Pétrole ! (1927) dressent un réquisitoire contre la société new-yorkaise, les banquiers, les conditions sanitaires des États-Unis, l'industrie des mines et les pétroliers. Le cycle de « Lanny Budd », composé de 1939 à 1949, embrasse en onze romans l'histoire du monde de 1914 à 1940. Les essais autobiographiques (notamment l'Autobiographie d'Upton Sinclair, 1962) confirment la vocation à la contestation, inséparable de la reconnaissance de la vitalité américaine.

sindhi (littérature)

Le Sind est la première région du sous-continent indien à entrer en contact avec l'islam et la culture arabe et persane. La littérature ancienne comprend ballades et épopées transmises oralement. Le XVIIIe s. fut l'âge d'or de la littérature sindhi avec Chah Abdul Latif (1689-1752), auteur du Livre du Chah. Les ballades (Sassi Ponnu, Yusuf Zuleikha, Sohni Mahinwal) furent reprises dans un sens mystique. Les poètes, tel Nabi Bakhsh Laghari (mort en 1834), utilisent les formes du doha, couplet rimé de 6 ou 7 vers, ou du kafi, court poème mystique. Sachal Sarmast (mort en 1826) composa en siraiki ; Mirza Kalich Beg (1853-1929) fut l'auteur du premier roman sindhi sur la condition féminine (Zinat, 1890) et de traductions d'ouvrages européens. Au Pakistan a été fondée l'Académie sindhi pour préserver la littérature qui reste, avec la presse, très vivante.

Singer (Isaac Bashevis)

Écrivain de langue yiddish (Radzymin, près de Varsovie, 1904 – Miami 1991).

Issu d'une famille de rabbins, il commence sa carrière littéraire en 1925 à Varsovie, et adopte le pseudonyme d'Isaac Bashevis pour se distinguer de son frère I. J. Singer, déjà célèbre. Son premier roman, Satan à Goray (1935), qui peint la Pologne juive de 1666 en quête du Messie, paraît l'année même où il décide de rejoindre son frère à New York. Il y donnera au quotidien yiddish Forverts des romans qui paraissent en feuilletons et seront plus tard publiés en volumes dans leur traduction anglaise (la Famille Moskat, 1950 ; le Magicien de Lublin, 1960 ; l'Esclave, 1962 ; le Manoir, 1967), ainsi que des nouvelles et des contes, notamment réunis sous les titres Gimpel l'Imbécile, 1957, le Spinoza de la rue du Marché, 1961, le Dernier Démon, 1964. Certains contes sont plus particulièrement destinés aux enfants. Dans son œuvre prédominent les textes d'inspiration autobiographique (le Confessionnal, 1964) et les fictions campées dans le décor de la vie juive en Pologne au XIXe siècle, avec ses mythes et croyances. Certains récits se situent néanmoins dans le milieu des Juifs polonais établis aux États-Unis (Ennemies, une histoire d'amour, 1974). Écrite dans un style concret, expressif, vivant, parcourue par des personnages hauts en couleur, acceptant l'irruption du merveilleux dans un univers familier, son œuvre, couronnée par le prix Nobel en 1978, est, en même temps qu'une oraison pour une communauté détruite, l'expression passionnée de la spiritualité de l'homme moderne.

Singer (Israël Joshua)

Écrivain de langue yiddish (Bilgoraj, Pologne, 1893 – New York 1944).

Frère aîné d'Isaac Bashevis Singer, il se destine d'abord au rabbinat, puis se tourne vers la culture séculière. Les nouvelles des recueils Perles (Varsovie, 1922) et En terre étrangère (Vilnius, 1925), avec leurs notes tantôt naturalistes, tantôt cyniques, le font remarquer. Mais c'est la saga familiale, en brossant le portrait de toute une société, qui lui vaudra sa réputation : Acier et Fer (1927), Yoshe le Fou (1932), les Frères Ashkenazi (1936) font ainsi la chronique du monde juif polonais à la veille de sa disparition. Installé aux États-Unis à partir de 1933, I. J. Singer a également publié dans le quotidien Forverts des souvenirs qui ont été réunis sous le titre D'un monde disparu (1946).

Singh (Kedarnath)

Poète indien de langue hindi (région de Bénarès, 1934).

Il participe à la nouvelle vague « expérimentaliste » et chante à la fois vie rurale, vie urbaine et nature. Le recueil Bagh, la panthère, reprend la manière des anciennes fables en sanskrit, mais remplace le didactisme par le pouvoir d'émerveillement produit par la rencontre des êtres les plus simples de tous les règnes confondus. Le recueil Poète du Nord (1995) est aussi une méditation sur le détachement qui invite le lecteur à la « saveur de l'apaisement », mode fondamental dans l'esthétique indienne.