Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Saint-Gelais (Mellin de)

Poète français (Angoulême 1491 – Paris 1558).

Aumônier, puis bibliothécaire du roi Henri II et type accompli du poète de cour, il tenta vainement en 1550 de supplanter Ronsard dans la faveur royale, mais finit par s'amender de ses attaques contre ce dernier. Ses Œuvres poétiques (1574), constituées essentiellement de pièces de circonstance d'inspiration légère (épigrammes, madrigaux, étrennes), dénotent un émule de Marot qui fut, à l'instar de son maître, l'un des premiers poètes à introduire en France le genre du sonnet. On lui doit également une traduction française de la Sophonisbe de Trissino, représentée à Blois en 1554.

Saint-Gelais (Octovien de)

Poète français (Château de Cognac 1468 – 1502).

Homme de cour puis évêque d'Angoulême, il composa des pièces lyriques et le Séjour d'honneur (1489-1494), idéalisation courtoise de l'amour. Il traduisit en vers français des textes latins (dont l'Énéide de Virgile et les Héroïdes d'Ovide).

Saint-Georges de Bouhélier (Stéphane Georges de Bouhélier-Lepelletier, dit)

Écrivain français (Rueil 1876 – Montreux 1947).

Poète, il débute dans les années de « crise du symbolisme », où se dessine une réaction contre l'hermétisme de Mallarmé et les abstractions du symbolisme. C'est ainsi qu'il participe à l'émergence du « naturisme » dans la Plume, avant de fonder, en 1897, la Revue naturiste, dévolue à un renouveau poétique associant la simplicité de l'expression à une perception plus immédiate de la vie. Si la nouvelle école fait long feu, elle inspirera son œuvre poétique (Églé ou les Concerts champêtres, 1897 ; Chants de la vie ardente, 1902), ses romans, et il en fera la théorie dans Éléments d'une renaissance française (1899). C'est au théâtre sans doute qu'il parviendra le mieux à opérer cette synthèse curieuse de vérisme et de symbolisme qu'il prônait, particulièrement dans le Carnaval des enfants (1910). Il compose également, parmi d'autre pièces, un Œdipe roi de Thèbes, que montera Firmin Gémier en 1919, ainsi qu'une Tragédie de Tristan et Yseult (1923) et le Sang de Danton, grande fresque révolutionnaire (1931).

Saint-Hélier (Berthe Briod, dite Monique)

Femme de lettres suisse d'expression française (La Chaux-de-Fonds 1895 – Chambines, Eure, 1955).

Contrainte par la maladie à vivre alitée dans son appartement parisien où elle recevait Rilke, Ghéon, Maritain, Paulhan, elle ressuscite par le rêve et le souvenir les lieux de son enfance. Accordant une place importante à la poésie, la Cage aux rêves (1932), Bois-Mort (1934), Cavalier de paille (1936), le Martin-pêcheur (1953), l'Arrosoir rouge (1955) relatent les heurs et malheurs de trois familles, sans que soient négligés le point de vue et la sensibilité des femmes.

Saint-Hyacinthe (Hyacinthe Cordonnier, dit Themiseul de)

Écrivain français (Orléans 1684 – Genecken, près de Breda, 1746).

En Hollande, il se fit connaître par deux périodiques, le Journal littéraire (1713) et l'Europe savante (1718). Les Lettres écrites de la campagne (1723) et les Recherches philosophiques (1743) montrent un libre-penseur déiste et sceptique. Sous le nom du Dr Mathanasius, il publia le Chef-d'œuvre d'un inconnu (1714), parodie de l'érudition classique, par laquelle il intervenait aux côtés des Modernes dans la querelle qui les opposait aux Anciens.

Saint-John Perse (Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature)

Poète français (Pointe-à-Pitre 1887 – Giens, Var, 1975).

On attendait de ce diplomate qu'il établît des liens et des compromis. Poète, il se voua à la solitude et à l'intransigeance. Il fit carrière aux Affaires étrangères : secrétaire d'ambassade à Pékin (1916-1921), directeur de cabinet de A. Briand (1925-1932), secrétaire général du Quai d'Orsay (1933-1940). Mis en disponibilité (il fut accusé de « bellicisme » par le gouvernement de Vichy), il se fixa aux États-Unis en 1941, où il fut, jusqu'en 1946, conseiller de la bibliothèque du Congrès à Washington. Il ne regagna la France qu'en 1957, et reçut, en 1960, la consécration du prix Nobel.

   Les premiers poèmes de son adolescence sont programmatiques : « Images à Crusoé ». Il y a là l'île et la mer qui l'encercle, l'homme isolé et qui doit recréer le monde à son propre usage, à la double écoute de ses souvenirs et des bruits de la nature. Mouvements de l'âme, souffles des vents, rythmes des eaux composent une rhétorique des éléments, qui se teindra d'abord d'exotisme (Éloges, 1911), avant de s'épurer en tectonique de l'expression (Exil, 1944 ; Vents, 1946 ; Amers, 1957). La poésie, comme un ressac, porte vers la note la plus haute l'haleine de la terre et le souffle de l'esprit, avant de ramener graduellement l'exaltation à la paix et au nouveau désir : non dans la perspective de l'absurde, mais dans l'éternel retour aux sources de la vie, des ambitions, des songes (Anabase, 1924 ; Chronique, 1960). Nature et culture participent à un même rituel : l'évocation de Cyrus ou d'Alexandre, le triomphalisme de Pindare, l'imagination présocratique sur la structure du monde, les « tableaux » en lesquels se figent les grandes conquêtes et « transhumances » de l'histoire se fondent dans un verset qui épouse la cadence du corps, mais un corps curieusement immobile, qui se laisserait pénétrer par tous les effluves et frémissements extérieurs. La poésie à la fois comme mélopée et comme houle, apportant le mystère et son déchiffrement, selon un double mimétisme : elle s'ouvre au monde pour en intérioriser le rythme (« Mais de la mer il ne sera question, mais de son règne au cœur de l'homme »), le monde sort transfiguré de son passage par le langage (« la poésie devient la chose qu'elle appréhende »). La poésie comme aventure, qui recouvre exactement le destin de l'homme, attiré par un horizon qui se dérobe sans cesse et par un passé qui s'efface peu à peu et dont ne subsistent que des couleurs éparses, traces fugitives et brillantes d'une odyssée sans Ithaque (Oiseaux, 1963 ; Chanté par celle qui fut là, 1969 ; Chant pour un équinoxe, 1975), et qui d'ailleurs, curieusement, chez ce poète de l'éloge et de l'homme, finit par inclure sa propre négation : « Singe de Dieu, trêve à tes ruses. »