Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Succession d'Autriche (guerre de la), (suite)

La succession d'Autriche.

• Le problème de la succession d'Autriche était posé depuis qu'en 1713 l'empereur Charles VI, sans héritier mâle, avait promulgué la pragmatique sanction qui visait à transmettre à sa fille Marie-Thérèse l'intégralité du patrimoine des Habsbourg, écartant ainsi d'éventuels prétendants, parmi lesquels l'Électeur de Bavière, Charles-Albert. Pendant plus d'un quart de siècle, Charles VI n'eut de cesse d'obtenir des autres souverains la reconnaissance des droits de sa fille. Lorsqu'il meurt en 1740, la pragmatique sanction est reconnue par les puissances européennes, la dernière en date étant la France, qui, en 1738, avait monnayé son acceptation contre la cession de la Lorraine, possession de François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse, et candidat potentiel à l'Empire.

Mais, à Versailles, un parti anti-autrichien très actif, animé par le comte de Belle-Isle, tente d'entraîner Louis XV et le cardinal Fleury, attachés à une politique de paix, à soutenir les droits de l'Électeur de Bavière, allié traditionnel de la France. Une solution moyenne est alors avancée : la France reconnaît à Marie-Thérèse les possessions familiales des Habsbourg, mais soutient la candidature de Charles-Albert de Bavière à la couronne impériale.

De la guerre de Silésie à la guerre généralisée.

• Ce compromis est mis en échec par les initiatives du nouveau roi de Prusse, Frédéric II, qui, sans déclaration de guerre, envahit la Silésie autrichienne, qu'il conquiert sans coup férir (décembre 1740-avril 1741). C'est l'occasion, en France, pour le parti anti-autrichien et prussophile, auquel Voltaire prête sa plume, de mettre sur pied une vaste alliance, incluant, aux côtés de la Prusse et de la Bavière, la France, l'Espagne et la Saxe. Les armées bavaroises, appuyées par les troupes françaises du maréchal Maurice de Saxe, peuvent ainsi entrer à Prague, y faire couronner Charles-Albert roi de Bohême (novembre 1741), puis le faire élire empereur sous le nom de Charles VII (janvier 1742). La ligne anti-autrichienne de la diplomatie française semble alors triompher : après avoir été écartés de la succession d'Espagne en 1713, les Habsbourg perdent la couronne impériale, qu'ils détenaient depuis quatre siècles.

C'était sans compter avec la realpolitik de Frédéric II, qui, soucieux de digérer ses conquêtes, signe une paix séparée avec Marie-Thérèse (traité de Berlin, juillet 1742). La souveraine autrichienne, qui s'est assurée du soutien de la noblesse hongroise, peut alors contraindre les troupes franco-bavaroises à évacuer Prague. Elle reçoit aussi le renfort de l'Angleterre, neutre jusqu'alors, mais qui craint pour ses possessions hanovriennes, et qui est aux prises depuis 1739 avec les Espagnols et les Français en Amérique. En 1743, le conflit implique la quasi-totalité des pays européens.

Tandis qu'en Italie, la France soutient les Bourbons d'Espagne et de Naples en des combats confus, elle appuie en Angleterre les tentatives de Charles-Édouard, le « prétendant Stuart », contre le roi George II. Parallèlement, Frédéric II reprend la guerre, remporte une seconde victoire sur l'Autriche, signe une nouvelle paix séparée (1745), et se retire définitivement du conflit, y ayant gagné la Silésie et le surnom de « Frédéric le Grand ».

Entre-temps, Fleury étant mort en janvier 1743, Louis XV a repris l'offensive et porté le conflit sur le territoire des Pays-Bas, vieux théâtre d'affrontements avec les Habsbourg. En quelques mois (1744), l'armée du roi, secondé par Maurice de Saxe, s'empare de nombreuses places fortes (Menin, Ypres, Furnes, etc.). Le 11 mai 1745, à Fontenoy, le maréchal de Saxe écrase les troupes anglo-austro-hollandaises de Cumberland ; puis il achève la conquête des Pays-Bas. La guerre est alors devenue principalement franco-anglaise, d'autant que la mort de Charles VII et l'élection de François Ier de Lorraine (l'époux de Marie-Thérèse) à l'Empire (1745) ont réglé la succession d'Autriche.

Une guerre « pour le roi de Prusse ».

• La lassitude aidant, et devant la menace d'une intervention russe, des négociations s'engagent en 1747. Elles aboutissent au traité d'Aix-la-Chapelle (octobre 1748) : les troupes de Louis XV évacuent les Pays-Bas ; l'élection de François Ier de Lorraine à l'Empire est reconnue ; Français et Anglais se restituent leurs colonies.

Ainsi, Marie-Thérèse s'en sort de manière presque inespérée. Mais le seul vainqueur incontestable est Frédéric II. La modération de Louis XV est mal comprise de l'opinion publique : la France, dit-on, s'est battue « pour le roi de Prusse ». En fait, la restitution des Pays-Bas à l'Autriche ouvre la voie à un « renversement des alliances », qui, en 1755, mettra un terme à la vieille querelle entre la France et les Habsbourg. La guerre de la Succession d'Autriche a mis en lumière les nouveaux antagonismes qui désormais structurent les relations internationales : la rivalité austro-prussienne sur le continent, et la rivalité franco-anglaise sur les mers.

Succession de Bretagne (guerre de la),

conflit dynastique qui oppose de 1341 à 1364 les Blois-Penthièvre et les Montfort, deux partis qui prétendent au titre de duc de Bretagne. C'est également l'un des épisodes de la guerre de Cent Ans.

Au cours des dernières années du règne du duc Jean III de Bretagne, se pose clairement le problème de sa succession. En l'absence d'héritiers directs, le duché peut échoir à Jeanne de Penthièvre, qui revendiquerait ainsi l'héritage de son père, frère cadet du duc ; elle gouvernerait par l'intermédiaire de son mari Charles de Blois. L'autre prétendant est Jean de Montfort, demi-frère du duc. Les prétentions de la première trouvent leur légitimité dans la coutume de Bretagne, alors que celles du second s'appuient sur la coutume de France, qui refuse la succession féminine. Cependant, Jean III meurt sans avoir pris de décision quant à sa succession (30 avril 1341). Les deux prétendants posent alors le roi de France en arbitre, lui demandant, chacun, d'accepter son hommage-lige. Philippe VI accepte finalement celui de Charles de Blois, son neveu (7 septembre 1341). Au même moment, Jean de Montfort s'est déjà emparé de Nantes et du trésor de Jean III, et occupe militairement la totalité du duché. La décision royale rend la guerre civile inévitable.