Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Gournay (Jacques Claude Marie Vincent de), (suite)

Fondateur d'une véritable école de pensée libérale en France, antérieure à la physiocratie, il a exercé une influence intellectuelle considérable, bien qu'il n'ait publié aucun traité. Il a simplement traduit l'économiste anglais Josiah Child et rédigé de nombreux rapports et mémoires, dont les idées ont été diffusées par ses proches, tels l'abbé Morellet ou Turgot. Les historiens ont récemment redécouvert son œuvre, soulignant l'originalité d'un libéralisme soucieux d'harmonie sociale, favorable à une concurrence équilibrée par un État-arbitre, et hostile au capitalisme monopolistique.

Gournay-sur-Aronde (sanctuaire de),

important sanctuaire celtique du nord de la France (Oise), élevé à partir du IIIe siècle avant J.-C. par des Gaulois Belges.

Les fouilles effectuées entre 1975 et 1984 ont apporté sur les pratiques religieuses celtiques du nord de la France quantité d'informations nouvelles.

Le sanctuaire implanté à l'intérieur d'une place forte en plaine, couvrant une douzaine d'hectares, et protégée par plusieurs systèmes de fossés et de levées de terre palissadées. Le sanctuaire lui-même, aménagé à proximité d'un marécage, se présente comme un vaste fossé de 2,5 mètres de largeur et de 2 mètres de profondeur, entourant une surface quadrangulaire d'une quarantaine de mètres de côté, dotée d'une seule entrée. Ce fossé, qui comportait un cuvelage de bois, était doublé à l'extérieur par une haute palissade, qui protégeait des regards l'ensemble des activités, et par un talus.

À l'intérieur se trouvait un petit bâtiment quadrangulaire en bois. Il fut reconstruit plusieurs fois, et finalement remplacé, vers le IIIe siècle après J.-C., par un fanum, petit temple gallo-romain en pierre : une preuve claire de la continuité des lieux de culte gaulois, même si le sanctuaire sous sa forme classique n'était plus utilisé depuis 70 avant J.-C. environ. Dans le bâtiment, une vaste fosse était destinée à recevoir les corps de bœufs sacrifiés, dont les têtes étaient exposées sur la palissade d'enceinte. Le long de celle-ci étaient également dressés de nombreux trophées guerriers, comparables à ceux des Grecs ou des Romains, et composés d'armes, sans doute prises à l'ennemi. On en a retrouvé plus d'un millier - épées, fourreaux, plaques de bouclier, pointes de lance -, très souvent brisées ou martelées, parfois accompagnées de parures masculines : l'ensemble constitue l'une des plus importantes collections d'armes du monde celtique. Une douzaine d'individus décapités ont également été découverts dans le fossé, où venaient s'entasser les armes des trophées, une fois les corps décomposés.

L'ensemble du sanctuaire semble donc voué à l'exaltation de la guerre et rappelle aussi bien d'autres sanctuaires belges, tel celui de Ribemont, que les portiques en pierre retrouvés dans le Midi, à Roquepertuse ou à Entremont.

Goussier (Louis Jacques),

collaborateur de l'Encyclopédie (Paris 1722 - id., 1799).

Issu des milieux populaires de la capitale, Goussier suit, autour de 1740, les cours de Prémontval à l'école gratuite de mathématiques que celui-ci vient d'ouvrir près de la place Maubert, à Paris. C'est dans ce cercle « pré-encyclopédique », réputé pour son esprit antireligieux, qu'il reçoit sa formation. Devenu maître de mathématiques, il travaille, sans doute en 1746, avec La Condamine à la mesure du méridien. En 1747, d'Alembert l'emploie à la préparation de l'Encyclopédie : il est chargé de dessiner et de revoir les planches du futur ouvrage. Dès lors, pendant une vingtaine d'années, il participe à l'aventure encyclopédique et en devient l'un des principaux collaborateurs, très apprécié de Diderot. Pour réaliser ses planches, d'une extraordinaire qualité graphique, il voyage à travers le royaume et mène des enquêtes sur le terrain, dans les fabriques, les forges ou les manufactures. Il exécute ainsi 900 des 2 000 gravures signées que contient l'ouvrage. En outre, sa maîtrise des différentes techniques lui permet de rédiger une soixantaine d'articles sur des sujets aussi divers que la facture d'orgues, la coupe de pierre, la lutherie, la serrurerie, l'horlogerie ou la fonderie de canons. À partir de 1767-1768, il travaille avec un scientifique amateur, le baron de Marivetz, élaborant notamment de nombreux tracés de canaux, projets voués à l'oubli, malgré leur qualité technique. Cette collaboration prend fin en 1789, en raison d'une opposition politique entre les deux hommes. Favorable à la Révolution, Goussier travaille alors auprès de diverses institutions : ministère de l'Intérieur, Comité de salut public et Conservatoire national des arts et métiers. Lorsqu'il meurt, en 1799, il fait l'objet de deux notices nécrologiques ; mais, pour la postérité, le véritable hommage lui a été rendu par Diderot, qui a fait de lui le personnage de Gousse dans Jacques le Fataliste.

Gouvernement révolutionnaire,

gouvernement provisoire institué par la Convention entre le 19 vendémiaire an II (10 octobre 1793) et le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795).

Sur la base d'un rapport de Saint-Just, la Convention décrète : « Le gouvernement sera révolutionnaire jusqu'à la paix. » Le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), elle organise ce gouvernement en affirmant le principe de « centralité législative » et en coordonnant les diverses institutions créées depuis 1792 : Tribunal révolutionnaire, représentants en mission, Comité de sûreté générale et Comité de salut public. Mais le terme de gouvernement révolutionnaire « qui n'est pour l'aristocratie qu'un sujet de terreur ou un texte de calomnie, pour les tyrans qu'un scandale, pour bien des gens qu'une énigme, [doit être expliqué] à tous pour rallier au moins les bons citoyens » (Robespierre, le 5 nivôse an II). C'est à cette explication que Robespierre se livre devant les conventionnels et le peuple les 5 nivôse et 17 pluviôse an II (25 décembre 1793 et 5 février 1794). Une explication occultée un an plus tard par le discours thermidorien, qui a su transformer un gouvernement collectif en un appareil d'État séparé, exerçant son pouvoir sur une Convention stupéfiée et une société civile rendue irresponsable.