Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

armées catholiques et royales, (suite)

Terminée dans les faits, la guerre de Vendée demeurera vivace dans les mémoires, ce qui permettra aux cadres clandestins ayant survécu de remobiliser des troupes en 1815, lors des Cent-Jours, et en 1832, lors de la tentative de soulèvement fomentée par la duchesse de Berry.

armistice de 1918,

accord conclu entre l'Allemagne et les Alliés qui met fin à la Première Guerre mondiale par la suspension des hostilités.

À la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l'année 1918, la Grande Guerre prend fin : l'armistice est signé dans le wagon de commandement du maréchal Foch, stationné à Rethondes, en forêt de Compiègne. C'est le 29 septembre que le général Erich Ludendorff a décidé de demander l'armistice : en effet, non seule-ment l'Autriche-Hongrie, la Bulgarie et la Turquie sont à bout de force, mais même le front allemand menace de s'écrouler. Chez les Alliés, les positions divergent : certains veulent répondre positivement à cette demande, arguant de la lassi-tude extrême des troupes ; d'autres, en revanche, désirent porter la guerre en territoire allemand par une dernière offensive.

Après un mois de négociations, l'Allemagne doit accepter des conditions très dures, qui s'apparentent à une capitulation. Au moment où la commission d'armistice se réunit, l'empereur Guillaume II abdique, et le nouveau gouvernement, menacé par des mouvements révolutionnaires, n'a aucune possibilité de contester les conditions qui lui sont dictées. Matthias Erzberger, un député du centre catholique, ne peut que signer, le 11 novembre. Étant donné les livraisons de matériel militaire qui lui sont imposées, l'Allemagne se retrouve dans l'incapacité de reprendre les hostilités. Les soldats allemands ont deux semaines pour repasser le Rhin, dont les Alliés occuperont une partie de la rive droite.

L'extraordinaire explosion de joie qui salue l'armistice en France prouve bien que les jusqu'au-boutistes, au rang desquels figure le président Poincaré, sont désavoués : il n'est plus question de continuer une guerre d'ores et déjà gagnée.

armistice de 1940,

accord conclu par l'Allemagne et la France le 22 juin 1940 en vue de la cessation des hostilités.

Au milieu du mois de juin 1940, alors que la bataille de France est perdue, le gouvernement se divise. Paul Reynaud, certains ministres et d'autres personnalités, dont Charles de Gaulle alors sous-secrétaire d'État à la Défense, entendent poursuivre le combat à partir de l'Afrique du Nord, projet qui suppose une simple capitulation militaire, de façon à laisser toute liberté d'action au gouvernement en dehors du territoire métropolitain. La solution opposée, l'armistice, d'abord défendue par le général Weygand, puis par Pétain, finit par l'emporter.

Pétain se place autant sur le plan militaire (l'Allemagne a gagné la guerre, la poursuite du combat à partir de l'empire est chimérique) que politique (empêcher un éventuel coup de force communiste et préparer l'avènement d'une « révolution nationale ») et moral (le gouvernement ne saurait abandonner les Français, la défaite est la sanction d'une décadence, et l'armistice la condition du relèvement). Reynaud, croyant avoir été mis en minorité, démissionne le 16 juin au soir. Pétain lui succède aussitôt et, le 17, alors que des contacts sont noués avec les Allemands, annonce au pays, « le cœur serré », qu'il faut « cesser le combat ». Hitler révèle toute son habileté politique en acceptant l'offre française. Son but est alors d'affaiblir la Grande-Bretagne et d'éviter qu'une attitude trop rigide ne précipite la flotte et l'empire français dans le camp britannique.

À Rethondes, le 21 juin 1940, dans le wagon de Foch, la délégation française reçoit, en présence du Führer, les conditions allemandes. L'armistice, signé le 22 avec l'Allemagne, et le 24 avec l'Italie, entre en application le 25. Ses clauses sont draconiennes. La France est divisée en deux zones : l'une, à l'ouest et au nord, soit près des deux tiers du territoire, est occupée par les Allemands, l'autre, au sud, demeure « libre ». Un gouvernement français est maintenu et conserve toute autorité sur l'empire. L'armée française, limitée à 100 000 hommes environ, privée d'armes lourdes, est réduite à assurer l'ordre intérieur. La flotte n'est pas livrée, mais, désarmée, elle doit demeurer dans ses ports d'attache (ce qui la place sous la menace allemande). Les frais d'entretien des troupes d'occupation sont à la charge de la France. Enfin, 1,8 million de prisonniers français resteront détenus en Allemagne jusqu'à la conclusion d'un traité de paix.

L'acceptation ou le refus de l'armistice dressa entre les Français un fossé politique infranchissable : les pétainistes soutinrent que l'armistice atténuerait les malheurs du pays et préparerait son relèvement ; pour les gaullistes, il n'était rien d'autre qu'un acte de trahison.

Armoire de fer,

chambre forte aménagée dans un mur du château des Tuileries par Louis XVI, recelant les papiers secrets de la famille royale, et découverte le 20 novembre 1792.

Une fois la royauté abolie, la Convention est partagée quant à la nécessité de juger le roi. Le débat, qui s'ouvre le 13 novembre 1792, s'éternise et exacerbe les divisions entre montagnards et girondins, ces derniers se déclarant favorables à un ajournement. La découverte de l'Armoire de fer - véritable coup de théâtre - coupe court aux discussions et précipite le procès. Cette dernière livre, en effet, plusieurs centaines de documents révélant des négociations secrètes entre Louis XVI et l'Autriche, ainsi que les liens du roi avec la Contre-Révolution, notamment son soutien aux émigrés, alors aux côtés des puissances étrangères en guerrecontre la France. Elle permet de mettre au jour sa correspondance privée avec nombre de personnalités - Calonne, La Fayette ou Dumouriez, et surtout Mirabeau, rétribué par la cour pour ses conseils. La publication des papiers contenus dans l'armoire émeut fortement l'opinion, engendre un climat de suspicion et nuit considérablement au roi. Ils n'administrent pas la preuve de la trahison de Louis XVI, de sa collusion avec l'étranger, mais ils mettent en évidence sa duplicité et sa résistance précoce à la Révolution : un double jeu qui fournit la base de l'acte d'accusation. Devenus des pièces à conviction, ces papiers jouent un rôle primordial dans le procès qui s'ouvre le 11 décembre, même si Louis XVI choisit de se défendre en niant l'authenticité de textes annotés de sa main.