Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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RPR (Rassemblement pour la République),

parti politique fondé en 1976 par Jacques Chirac et qui succède à l'Union des démocrates pour la Ve République (UDR).

Cette formation revendique l'héritage du gaullisme, c'est-à-dire une « certaine idée de la France » et de l'indépendance nationale, un État souverain et volontariste, un engagement en faveur des droits de l'homme, de la liberté individuelle et du progrès social. Jacques Chirac prend l'initiative de transformer l'UDR en RPR, le 5 décembre 1976, pour faire face à une situation inédite pour le mouvement gaulliste depuis 1958 : la perte du pouvoir. Après l'élection, en 1974, d'un non-gaulliste à la présidence de la République - Valéry Giscard d'Estaing -, dont il devient pourtant le Premier ministre, Jacques Chirac s'oppose au chef de l'État à l'été 1976 et quitte Matignon. Les gaullistes restent dans la majorité mais il leur faut s'adapter pour ne pas être réduits à une simple force d'appoint.

Avec le RPR, dont il est le président, Jacques Chirac se dote d'un outil pour conquérir le pouvoir, avec un objectif immédiat : préparer les élections municipales de 1977, et législatives de 1978. Il réduit l'influence des gaullistes historiques (Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard) au profit d'une nouvelle génération, développe une organisation qui mêle les caractères d'un parti de cadres et d'un parti de masse, fort de 150 000 membres. Cette « machine électorale » permet à son président d'être élu maire de Paris en 1977, et remporte un succès aux législatives de 1978 (22,7 % des voix pour le RPR ; 20,2 % pour l'UDF), mais échoue à l'élection présidentielle de 1981. En 1986, le RPR ayant le groupe parlementaire le plus important, le président de la République François Mitterrand nomme son chef à Matignon. Mais, après un nouvel échec de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988, le RPR connaît de fortes tensions internes, ses membres étant divisés sur la construction européenne (son secrétaire général, Alain Juppé, en accord avec Jacques Chirac, approuve le traité de Maastricht, au contraire de Philippe Séguin et de Charles Pasqua). L'élection présidentielle de 1995 donne lieu à de nouvelles dissensions au sein du RPR, qui voit s'opposer au premier tour deux candidats issus de ses rangs, Édouard Balladur et Jacques Chirac. Ce dernier est finalement élu et nomme au poste de Premier ministre Alain Juppé, qui assure la présidence par intérim du RPR depuis 1994. Mais, après la dissolution de l'Assemblée nationale en avril 1997, et la victoire de la gauche aux élections législatives (juin), Philippe Séguin accède à la tête du RPR (juillet), et tente de le réformer en décidant de l'élection de son président par l'ensemble des militants. Il réaffirme les valeurs traditionnelles du gaullisme pour rassembler les « compagnons », mais le RPR recule lors des élections régionales de mars 1998, certains de ses élus étant même tentés par un rapprochement avec le Front national. Devant le flottement de l'opposition républicaine, et pour retrouver une dynamique électorale, le RPR esquisse une stratégie de rapprochement avec l'UDF en créant une éphémère structure commune, L'Alliance. Mais à l'approche de l'élection présidentielle de 2002, une nouvelle tentative de création d'un grand parti rassemblant diverses tendances de droite, est lancée pour soutenir la candidature de Jacques Chirac. Peu après, l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) voit le jour en 2002 dans laquelle se fondent le RPR ainsi qu'une partie de l'UDF (notamment Démocratie libérale).

rubané,

nom donné à la première civilisation néolithique de la moitié nord de la France, qui introduisit l'agriculture sédentaire et l'élevage dans cette région, durant la première moitié du Ve millénaire.

Le rubané représente, plus précisément, l'extrême avancée occidentale d'une culture néolithique née vers la fin du VIe millénaire en Europe centrale, appelée « culture à céramique linéaire », qui se répandit dans la quasi-totalité de l'Europe tempérée, de la mer Noire à l'Atlantique et des Alpes à la Baltique. Le rubané, ou plus exactement le « rubané récent du Bassin parisien », en est donc une variante régionale relativement tardive et, souvent, de par sa situation périphérique, plus pauvre dans les manifestations de sa culture matérielle. L'appellation « rubané » provient de la manière dont sont décorées les poteries (avec des motifs géométriques rectilignes ou curvilignes gravés sur la pâte fraîche, ou imprimés à l'aide d'outils en os à plusieurs dents). Particulièrement typiques sont les habitations rectangulaires en bois et en terre, qui pouvaient atteindre 45 mètres de long, dont le toit à double pente était supporté par de nombreuses rangées transversales de trois poteaux. Plusieurs villages ont été mis au jour, le plus complet étant celui de Cuiry-lès-Chaudardes (Aisne). Ces villages étaient disposés régulièrement le long des principales rivières du Bassin parisien. Leur économie reposait essentiellement sur l'élevage du bœuf et du porc, accessoirement sur celui du mouton et de la chèvre, et sur la culture des céréales. Les morts étaient inhumés en position fœtale, à l'écart du village, et quelques objets étaient disposés dans leurs tombes. Les défunts étaient souvent porteurs de parures de coquillages, certaines provenant de l'océan Atlantique.

Le rubané, qui supplanta partout le tardenoisien et ses chasseurs-cueilleurs mésolithiques, évolua lui-même sur place. À partir de la seconde moitié du Ve millénaire, on parle du « groupe de Villeneuve-Saint-Germain », qui étendit encore un peu plus la colonisation néolithique vers le sud, la mettant en contact avec le courant néolithique méditerranéen (ou « épi-cardial »). Puis succéda la « culture de Cerny », dans laquelle se firent jour les premiers phénomènes de différenciation sociale (monuments funéraires, enceintes cérémonielles) qui devaient déboucher sur le chalcolithique.

Rubrouck (Guillaume de),

religieux missionnaire (Rubrouck, près de Cassel, Nord, vers 1220 - vers 1270).

Franciscain originaire des Flandres françaises, Guillaume de Rubrouck appartient à l'une des premières générations missionnaires des ordres mendiants du XIIIe siècle qui, alors que la croisade en Terre sainte connaît des signes d'essoufflement, prônent un nouvel idéal d'évangélisation. Très certainement compagnon de Saint Louis pendant la croisade d'Égypte, il est chargé par ce dernier d'une mission évangélique en Asie centrale, vers 1253 ; les ambitions diplomatiques du roi de France sous-tendent ce projet missionnaire chez les Mongols. De retour à Saint-Jean d'Acre, où il est retenu par son ordre religieux, Guillaume de Rubrouck relate son périple asiatique dans deux longues missives adressées au roi (Des mœurs des Tartares, Itinéraire de l'Orient). Il y raconte avec précision les différents aspects de la vie quotidienne des Mongols et y fait part de ses connaissances géographiques acquises sur le terrain (à cette époque, les travaux des géographes arabes sont très peu connus en Occident). Dans le cadre de son action missionnaire, il participe à des débats théologiques avec les bouddhistes et les musulmans notamment, témoignant ainsi de la conception de la mission dans la pensée franciscaine du XIIIe siècle, fondée sur la conversion « pacifique » des peuples, tout en restant au service de fins apologétiques.