Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

France libre, (suite)

Une France patriotique et républicaine.

• La France libre exprime d'abord le rejet patriotique de l'armistice. Un rejet qui provoque, dès l'été 1940, la rupture avec Vichy. Toutefois, le divorce entre les « deux France » se colore de considérations politiques et idéologiques à mesure que les Français libres se posent en défenseurs du patrimoine républicain et démocratique. La prétention du général de Gaulle à rassembler les Français le conduit à se rallier au régime républicain, seul capable, à ses yeux, de satisfaire cette ambition. En outre, la défense des idéaux démocratiques place la France libre et les Alliés sur le même plan idéologique. Enfin, le rapprochement, voulu par de Gaulle, avec une Résistance intérieure fortement enracinée à gauche, ainsi que le ralliement de personnalités telles que Léon Blum ou Pierre Mendès France renforcent cette évolution. La France libre parvient donc à s'imposer à la fois contre Vichy, comme le champion de la cause nationale, et contre les giraudistes, comme l'incarnation de l'idéal démocratique et républicain. De là découlent l'étonnant syncrétisme du nationalisme gaullien ainsi que sa capacité d'attirer des hommes issus d'horizons très divers.

Une reconnaissance difficilement acquise.

• Pour autant, les rapports avec la Résistance intérieure ne sont pas faciles, et il faut attendre 1942 pour que Jean Moulin, délégué du Comité national français, parvienne à engager l'unification de la Résistance intérieure et son ralliement à la France libre, officiellement nommée « France combattante » à partir de juillet. Avec la Grande-Bretagne, les relations demeurent cordiales tant que les prétentions étatiques de la France libre restent discrètes. Mais les affaires de Syrie (1941) ou de Madagascar (1942) soulignent la persistance de vieux antagonismes franco-britanniques. Avec les États-Unis, les relations sont encore plus tendues. En effet, Roosevelt n'admet pas les prétentions gaulliennes, et, par un mélange d'idéalisme et de souci des intérêts américains, il soutient Giraud contre de Gaulle. Les accrochages se répètent à propos du gouvernement provisoire et de la prise du pouvoir à la Libération, au point que les États-Unis ne reconnaissent qu'en octobre 1944 le Gouvernement provisoire de la République française.

France Observateur,

hebdomadaire politique de gauche apparu en avril 1950 sous le titre l'Observateur politique, économique et littéraire, avant d'être rebaptisé France Observateur en avril 1954.

L'équipe fondatrice est composée de Gilles Martinet (rédacteur en chef) et de journalistes issus de Combat, tels Claude Bourdet, Roger Stéphane ou Hector de Galard.

Antistalinien, anticolonialiste, rejetant la logique des blocs, le journal attire à lui un public de jeunes intellectuels déçus par les partis de la IVe République et soucieux de créer les conditions d'émergence d'une nouvelle gauche. D'une diffusion d'abord modeste (guère plus de 15 000 exemplaires), confronté à de lourds obstacles financiers, France Observateur profite de la vague mendésiste du milieu des années cinquante pour accroître son audience. Mais c'est surtout la guerre d'Algérie, à laquelle il s'oppose vivement, qui lui permet de gagner en influence. Favorable à la révolution algérienne, le journal est maintes fois saisi, et ses collaborateurs (Stéphane, Martinet, Bourdet, Barrat) sont traduits devant les tribunaux. Il résiste pourtant. Sauvé par une souscription, d'un tirage dépassant bientôt les 100 000 exemplaires, il contribue à la rénovation intellectuelle d'une gauche en crise après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Très proche du Parti socialiste unifié (PSU), créé en 1960, il n'en devient pourtant jamais l'organe officiel, malgré la tentation de certains de ses rédacteurs.

Les luttes internes et les nouvelles conditions politiques ont raison de France Observateur : après beaucoup d'hésitations, l'équipe décide de faire disparaître le titre pour lancer le Nouvel Observateur (19 novembre 1964), fruit de la réflexion de l'ancienne rédaction et d'une partie des journalistes qui, tel Jean Daniel, viennent de quitter l'Express.

Francfort (traité de),

traité qui met fin à la guerre franco-allemande de 1870-1871.

Signé le 10 mai 1871, ce texte succède aux préliminaires de paix de Versailles, paraphés le 26 février par Thiers et Bismarck, qui prévoient la cession à l'Allemagne des départements du Haut-Rhin (sauf l'arrondissement de Belfort), du Bas-Rhin, des arrondissements de Metz, Thionville et Sarreguemines en Moselle, de Sarrebourg et Château-Salins dans la Meurthe, ainsi que deux cantons des Vosges ; la France doit également verser une indemnité de 5 milliards de francs or, gagée par l'occupation allemande de six départements et de Belfort (qui prendra fin en septembre 1873).

Outre la confirmation de ces préliminaires, le traité, signé par Jules Favre, introduit quelques modifications. Bismarck accepte l'agrandissement de l'arrondissement de Belfort en échange de la cession supplémentaire de 12 communes lorraines. Ainsi, sont annexées 1 694 communes, représentant près de 1,6 million d'habitants. Tout en gardant pour son industrie une ouverture sur la frontière luxembourgeoise, la France doit renoncer aux importantes forges de Moyeuvre ; en outre, elle perd le bassin houiller lorrain, soit 20 % de ses ressources minières et sidérurgiques, et l'industrie chimique et textile des vallées vosgiennes et de Mulhouse.

Les habitants des régions annexées, sans avoir été consultés au préalable, disposent cependant du droit d'option s'ils déclarent qu'ils veulent rester français avant le 1er octobre 1872 ; passé cette date, ils deviendront allemands. Ce choix - parfois dramatique - constitue l'argument du Tour de la France par deux enfants (1877), dont les ventes totalisent 6 millions d'exemplaires en 1901.

Franche-Comté,

ancienne province, dite au Moyen Âge « la comté de Bourgogne », correspondant à l'actuelle Région de Franche-Comté.

À l'époque de la conquête romaine, le peuple gaulois des Séquanes occupe la région qui s'étend du Jura à la plaine de la Saône ; sa cité, Vesontio (Besançon), est au IVe siècle une métropole religieuse. Passée sous la domination des Alamans au Ve siècle, la région fait partie ensuite du royaume des Burgondes, conquis par les Francs en 534.