Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Garde nationale,

force d'autodéfense civique créée au début de la Révolution, en 1789, et supprimée au lendemain de la Commune, en 1871.

Formée de « citoyens soldats », la Garde nationale, police intérieure sédentaire ou mobile, et parfois creuset d'une réserve militaire de défense territoriale, constitue une force considérable avec laquelle les gouvernements doivent compter. Son organisation évoluera au gré des événements et des changements de régime politique. Hormis une brève parenthèse « démocratique » (1792-1795), elle est, jusqu'à la Commune, l'incarnation de la bourgeoisie censitaire, tantôt révolutionnaire, tantôt conservatrice.

Une force active dans les événements politiques.

• L'armement des citoyens s'impose à Paris lors de la crise de juillet 1789, qui voit la prise de la Bastille : il s'agit alors de se défendre tant des armées royales que des débordements populaires. Le 13 juillet, tandis que la capitale est en émoi, le Comité permanent des électeurs, formé à l'Hôtel de Ville, décide la constitution d'une milice bourgeoise de 48 000 hommes, qui, équipés à leurs frais, doivent assurer un service gratuit de garde et de patrouille. Sous les effets de la Grande Peur, l'exemple est bientôt suivi en province, mais inégalement selon les régions, et avec des statuts divers - que l'Assemblée nationale unifiera peu à peu. Par le décret des 29 septembre-14 octobre 1791, cette dernière fait de l'appartenance à la Garde nationale un service obligatoire, réservé aux citoyens « actifs » (ceux qui peuvent exercer les droits politiques). Dépendante des municipalités, et non de l'État, la Garde est une institution ambiguë, hétérogène et souvent divisée : révolutionnaire tout autant que répressive, elle varie de couleur politique selon les réalités locales. Après la révolution du 10 août 1792, elle se démocratise en s'ouvrant à tous les citoyens. À Paris, où elle compte plus de 100 000 hommes au début 1793, elle est le bras armé des sections - radicales dans l'Est populaire, modérées, voire royalistes, dans les beaux quartiers de l'Ouest. Si ses canonniers tiennent le rôle principal lors de la journée qui voit la chute des girondins (2 juin 1793), elle ne devient pas pour autant un instrument de la dictature qui s'ensuit, et n'intervient guère pour sauver les robespierristes le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Réorganisée maintes fois sous la Convention thermidorienne et le Directoire, qui en défendent à nouveau l'accès aux milieux populaires et en brisent les structures urbaines, elle est marginalisée et supplantée par l'armée.

Napoléon Bonaparte conserve l'institution, mais il en exclut Paris, où il crée une garde municipale soldée (1802), et tente de séduire les propriétaires en établissant à leur intention d'inoffensives compagnies d'élite. Cependant, en janvier 1814, face aux menaces d'invasion, il reconstitue la Garde parisienne, qui ne tardera pas à se mettre aux ordres de la Restauration. Sous la monarchie, la Garde nationale est préférée à l'armée, réputée fidèle à Napoléon, et est réorganisée dans tout le pays (1818). Toutefois, elle demeure au service de la bourgeoisie, dont elle est l'émanation. Elle est ainsi dissoute sous Charles X, accusée d'avoir manifesté contre le ministère Villèle (1827), mais, à nouveau sur pied lors des Trois Glorieuses, elle appuie la révolution de juillet 1830. Soutien de Louis-Philippe - le « roi bourgeois » -, elle réprime les émeutes populaires de 1832 et 1834, mais, réformiste, refuse de s'engager lors des journées de février 1848, une attitude qui contraint le roi à l'abdication. Sous la IIe République, elle combat les barricades ouvrières de juin 1848, puis, aisément neutralisée lors du coup d'État du 2 décembre 1851, elle est considérablement réduite, et perd toute influence sous le Second Empire.

Après Sedan et la proclamation de la République, elle est réorganisée par le gouvernement provisoire, dit « de la Défense nationale », ayant pour mission de défendre la capitale assiégée par les Prussiens. Hostile à la capitulation et en réaction aux provocations de l'Assemblée monarchiste issue des élections de février 1871, elle prend une part active dans le déclenchement de la Commune. Refusant que ses canons soient livrés au gouvernement de Versailles, la Garde nationale s'associe à la révolte du 18 mars, et son comité central, élu le 15 mars, et maître de Paris évacué par les versaillais, organise de nouvelles élections pour désigner un conseil général de la Commune. Cependant, en continuant de siéger après la mise en place de cette nouvelle structure, le comité central ajoutera à la confusion du mouvement communard. Près de trois mois après la défaite de la Commune, la turbulente Garde nationale est définitivement supprimée, en août 1871.

Garnier (Marie Joseph François, dit Francis),

militaire et explorateur (Saint-Étienne 1839 - Hanoi 1873).

Officier de marine, issu d'un milieu royaliste, Francis Garnier sert lors de l'expédition de l'amiral Charner en Extrême-Orient (1860-1862) ; il se fixe alors en Cochinchine, où il est inspecteur des Affaires indigènes. En 1866, il accompagne Doudart de Lagrée pour l'exploration de la voie du Mékong ; à la mort de ce dernier, Garnier prend la tête de la mission, qui parvient au Yunnan et descend le Yangzi Jiang (Yang Tsé-kiang) jusqu'à Shangai (1866-1868).

À son retour en France, le jeune officier prend part à la défense de Paris durant la guerre franco-allemande. En 1872, il repart pour l'Asie, où il remonte le Yangzi Jiang jusqu'aux rapides. En 1873, l'amiral Dupré l'envoie secourir le trafiquant d'armes Dupuis, menacé dans son commerce avec la Chine par le vice-roi du Tonkin. Les négociations échouent : sommé de partir, Garnier passe outre et, avec 120 hommes, s'empare de la citadelle de Hanoi, défendue par plusieurs milliers d'Annamites (21 novembre 1873). En un mois, il enlève l'ensemble des forteresses du delta du Sông Kôi (fleuve Rouge). Mais, isolé et sans renforts, il ne peut résister longtemps, et meurt dans une embuscade tendue par les Pavillons noirs (pirates chinois alliés du Tonkin).