Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

François II,

roi de France de 1559 à 1560, (Fontainebleau 1541 - Orléans 1560).

Fils aîné d'Henri II et de Catherine de Médicis, François est encore un adolescent malingre et souffreteux lorsque, après la mort accidentelle de son père, il accède au trône. L'antagonisme entre catholiques et protestants, avivé durant la dernière période du règne d'Henri II par une politique de persécutions, s'oriente, au cours de l'année 1559, vers l'organisation de partis prêts à l'affrontement armé. Les grandes familles, déjà opposées dans les intrigues de cour, prennent la tête de l'une ou de l'autre faction. Par son mariage avec Marie Stuart, fille du roi Jacques d'Écosse et de Marie de Guise, François II est devenu le neveu des Guises, qui se proclament chefs du parti catholique, et entendent contrôler, voire inspirer, la politique royale. La position qu'ils occupent à la cour se renforce, au point de susciter une réaction des gentilshommes protestants : ces derniers marchent sur Amboise, avec l'intention de soustraire le roi à l'influence des Guises. Mais le projet est découvert, et la conjuration, dite « d'Amboise » (mars 1560), est noyée dans le sang. Durant l'automne 1560, les troupes royales interviennent dans de nombreuses régions, pour dissoudre les assemblées calvinistes, que l'édit de Romorantin, au mois de mai, a déclarées illicites. François II, miné par la maladie, s'éteint en décembre 1560, à la veille de la réunion des états généraux. Son règne éphémère, marqué par un total effacement de la personne royale, n'aura fait que confirmer la politique de répression amorcée par son père.

François II,

duc de Bretagne de 1458 à 1488 (Étampes 1435 - château de Couëron, près de Nantes, 1488).

Fils de Richard, comte d'Étampes, et de Marguerite d'Orléans, neveu du duc Jean V, François II devient duc de Bretagne en 1458 à la mort de son oncle, Arthur III, connétable de Richemont. Il épouse la fille du duc François Ier, Marguerite (morte en 1469), puis, en secondes noces, Marguerite de Foix.

Soucieux d'assurer l'indépendance de son duché, François II renforce les structures du gouvernement central, fonde en 1460 l'université de Nantes et permet la réunion régulière des états de Bretagne. Néanmoins, ses prétentions se heurtent à la politique de Louis XI ; il en résulte de nombreux conflits avec la royauté. En 1465, il participe à la ligue du Bien public. En 1468, il conclut une alliance avec Charles le Téméraire et Édouard IV d'Angleterre. Mais la disparition de l'allié bourguignon en 1477 fragilise sa position. Préoccupé par sa succession, il envisage d'abord de marier sa fille Anne à un prince anglais, puis à Maximilien de Habsbourg. Les Beaujeu et Charles VIII s'opposent par la force à ce dernier projet. Après la défaite de l'armée bretonne à Saint-Aubin-du-Cormier, le 28 juillet 1488, François II est contraint de signer le traité du Verger (19 août), par lequel il promet que sa fille Anne ne pourra être mariée sans l'autorisation du roi. Il meurt moins d'un mois plus tard sans que sa succession ne soit vraiment réglée.

francophonie,

ensemble d'États souverains ayant comme fondement l'usage commun du français.

La francophonie n'est pas, avant tout, comme on pourrait le croire, un instrument de défense et de promotion de cette langue. Certes, le terme se répand au moment où le recul du français devient manifeste, et où sa marginalisation comme langue internationale est enregistrée - les revues francophones représentent 1 % des revues recensées dans le monde par l'ONU. Cependant, les promoteurs de la francophonie - et la France n'en a été que le tardif bailleur de fonds - ne l'ont jamais conçue comme un combat pour la glorification de la langue de Molière et de Voltaire. Au contraire, la francophonie s'est construite sur l'acceptation de la pluralité des français - du joual de Montréal au créole guadeloupéen - et de la diversité des rapports consentis à cette langue - maternelle, d'usage, administrative, littéraire, langue de l'ancien occupant, ou langue de l'émancipation, langue de la cohésion nationale (en Afrique), ou argument de légitimation d'une autonomie, voire d'une indépendance revendiquée (au Québec).

La géographie de la francophonie.

• Elle réunit 35 États (dont 24 sont africains), environ 120 millions de locuteurs, et peut se schématiser en une succession de cercles concentriques. Le premier cercle rassemble les pays ou régions de langue maternelle française - la France, la Suisse romande, la Belgique wallonne, le Luxembourg, le Val d'Aoste italien, la principauté de Monaco, ainsi que le Canada français, Saint-Pierre-et-Miquelon, et quelques petites communautés des États-Unis, tels les cajuns de Louisiane. Le second cercle regroupe les pays créolophones où la langue d'usage est très proche du français - Antilles, Haïti, Guyane, île Maurice, Seychelles - , et ceux où le français, est une langue de communication ou de circonstance pour une fraction représentative de la population - Afrique noire, Madagascar, Maghreb, Liban. Enfin, le troisième cercle est formé d'États où le français est réduit au rang de vestige - Égypte, Syrie, Roumanie, Bulgarie, péninsule Indochinoise - ou de première langue étrangère parlée - Amérique latine, notamment. Il faut noter qu'à cette géographie ne correspond pas forcément une géopolitique : l'Algérie indépendante, travaillée par une intense politique d'arabisation, qui n'a cependant pas éradiqué la présence du français, reste en marge des institutions de la francophonie.

La francophonie comme projet.

• L'inventeur du mot « francophonie » semble être le géographe Onésime Reclus, à la fin du XIXe siècle, mais le concept n'acquiert quelque signification qu'au cours des années soixante, dans le sillage de l'indépendance des pays africains et arabes. En effet, ce sont des hommes d'État de l'Afrique modérée, notamment Léopold Sédar Senghor (Sénégal), mais aussi Hamani Diori (Niger) ou Félix Houphouët-Boigny (Côte-d'Ivoire), qui lancent le projet. Le Tunisien Habib Bourguiba rêve, quant à lui, d'un « Commonwealth à la française ». Mais c'est précisément ce que la francophonie ne sera pas : après l'échec de la Communauté française, de Gaulle, ne voulant pas encourir le reproche de néocolonialisme, se tient prudemment sur la réserve. Alors que le Commonwealth est la traduction de l'ancien Empire britannique - les États-Unis anglophones n'en font pas partie -, la francophonie est une tentative plus inédite de rassembler, de manière volontariste, des pays très divers, sans lien historique nécessaire avec la France.