Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

fédération,

pendant la Révolution, union des « citoyens militaires » de villes, puis de provinces voisines, constituée dans le but de se porter réciproquement secours face à des ennemis intérieurs ou extérieurs.

Dès l'été 1789, les nouvelles municipalités concluent des pactes d'entraide avec leurs Gardes nationales. Ces réseaux de solidarité se multiplient de l'automne 1789 au printemps 1790. Naît alors le projet de couronner ces « pactes fédératifs » par une Fédération nationale qui doit se réunir au Champ-de-Mars, le 14 juillet 1790.

Les fédérations sont l'expression du projet politique qui anime les fédérés. Il s'agit de démontrer que la citoyenneté révolutionnaire est indissociable de la prise d'armes, capable d'en défendre les valeurs. Des phalanges sont formées pour « resserrer les liens de l'amitié fraternelle », « maintenir les droits de l'homme et du citoyen », « soutenir la nouvelle Constitution du royaume ». La liberté est présentée comme la « base de la félicité des nations ». La formule « Vivre libre ou mourir » révèle la dimension sacrée du pacte.

Des cérémonies sont organisées pour manifester cette sacralité : sur l'autel de la Patrie, les fédérés prêtent serment « à la nation, à la loi et au roi », mais aussi à l'amitié ; les ennemis de la Révolution sont déclarés « ennemis irréconciliables de Dieu, de la nature et des hommes » ; des messes sont célébrées en plein champ devant des centaines, voire des milliers, de spectateurs. Toutefois, la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, par son caractère commémoratif, occulte le ressort révolutionnaire du mouvement fédératif. Cet esprit politique réapparaît toutefois, dans toute sa force, du 20 juin au 10 août 1792. Vingt mille fédérés viennent alors défendre Paris en affirmant à nouveau : « La liberté ou la mort ! »

Fédération (fête de la),

première grande fête révolutionnaire, célébrée à Paris le 14 juillet 1790.

Décrétée en juin 1790 par la Constituante, la Fédération nationale hérite, en apparence, du mouvement des fédérations provinciales. Cependant, la grandiose fête parisienne n'a plus rien de commun avec ces pactes défensifs, nés de la peur, qu'étaient les fédérations. Commémorative davantage que révolutionnaire, elle est conçue comme un spectacle visant à célébrer le début d'une ère nouvelle (la prise de la Bastille) et la fin de la Révolution, mais aussi à démontrer l'unanimité des Français et de leur roi.

Dans l'immense espace quadrangulaire aménagé au Champ-de-Mars, le trône royal est placé à une extrémité et un arc de triomphe, à l'autre. 50 000 délégués des Gardes nationales et des troupes de ligne de tout le pays, formant un cortège civique et militaire, défilent devant quelque 400 000 personnes pressées sur les gradins. Puis, sur l'autel de la patrie élevé au centre, Talleyrand, évêque d'Autun, dit une messe, assisté par 300 prêtres. Enfin, au nom de toutes les Gardes nationales, La Fayette prête serment de fidélité « à la nation, à la loi et au roi », avant que les députés de la Constituante et Louis XVI ne prêtent serment à leur tour. Malgré la pluie, le peu d'enthousiasme de la part du roi, l'austérité et la longueur du spectacle, la fête laisse un souvenir durable. Cependant, l'unanimité nationale, que symbolisent peut-être davantage les fêtes qui se déroulent simultanément en province, n'est qu'illusion. En effet, les notables, principaux acteurs d'une cérémonie qui exclut l'aristocratie et le peuple, souhaiteraient ignorer les antagonismes. Ceux-ci sont pourtant manifestes, ainsi que l'illustrent les tensions de la fête de 1791, suivie de la fusillade du Champ-de-Mars (17 juillet), et de celle de 1792, précédant d'un mois la chute de la monarchie.

Fédération nationale catholique,

organisation catholique créée en 1925.

Le Cartel des gauches, vainqueur des élections de 1924, ayant fait campagne sur la suppression de l'ambassade auprès du Saint-Siège et la stricte application des lois républicaines, notamment en matière de congrégations, les catholiques craignent un renouveau de l'anticléricalisme. Un vaste mouvement de protestation s'organise alors, coiffé par la Fédération nationale catholique (FNC), qui tient sa première assemblée générale le 18 février 1925. L'action de masse - pétitions, rassemblements de dizaines de milliers de citoyens - aboutit au recul des gouvernements « cartellistes ». Mais l'action de la FNC, présidée par le général de Castelnau, ne cesse pas pour autant : alors que la querelle relative aux lois laïques s'apaise, la FNC contribue à limiter l'influence de l'Action française sur la frange nationaliste de l'opinion catholique. Toutefois, dans les années trente, elle reste cantonnée dans un rôle de défense religieuse dont l'importance décroît avec l'amélioration des relations entre l'Église et la République, et n'occupe plus la même place dans le militantisme catholique. Les organisations spécialisées, tels les mouvements de jeunesse, sont plus soucieuses d'apostolat que d'action politique ; l'essor du Parti démocrate populaire, très critique à l'égard du nationalisme et du conservatisme social des dirigeants de la FNC, provoque de fréquentes tensions entre Castelnau et les catholiques démocrates et européens qui dirigent cette formation. Cette tendance militante va l'emporter après la Seconde Guerre mondiale, à laquelle la FNC ne survit pas.

Fédération républicaine,

formation politique créée en 1903, dont l'activité a cessé définitivement après 1948.

Elle regroupe, à l'origine, les républicains « progressistes » qui ont refusé d'entrer dans le Bloc des gauches. Formée de vieux parlementaires libéraux (Jules Méline) et de représentants des milieux d'affaires, elle incarne avant 1914 une droite républicaine, modérée en matière religieuse, favorable au libéralisme économique, prompte à la surenchère patriotique. Réorganisé dans l'après-guerre, passé en 1925 sous la présidence de Louis Marin, le parti adopte une orientation nettement conservatrice du fait de l'arrivée de catholiques ralliés, soucieux de renforcer les cellules de base de la société, la famille et le métier. Marin tente par ailleurs de faire du nationalisme intransigeant le ciment de sa formation, en s'opposant à la politique d'apaisement défendue par Briand pendant les années vingt ; cela contribue à le marginaliser dans les majorités d'Union nationale (1926-1928) et à dominante modérée (1928-1932), avant de provoquer des divergences qui aboutissent à l'éclatement de son groupe parlementaire. Pendant la crise des années trente, la Fédération, menacée par la concurrence des Ligues et, surtout, après 1936, par l'apparition de partis incarnant une droite autoritaire et conservatrice, tel le Parti social français, durcit son discours politique et social. Mais la politique extérieure la divise à nouveau : hésitant entre sa germanophobie traditionnelle et son anticommunisme virulent, elle ne parvient pas à définir une ligne claire. Pendant la guerre, certains de ses dirigeants se rallient au régime de Vichy, d'autres inclinent vers la Résistance, ce qui achève de la disloquer.