Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), (suite)

La CECA est supranationale, car ses décisions s'imposent aux États membres, et son organe dirigeant - la Haute Autorité - est largement indépendant des gouvernements. Sont également prévus un Comité consultatif (représentant les producteurs, les consommateurs et les travailleurs), un Conseil spécial des ministres, une Assemblée parlementaire et une Cour de justice. Le projet est vite adopté, d'abord par la RFA, qui y voit l'occasion d'être un partenaire reconnu ; s'y rallient l'Italie et les pays du Benelux, mais non le Royaume-Uni. Le traité créant la CECA est signé le 18 avril 1951 et entre en vigueur le 25 juillet 1952. Le premier haut commissaire, Jean Monnet, y consacre tous ses efforts et fait de cette expérience un succès, qui préfigure la création du Marché commun.

CED (Communauté européenne de défense),

projet avorté de constitution d'une armée européenne, qui a suscité en France, au début des années cinquante, une querelle idéologique passionnée, « la plus forte depuis l'affaire Dreyfus », selon Raymond Aron.

Après l'invasion de la Corée du Sud par les Coréens du Nord et l'intensification de la guerre froide, les Américains proposent de réarmer l'Allemagne. La priorité est ainsi donnée à la lutte contre le danger communiste, afin de permettre à l'Europe de résister à la menace soviétique. Si la Grande-Bretagne et d'autres pays alliés acceptent ce réarmement, la France s'y oppose, pour des raisons historiques évidentes. Isolée, elle suggère une solution de rechange : c'est le projet Pleven de Communauté européenne de défense (26 octobre 1950). La CED transpose dans le domaine de la défense le principe qui a inspiré la constitution de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), en intégrant au sein d'une armée supranationale des troupes allemandes. Le traité est signé par le gouvernement Pinay le 27 mai 1952, mais il doit être ratifié par l'Assemblée nationale ; or il suscite une farouche opposition - tant des gaullistes, au nom de l'indépendance nationale et du patriotisme, que des communistes, qui considèrent le réarmement allemand comme un danger potentiel. À l'inverse, le MRP tient la CED pour « la plus grande chose accomplie depuis 2 000 ans », car elle accélérerait la construction européenne et favoriserait la paix. Sur cette question, tous les autres partis, notamment les radicaux et les socialistes, sont divisés. Gaullistes et communistes menacent de faire tomber les gouvernements qui soulèveraient la question de la CED.

Cependant, une fois réglé le problème de l'Indochine et celui de la Tunisie, Pierre Mendès France souhaite conclure ce dossier. Il essaie d'obtenir des concessions des Alliés, mais la conférence de Bruxelles se solde par un échec. Le gouvernement refuse alors d'engager sa responsabilité lors du débat du 30 août 1954. Le vote de la question préalable écarte définitivement le projet par 319 voix contre 264. Sur les bancs de l'Assemblée, les adversaires de la CED entonnent la Marseillaise, alors que les parlementaires du MRP crient à la trahison. Si la violente polémique sur la CED a déstabilisé la IVe République, déjà chancelante, elle n'empêche pas cependant la poursuite de la construction européenne, qui sera relancée, deux ans plus tard, dans le domaine de la coopération économique.

Celtes,

nom donné par les auteurs anciens à un ensemble de populations qui occupaient au Ve siècle avant notre ère une zone s'étendant du Bassin parisien à la Bohême, et qui se sont répandues au cours des siècles suivants dans une grande partie de l'Europe.

Ce sont les historiens grecs qui ont désigné ces populations collectivement sous le nom de « Celtes » (Keltoi), tandis que les historiens latins ont utilisé le terme de « Gaulois » (Galli). Les archéologues évoquent, quant à eux, une « civilisation de La Tène », site archéologique proche du lac de Neuchâtel (Suisse), où ont été retrouvés des objets présentant une certaine homogénéité, datés d'avant même Ve siècle. Néanmoins, il est clair que les peuples celtiques n'ont jamais formé une unité politique cohérente, et qu'ils étaient, au contraire, divisés par de constantes rivalités politiques et économiques. Existait-il une unité linguistique permettant de parler d'un groupe de « langues celtiques » ? Ces langues ne sont connues, avant notre ère, que par des inscriptions très éparses et quelques patronymes et toponymes. C'est seulement à partir du Moyen Âge que sont attestées les langues celtiques des îles Britanniques, aujourd'hui partiellement préservées en Irlande, en Écosse et au pays de Galles - le breton étant également d'origine insulaire, et véhiculé au Moyen Âge par des immigrants fuyant les invasions anglo-saxonnes.

Les Protoceltes.

• Au début de l'âge du bronze (vers 1800 avant J.-C.), on identifie, dans cette zone comprenant l'est du Bassin parisien, le sud de l'Allemagne, la Bohême ainsi qu'une partie de la Suisse et de l'Autriche, une certaine unité de culture matérielle, parfois désignée sous le nom de « complexe nord-alpin », parallèlement à d'autres complexes culturels contemporains. Cette unité correspond alors à la civilisation d'Unetice, suivie, à l'âge du bronze moyen, à partir de 1500 avant J.-C., par celle des tumulus et, à l'âge du bronze final, à partir de 1200 avant J.-C., par une partie du « complexe des Champs d'urnes ».

Hallstatt et La Tène : des civilisations celtiques.

• Mais, ce n'est qu'avec le début du premier âge du fer, ou « civilisation de Hallstatt », que l'on peut véritablement parler d'une unité culturelle nette. Elle se caractérise par l'homogénéité des pratiques funéraires (inhumation du mort en position allongée), du type de parure féminine (torques rigides, bracelets, fibules), de l'armement (épées de fer, lances), dont la tradition se poursuivra à l'époque de La Tène. Sur une partie du domaine hallstattien apparaissent, au VIe siècle, d'éphémères « résidences princières », qui contrôlent économiquement de larges territoires. Des tombes somptueuses, telles celles de Hochdorf en Allemagne ou de Vix en France, témoignent de leur richesse.