Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Baczynski (Krzysztof Kamil)

Poète polonais (Varsovie 1921 – id. 1944).

À 19 ans, il est l'un des soldats du groupe d'assaut « Zośka » de la résistance à Varsovie. Il combat les Nazis par les armes, mais aussi avec sa plume, multipliant les articles pour les revues clandestines et les poèmes diffusés, malgré l'interdit allemand qui condamne à mort l'auteur et le lecteur de toute plaquette de littérature polonaise. Cinq cents poèmes de Baczyński ont échappé à la destruction. Ses inclinations le destinaient au pur lyrisme, il n'a pu éviter d'aborder le thème de la guerre et de l'acte patriotique. Ses visions complexes, pleines de métaphores et de symboles, sous-tendues par un profond romantisme, font contraster les images de l'anéantissement avec celles d'un univers de pureté et de beauté, inspirées par la nature, le sentiment amoureux, le mysticisme. Dans ses réflexions, il oppose le devoir du soldat porteur de mort à celui de l'artiste créateur de vie. Sa poésie, dramatiquement traversée par des images poignantes de souffrance, tend constamment à saisir le mystère de l'existence et à rechercher l'acte créateur par excellence au moyen d'associations polysémiques et de structures visionnaires. Sa conception du martyre rédempteur fait espérer au jeune poète l'intégration de sa création dans la sphère des actes primordiaux, sa fusion avec la nature et avec Dieu. Les poèmes d'amours écrits pour sa jeune épouse Barbara ont ému plusieurs générations de Polonais. Ils ont permis à une œuvre poétique merveilleuse, mais combattue par la censure marxiste pour sa dimension philosophique, de demeurer vivante en l'absence de toute publication pendant des décennies. Les œuvres complètes ont été éditées en 1970. Certains de ses textes ont été mis en musique, ce qui leur a valu une immense popularité. Baczyński disparut le quatrième jour de l'insurrection de Varsovie, à 23 ans. Son épouse Barbara fut tuée deux jours plus tard. Couple mythique, ils ont une tombe commune au cimetière de Powązki, où sont enterrés les héros nationaux polonais.

badi

Mot arabe traduisant l'originalité et appliqué, en ce sens, à la science des figures de rhétorique permettant d'embellir le style.

Fixées pour la première fois, de façon systématique, par Ibn al-Mu'tazz, à la fin du IXe siècle, les règles et les divisions du badi' furent l'objet de discussions et de développements de la part des auteurs postérieurs, notamment Abu Hilal al-'Askari. L'exercice du badi' est parfois rattaché à la science plus générale de la rhétorique (balagha).

Badian (Seydou Badian Kouyaté, dit Seydou)

Écrivain malien (Bamako 1928).

Docteur en médecine, proche collaborateur de Modibo Keita, il est déporté à Kidal, en 1968, après sa chute. Libéré en 1975, il vit en exil à Dakar. Dans ses romans (Sous l'orage, 1957 ; le Sang des masques, 1976 ; Noces sacrées, 1977) et au théâtre (la Mort de Chaka, 1961), il se montre un défenseur éclairé de la tradition.

Badius (Josse Bade, dit Jodocus) , surnommé Ascensius

Imprimeur et humaniste d'origine belge (Asse, près de Bruxelles, 1462 – Paris 1535).

Correcteur chez Jean Trechsel, puis Robert Gaguin, installé à son compte en 1500, il vulgarisa la culture humaniste par ses éditions annotées de classiques latins, telles les Nuits attiques d'Aulu-Gelle, par ses manuels scolaires et par ses commentaires (Navis stultarum). Il refondit en 1510 le Catholicon, dictionnaire latin-français qui doit à sa célébrité d'avoir inspiré le titre de la première édition de la Satire Ménippée.

Badr (Lyana)

Romancière palestinienne (Jérusalem 1951).

Chassée de Jéricho avec sa famille lors de la guerre des Six Jours (juin 1967), elle connaît l'exil (Jordanie, Liban, Damas, Tunis). Son écriture est celle d'un double engagement : de femme (dans les camps de réfugiés) et de Palestinienne (Une boussole pour un tournesol, 1979 ; Moi, je veux le jour, 1985 ; l'Œil du miroir, 1991 ; les Étoiles de Jéricho, 1993).

Baekelmans (Lode)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Anvers 1879 – id. 1965).

Bibliothécaire de sa ville natale, il en évoque, après des débuts marqués par l'influence de Maupassant (le Rôdeur et la Ville somptueuse, 1904), le port et les petites gens (Tille, 1912 ; Mr Snepvangers, 1918).

Baggesen (Jens)

Écrivain danois (Korsør 1764 – Hambourg 1826).

Classique du XVIIIe s., il donna à l'ode et à l'élégie un contenu sentimental et humoristique (Récits comiques, 1785). Il rapporta d'un long séjour à Paris le Labyrinthe (1792-1793), en grande partie inspiré des Confessions. Ouvert, à ses débuts, à la double influence de Rousseau et de Kant, il se rapproche ensuite des romantiques ; son épître à Œhlenschläger (De Noureddin à Alladin, 1806) provoque une polémique semblable à la querelle des Anciens et des Modernes.

Bagrjana (Elisaveta Belčeva, dite Elisaveta)

Poétesse bulgare (Sofia 1893 – id. 1991).

En dehors des courants et des écoles, elle a comme principales sources d'inspiration l'amour (« le poème est le sismographe du cœur »), le désir d'évasion à travers les thèmes de l'océan et du voyage, et le droit de la femme à vivre en dehors des préjugés et des contraintes (l'Éternelle et la Sainte, 1927 ; Étoile du marin, 1932 ; Cœur humain, 1936 ; Cinq Étoiles, 1953 ; D'une rive à l'autre, 1963 ; Contrepoints, 1972).

Bahr (Hermann)

Écrivain autrichien (Linz 1863 – Munich 1934).

Dramaturge, romancier prolixe, essayiste, théoricien de l'art, cible préférée du satiriste Karl Kraus, il a été en politique comme en littérature le propagateur et souvent le précurseur (« l'homme de l'après-demain ») de toutes les modes de son époque : du socialisme jusqu'au catholicisme politique, en passant par le pangermanisme, du symbolisme jusqu'à l'art confessionnel et l'expressionnisme. La quasi-totalité de son œuvre est oubliée. Son nom reste attaché à la « Jeune Vienne » et à la recherche de l'identité autrichienne.

Bahrianyï (Ivan Pavlovytch)

Écrivain ukrainien (Kouzemyn 1907 – Neu Ulm 1963).

Il débuta comme poète avec deux œuvres explosives : un recueil Vers les limites de l'interdit (1927), et un poème, Ave Maria (1929). Il refusa de se ranger parmi les poètes qui chantaient la collectivisation. En 1933, il fut condamné à cinq ans de camp de concentration, d'où il s'évada et rentra en Ukraine. Il fut emprisonné, mais en 1945, il fuit le régime soviétique, vécut d'abord en Autriche, puis définitivement en Allemagne. Il publia toutes ses œuvres en prose en exil. Dans son roman le Jardin de Géthsémani (1950), il évoque les prisons et les camps de concentration soviétiques, détruit le mythe de la révolution, dénonce le totalitarisme et fait la lumière sur la répression en U.R.S.S.