Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
H

Hexagone,

métaphore désignant la France métropolitaine.

Délaissant le « pré carré » cher à Vauban, la France contemporaine se cherche, auprès des géographes, une forme : octogonale pour Élisée Reclus, pentagonale pour Emmanuel de Martonne, elle se fixe à la fin du XIXe siècle dans le polygone à six côtés. Figure pédagogique d'abord, puisque c'est le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire (1882-1886) de Ferdinand Buisson qui impose la description d'un pays au tracé « symétrique, proportionné et régulier » : mais l'Hexagone demeure une abstraction que ne relaient aucun schéma ni aucune carte. Figure de rhétorique sans figuration, l'Hexagone a d'autant plus de mal à s'imposer que sa symbolique réduit la France aux limites de la métropole, dont la vocation est alors celle d'un empire colonial. Rien d'étonnant donc si l'emploi figuré se trouve consacré au lendemain des épisodes de la décolonisation. Et le logotype hexagonal a désormais rejoint dans l'imaginaire collectif le profil de Marianne.

Hincmar,

archevêque de Reims (806 - Épernay 882).

Élevé à Saint-Denis, Hincmar fréquente la cour de l'empereur Louis Ier le Pieux, dans l'entourage d'Hilduin, abbé de Saint-Denis et archichapelain depuis 822. Dès 840, Hincmar se range aux côtés de Charles le Chauve, fils de Louis, qui lui donne le siège archiépiscopal de Reims, où il est consacré le 9 mai 845. Il devient alors une figure centrale du royaume occidental. En 858, lors de la tentative d'invasion de Louis le Germanique, il organise la résistance de l'épiscopat. Il œuvre aussi pour empêcher le divorce de Lothaire II, petit-fils de Louis le Pieux et roi de Lotharingie, dont le royaume, dépourvu d'héritier légitime, tombe aux mains de Charles le Chauve, qu'Hincmar sacre lui-même à Metz en 869. Il semble cependant perdre de l'influence à la fin du règne, car Charles part en Italie contre son avis. Après la mort de Charles (877), il se comporte quand même comme un tuteur des jeunes rois Louis III le Victorieux et Carloman, pour lesquels il écrit plusieurs traités qui sont autant de programmes de gouvernement.

Le rôle d'Hincmar ne se limite pas au domaine politique : c'est aussi un évêque soucieux de la bonne administration de son diocèse, déployant une intense activité pastorale et défendant âprement ses prérogatives de métropolitain. Il intervient également dans les querelles doctrinales et compose des traités théologiques. Enfin, il entend élever définitivement Reims au premier rang des églises du royaume, et rédige, pour ce faire, une Vie de saint Remi où sont mentionnés pour la première fois le miracle de la sainte ampoule et la légende faisant du baptême de Clovis un véritable « sacre ».

Hoche (Lazare),

général républicain (Versailles 1768 - Wetzlar, Prusse, 1797).

Engagé à 16 ans dans les gardes-françaises, Hoche est caporal au début de la Révolution. Il est promu sergent lorsque son régiment, gagné aux idées nouvelles,est incorporé dans la Garde nationale parisienne en septembre 1789. Chargé, en janvier 1792, de défendre les frontières, il gagne rapidement ses galons de capitaine, se distingue lors de la campagne de Hollande, et prend une part active à la défense de Dunkerque, en août 1793. En octobre de la même année, il reçoit, à l'âge de 25 ans, le commandement en chef de l'armée de la Moselle. À ce poste, il rétablit la situation, libère l'Alsace et contraint les Autrichiens au repli. Mais le général Pichegru, jaloux de ce succès, le discrédite auprès du Comité de salut public, qui le fait arrêter le 1er avril 1794.

