Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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poste. (suite)

• Entre les années 1930 et les années 1980, la poste passe de l'ère de l'automobile à celle de l'avion, de l'ordinateur et du TGV, et voit tripler en vingt ans le trafic annuel du courrier, qui passe de 8 à 24 milliards d'objets entre 1964 et 1984. Mais, face aux exigences des entreprises - qui produisent 80 % du courrier -, devant l'effritement des monopoles, l'explosion de la concurrence et l'internationalisation croissante, le statut d'administration, même assoupli, s'avère progressivement inadapté. En 1991, elle devient un exploitant public autonome (« La Poste »). Elle continue à autofinancer ses missions de service public sans l'aide du contribuable, et tout en étant pleinement responsable de sa stratégie, de sa gestion, de son personnel et de ses résultats : ses relations avec ses clients relèvent du droit commercial. Elle peut investir à l'étranger et fixer elle-même les tarifs de ses services en concurrence. Établissement public, elle applique néanmoins les méthodes de gestion des entreprises privées. En 2006, elle crée la Banque Postale qui s'occupe de l'ensemble de ses services financiers, tandis qu'elle perd le monopole de l'acheminement du courrier sur les lettres de plus de 50 grammes.

Poujade (mouvement),

nom donné au mouvement politique constitué autour de Pierre Poujade, et qui recueille une forte audience pendant une brève période, de 1953 à 1956.

Le succès du mouvement Poujade apparaît nettement dans l'écart entre l'agitation antifiscale dans une petite ville du Lot (1953) - qui constitue son point de départ - et la présence, trois ans plus tard, au Palais-Bourbon, de cinquante-deux députés du groupe Union et fraternité française, portés par 2,5 millions de voix lors des élections législatives de janvier 1956. Entre-temps, il est vrai, le mouvement Poujade a assez largement changé de nature. Né de l'opposition d'un commerçant, Pierre Poujade, au renforcement des contrôles fiscaux, à un moment où le ralentissement de l'inflation accroît le poids des impôts, le mouvement s'étend bientôt géographiquement et socialement. Les élections de janvier 1956 traduisent cet élargissement de sa base, alors qu'il n'avait pas, à l'origine, de visée électorale : dans les 12 % de votants qui portent leurs suffrages sur les candidats poujadistes, les commerçants et les artisans sont rejoints par des paysans et par une fraction de la bourgeoisie proche de l'extrême droite.

Cette réussite s'explique surtout par la personnalité de Pierre Poujade : meneur charismatique, « fort en gueule », il incarne une France opposée à l'intrusion de l'État dans les intérêts privés, roublarde dans ses rapports avec le pouvoir, soupçonneuse à l'égard des puissants. Né en 1920, issu de la petite bourgeoisie, Poujade ouvre après la guerre une librairie-papeterie à Saint-Céré (Lot), dont il devient conseiller municipal en 1953. Son action d'éclat contre les contrôles fiscaux est relayée par la création de l'Union des commerçants et des artisans (UDCA), qui tient son premier congrès national à Alger, en novembre 1954. Au plus fort du mouvement, en 1956, lorsque l'UDCA compte quelque 200 000 adhérents, le poujadisme reste étroitement lié à son chef, sans déboucher sur une organisation structurée ou sur une stratégie politique.

Antiparlementariste mais présent aux élections législatives de 1956, fasciné par l'empire colonial mais défenseur d'une France repliée sur elle-même, le mouvement Poujade conjugue des positions contradictoires. Son succès est essentiellement celui des « bons mots » de son chef, qui appelle à « sortir les sortants » et exhorte, avec des accents xénophobes et populistes, à lutter « contre les trusts apatrides, les trusts électoraux, contre le gang des exploitants, le gang des charognards ». C'est aussi celui d'une rencontre entre un homme et une partie de la société française, celle des « travailleurs indépendants », malmenée par la modernisation.

PPF (Parti populaire français),

formation politique créée en 1936, disparue en 1945.

La création du PPF, en juin 1936, correspond à une restructuration de l'éventail des forces politiques de droite, consécutive à la victoire du Front populaire. Le PPF, toutefois, se présente comme une organisation très différente des ligues dissoutes qui se reconstituent en partis. Fondé, animé, dominé par un ancien dirigeant communiste exclu du PCF en 1934, Jacques Doriot, le PPF résulte de la conjonction d'éléments divers : ouvriers de Saint-Denis (la mairie de Doriot) ; anciens communistes, tel Henri Barbé ; intellectuels, comme Bertrand de Jouvenel ou Pierre Drieu La Rochelle ; anciens Croix-de-Feu, comme Pierre Pucheu qui fait le lien avec les milieux d'affaires bailleurs de fonds du parti.

Le PPF est souvent considéré comme la seule formation française présentant de sérieuses analogies avec les fascismes italien ou allemand. Parti de masse (il aurait compté 100 000 membres à son apogée, en 1937), au recrutement populaire, doté d'un rituel fusionnel à forte charge affective, vantant les mérites d'un nationalisme révolutionnaire et le dépassement des clivages (« Ni gauche, ni droite : France d'abord ! », selon le slogan de Simon Sabiani, en 1934), le PPF repose en grande partie sur le culte du chef. Il prône également une organisation sociale corporatiste, où le capitalisme serait non pas supprimé, mais contrôlé. Toutefois, à la veille de la guerre, le PPF n'est plus qu'un groupe marginal, fortement concurrencé par le Parti social français (PSF) du colonel de La Rocque, plus traditionaliste et qui séduit davantage la clientèle conservatrice. En outre, la formation ne peut résoudre le difficile problème de ses rapports avec les fascismes étrangers : la division entre « munichois » et tenants d'une attitude de « résistance » l'affaiblit gravement au début de 1939. Pendant la guerre, Doriot tente de remettre le PPF sur pied, mais, malgré tous ses efforts, n'arrive pas à convaincre les Allemands - qui l'utilisent comme moyen de pression sur le gouvernement de Vichy - de le laisser accéder au pouvoir. Ses maigres troupes servent de supplétifs aux forces de répression allemandes, avant de disparaître dans la débâcle de 1945.