Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Stow (Randolph)

Écrivain australien (Geraldton, Australie-Occidentale, 1935).

Il quitte l'Australie dont il trouve le climat social et intellectuel étouffant en 1959 et vit principalement en Angleterre. Ses romans mettent en scène des héros tourmentés, poussés à l'autodestruction, violents, qui s'accordent aux paysages sauvages et désertiques de l'Australie-Occidentale (Une terre hantée, 1956 ; Vers les îles, 1958 ; Tourmaline, 1963 ; le Manège au fond de l'eau, 1965). Visitants (1979) et Girl Green as Elder Flower (1980) confirment, sous des formes très différentes, son talent de romancier. Poète (Premier Acte, 1957 ; Un silence contrefait, 1969), il écrit aussi des livrets pour le compositeur Peter Maxwell Davies.

Strabon

Historien et géographe grec (Amasée du Pont 64 av. J.-C. – v.  24 apr. J.-C.).

Strabon, qui vécut à Alexandrie et à Rome, a écrit des Commentaires historiques, perdus, et la Géographie, en 17 livres presque entièrement conservés. L'auteur y décrit la terre habitée de l'ouest vers l'est (L. III-XVII), rend compte des ouvrages de ses prédécesseurs, en réunissant les méthodes et les aspects divers de la géographie antique ; il s'attache à l'histoire politique ou économique des régions qu'il parcourt. Source importante de documentation, peut-être écrite pour les Romains, la Géographie se veut encore une œuvre de réflexion et une œuvre utile pour qui gouverne. Elle ne bannit pas cependant les récits légendaires, intégrés aux développements.

Strachey (Lytton)

Écrivain anglais (Londres 1880 – Hungerford, Berkshire, 1932).

Il donne avec Victoriens éminents (1918) de superbes portraits de Manning, de Florence Nightingale, d'Arnold et de Gordon, publie une biographie de la Reine Victoria (1921), puis Élisabeth et Essex (1928). Personnage central du groupe de Bloomsbury, il a échangé, pendant vingt ans, une correspondance avec Virginia Woolf, qui, en 1909, avait décliné son offre de mariage.

Straparola (Giovan Francesco)

Écrivain italien (Caravaggio, Bergame, v. la fin du XVe s. – v. 1557).

Il est l'auteur d'un recueil de 75 nouvelles, Nuits facétieuses (1550-1553). Racontés, sur le modèle du Décameron, par des servantes et des gentilshommes dans le cadre de l'île de Murano, au cours de 13 nuits de carnaval, ses contes et fables doivent beaucoup de leur intérêt et de leur succès à ses emprunts à la tradition et à la langue populaires.

Strasberg (Lee)

Acteur et professeur d'art dramatique américain (Boudanov, près de Tarnopol, Ukraine, 1901 – New York 1982).

Ayant débuté comme acteur, il crée en 1931 la troupe expérimentale du Group Theater. En 1948, il est appelé par Elia Kazan à la direction de l'Actor's Studio. Utilisant la psychanalyse, le psychodrame et les théories de Stanislavski, il cherche à former l'acteur au « sous-texte » non écrit et à le libérer des résistances imposées par l'éducation et la société qui l'empêchent de représenter d'autres personnages que le sien. En 1974, il avait repris sa carrière d'acteur dans le Parrain II de Coppola.

Strasimirov (Anton)

Écrivain bulgare (Varna 1872 – Vienne 1937).

Apparenté au mouvement populiste et attentif aux événements politiques et sociaux qui secouent son pays, il retrace dans ses romans la dictature de Stambolov (Une époque trouble, 1902), évoque les mœurs du siècle dernier (Jours d'automne, 1902 ; Rencontre, 1904 ; Carrefour, 1904), dénonce les atrocités commises par le pouvoir lors de l'insurrection de septembre 1923 (la Ronde, 1926), ou s'inspire des luttes héroïques livrées par les Macédoniens pour s'affranchir de la domination turque (les Esclaves, 1929-1930). Il est également l'auteur de drames, dont certains furent joués au Théâtre national de Sofia.

Stratiev (Stanko Miladinov, dit Stanislas)

Écrivain bulgare (Sofia 1941 – id. 2000.)

Auteur de nouvelles et de récits (Un canard sauvage au milieu des arbres, 1972), c'est par son œuvre théâtrale que Stratiev acquiert une notoriété nationale et internationale. La dérision et l'absurde sont les deux pivots d'une œuvre théâtrale satirique qui refuse la dramaturgie traditionnelle et use d'un humour caustique pour dénoncer les vices de la société actuelle. La bureaucratie et ses corollaires (stupidité, folie des grandeurs, égocentrisme, cruauté) sont sa cible privilégiée. Le grand intérêt de ses pièces vient de son habileté à se servir de l'absurde du vécu et du grotesque, mais le rire est remplacé progressivement par la perplexité devant un monde « dans lequel se manifestent uniquement les tics de l'aliénation ». Le thème fondamental de tout son théâtre est « l'humiliation de l'homme dans une réalité cauchemardesque » (Veste de velours, 1969 ; le Bus, 1970 ; De l'autre côté, 1994).

Strauss (Botho)

Écrivain allemand (Naumburg an der Saale 1944).

Cet ancien critique théâtral et assistant de Peter Stein apparaît désormais, par ses pièces (la Trilogie du revoir, 1976 ; Grand et Petit, 1978 ; Kalldewey, farce, 1981; le Parc, 1983) et ses récits (la Dédicace, 1977 ; Raffut, 1980 ; le Jeune Homme, 1984 ; Demeure, pénombre, mensonge, 1994 ; les Erreurs du copiste, 1997), comme un représentant significatif de la résignation mélancolique qui s'est emparée des intellectuels allemands après 1968. Ses personnages sont des êtres écorchés, aliénés, incapables de surmonter « l'infranchissable proximité » qui les sépare. Après 1989, son « théâtre mental » aux intrigues fragmentaires porte un regard acéré sur l'Allemagne nouvellement réunifiée (Chœur final, 1991 ; l'Équilibre, 1993). Il obtient le prix Georg Büchner en 1989.

Strauss (Emil)

Écrivain allemand (Pforzheim 1866 – Fribourg 1960).

Après ses études, il fuit la ville et la civilisation, passant plusieurs années au Brésil. C'est à son retour en Allemagne (1896) qu'il commença à écrire. On lui doit des pièces de théâtre (Don Pedro, 1899 ; Patrie, 1923), des nouvelles (le Voile, 1920), une autobiographie (Ludens, 1955) et des romans. Il trouve la célébrité avec le premier Schülerroman, l'Ami Hein (1902). Le Jouet géant (1934) montre l'itinéraire d'un intellectuel qui trouve les vraies valeurs dans le retour à la terre. Ces thèmes néoromantiques firent de E. Strauss un auteur très prisé sous le IIIe Reich.