Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Bibliothèque nationale de France, (suite)

• Même si la Bibliothèque royale est ouverte au public depuis 1692, c'est surtout à partir du début du XIXe siècle que les lecteurs viennent en nombre consulter les collections de son héritière, la Bibliothèque nationale : l'aménagement de la grande salle de lecture des livres imprimés, confié à Henri Labrouste (1801-1875) et permettant d'accueillir 360 personnes, est achevé en 1868 ; au cours de la même période débute la réalisation de grands catalogues des fonds. Un siècle plus tard, la Bibliothèque est toujours à l'étroit. En 1988 est décidée, à l'initiative du président de la République François Mitterrand, la construction, dans le quartier de Tolbiac, d'un nouveau bâtiment - œuvre de l'architecte Dominique Perrault -, achevé en 1996. En 1994, la création de l'établissement de la Bibliothèque nationale de France, doté de moyens accrus, constitue la dernière étape de cette évolution. Depuis 1997, les deux sites de Richelieu et de Tolbiac (officiellement baptisé du nom de « François-Mitterrand ») fonctionnent en parallèle : le premier, pour abriter les collections spécialisées (manuscrits, estampes et photographies, musique, monnaies, cartes et plans, arts du spectacle) ; le second, les livres imprimés, les périodiques, la phonothèque et les documents audiovisuels.

Mémoire du passé, mémoire de l'avenir.

• Progressivement, les collections nationales ont été étendues à des supports moins traditionnels que le livre, manuscrit ou imprimé, même si l'écrit garde une place prépondérante dans les fonds de la Bibliothèque nationale : près de 350 000 manuscrits, plus de 13 millions de livres, 35 000 titres de périodiques, ainsi que 800 000 cartes et plans, 10 000 atlas, 2 millions de documents musicaux, 12 millions d'estampes, photographies et affiches. Respectant sa mission fondamentale de conservation des collections nationales, la Bibliothèque doit aussi être capable d'ouvrir largement l'accès au savoir. Dans cette perspective ont été accélérées l'informatisation du catalogue général, initiée dès 1970, ainsi que l'ouverture aux nouvelles technologies : les fonds de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) devraient s'ajouter aux documents sonores conservés par la Phonothèque nationale ; l'extension du dépôt légal, en 1977 et en 1992, au multimédia et aux publications sur support électronique justifie le rôle essentiel qu'entend jouer la Bibliothèque au cœur d'un vaste réseau d'échanges de données, notamment par Internet. La Bibliothèque nationale de France a pour vocation d'être la « mémoire de l'avenir ».

Bibliothèque royale,

institution, appelée aussi, durant le Moyen Âge, « Librairie du roy », où étaient conservés les livres appartenant au roi de France.

« Un roi illettré est comme un âne couronné », commence-t-on à dire au XIIe siècle. Les rois et les princes se doivent donc de lire pour s'instruire. Charles V n'est pas le premier à aimer et à collectionner les livres - Saint Louis, par exemple, avait réuni une riche bibliothèque de textes des Pères de l'Église -, mais la librairie qu'il met en place au Louvre présente la nouveauté de ne pas être une bibliothèque privée, mais une institution publique dont la collection appartient à la couronne. À la fin de son règne, elle compte plus de 900 volumes, autant que celle de la Sorbonne. Lors de l'occupation anglaise de Paris, le fonds ainsi rassemblé est dispersé.

C'est François Ier qui donne une nouvelle impulsion à l'institution. Il crée le dépôt légal (28 décembre 1537), afin d'enrichir la collection. Pendant très longtemps, ce système fonctionne irrégulièrement. Le XVIIe siècle, notamment les années 1660-1680, représente un moment de fort accroissement des fonds de la « Bibliothèque du roi », dénomination de la librairie depuis 1618. On dénombre, au début du siècle, 4 712 volumes manuscrits et imprimés, et, à l'orée du XVIIIe siècle, 55 107 volumes imprimés, sans compter les manuscrits, les gravures, les médailles... En 1666, Colbert transfère ces fonds dans deux hôtels de la rue Vivienne, futur emplacement de la Bibliothèque nationale. C'est à peu près à cette époque que le public des érudits est admis, deux jours par semaine, à consulter les ouvrages. La Bibliothèque du roi, qui s'enrichit encore au XVIIIe siècle, devient, sous la Révolution, bien de la nation : ainsi naît la Bibliothèque nationale.

Bidault (Georges),

homme politique (Moulins 1899 - Cambo-les-Bains, Pyrénées-Atlantiques, 1983).

Agrégé d'histoire, journaliste, Georges Bidault est l'un des dirigeants du Parti démocrate populaire (PDP), formation politique d'inspiration démocrate-chrétienne créée en 1924. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se rallie très tôt à la Résistance et au général de Gaulle ; il anime à Lyon, avec Henri Frenay, Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon, le mouvement Combat, puis succède à Jean Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance (CNR) en juin 1943. Ministre des Affaires étrangères de 1944 à 1948, il participe à la fondation du Mouvement républicain populaire (MRP) en 1945. Président du gouvernement provisoire en juin 1946, il est ensuite président du Conseil en 1949-1950, ministre de la Défense en 1951-1952, de nouveau ministre des Affaires étrangères en 1953-1954. À ce titre, il doit s'occuper du projet de Communauté européenne de défense (CED), auquel il est peu attaché, exprimant ainsi un nationalisme en désaccord avec les options fédéralistes de certains de ses amis politiques. Ce nationalisme le conduit surtout à vouloir maintenir l'intégrité de l'empire. N'ayant pu éviter la débâcle de Diên Biên Phu en 1954, il mise sur le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 pour régler la question algérienne. Mais, partisan de l'Algérie française, il est finalement exclu du MRP ; il rejoint alors l'OAS, dont il condamne toutefois les attentats aveugles. Son immunité parlementaire étant levée à partir de 1962, il trouve refuge au Brésil à partir de 1963, il revient en France à la faveur d'une amnistie en 1968.

biens communaux,

sous l'Ancien Régime, partie du finage laissée à la jouissance collective de ses habitants.