Libéré après la chute de Robespierre, Hoche est chargé de pacifier l'ouest du pays. Pour cette délicate mission, il allie la discussion et la force. La stricte discipline qu'il fait régner parmi ses hommes et sa tolérance dans les affaires religieuses lui assurent le respect de la population. Il traque toutefois sans relâche les chefs chouans et vendéens, et, dans le même temps, promet l'amnistie aux insurgés qui déposeraient les armes. En juillet 1795, il contraint à la capitulation les quelque 4 000 émigrés débarqués à Quiberon le 27 juin. L'Ouest n'est plus une menace quand, fin 1796, Hoche prépare une expédition pour soutenir une révolte irlandaise contre l'Angleterre. Mais une tempête fait échouer le projet.

À la tête de l'armée de Sambre-et-Meuse, il entre en campagne pour appuyer l'armée d'Italie au printemps 1797. Victorieux, il arrête sa progression en avril, lorsque Napoléon signe avec l'archiduc d'Autriche l'armistice de Leoben, préliminaire du traité de paix de Campoformio.

Les royalistes ayant gagné les élections de l'an V (avril 1797), les trois directeurs républicains - les triumvirs Barras, Reubell et La Revellière-Lépeaux - font appel aux militaires pour sauver la République. Hoche fait marcher ses soldats sur Paris et reçoit, le 14 juillet, le poste de ministre de la Guerre, poste auquel il doit renoncer sous la pression du Corps législatif. Ses troupes, sous les ordres du général Augereau envoyé par Bonaparte, exécutent le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797).

Le 9 septembre 1797, Hoche meurt au camp de Wetzlar, des suites d'une tuberculose. L'hypothèse d'un empoisonnement criminel a été évoquée, mais, même si la disparition de ce héros de la Révolution est favorable à Bonaparte, elle demeure sans fondement.

Hô Chi Minh (Nguyên Tat Thanh, dit),

révolutionnaire et homme politique vietnamien (Kêm Liên, Annam du Nord, 1890 - Hanoi 1969).

Fils d'un lettré révoqué pour son opposition à la domination française, il connaît une enfance pauvre et s'embarque comme aide-cuisinier sur un bateau pour venir en Europe en 1911. Il vit à Londres, puis à Paris, où il prend le nom de Nguyên Ai Quoc (« Nguyên le patriote ») et exerce un temps le métier de retoucheur de photographies. Militant socialiste, fondateur de la feuille révolutionnaire le Paria, il assiste au congrès de Tours (1920) et opte alors pour la tendance communiste. En 1923, il gagne Moscou, où il achève sa formation politique et d'où il se rend, deux ans plus tard, en Chine puis au Siam. Après avoir animé l'organisation des Jeunesses révolutionnaires indochinoises, il fonde à Hong-kong le Parti communiste indochinois (octobre 1930). Bientôt emprisonné par les Britanniques, puis relâché, détenu à nouveau par les Chinois, il reparaît en 1941 en Chine du Sud. Il est dès lors connu sous le nom d'Hô Chi Minh (« Celui qui donne la lumière »). Fort de l'appui du Kuomintang et des Américains, il fonde, en mai 1941, la Ligue révolutionnaire pour l'indépendance du Viêt-nam (Viêt-minh), organe de résistance contre les occupants japonais. Mais, au lendemain du coup de force du 9 mars 1945, par lequel les Japonais éliminent l'administration française du régime de Vichy, il rompt avec ses alliés modérés et proclame la République démocratique du Viêt-nam (2 septembre 1945). Il négocie avec le haut-commissaire de France Jean Sainteny des accords (6 mars 1946) qui reconnaissent cette nouvelle République comme un État libre au sein de l'Union française, accords bientôt rendus caducs par la politique de l'amiral d'Argenlieu. Avec le général Giap, et avec l'aide soviétique, Hô Chi Minh mène la lutte contre la France lors de la guerre d'Indochine, qui prend fin par les accords de Genève et la partition du Viêt-nam (juillet 1954). Installé à Hanoi, il continue, au cours de la seconde guerre du Viêt-nam, de se consacrer à la réunification du pays, mais meurt le 3 septembre 1969, six ans avant la prise de Saigon (1975), ville qui allait dès lors porter son nom.