Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
R

Religion (guerres de). (suite)

De la conversion à la paix.

• Après que les ligueurs ont échoué dans leur tentative pour donner un roi à la France (états généraux de Paris, janvier 1593), Henri de Navarre abjure à Saint-Denis (25 juillet 1593), puis est couronné à Chartres (27 février 1594). Le 22 mars 1594 a lieu son entrée dans Paris, qui entraîne la reddition de nombre de villes et le début d'un mouvement de soumission des grands seigneurs ligueurs. Puis l'internationalisation du conflit est officialisée avec la déclaration de guerre à l'Espagne (17 janvier 1595) et la victoire royale de Fontaine-Française (5 juin), qui permettent à la propagande royaliste de présenter le Béarnais comme le roi de la « patrie », en lutte contre les « desnaturez François ». Geste capital, le duc de Mayenne fait sa soumission au roi et, malgré la prise provisoire d'Amiens par les Espagnols (mars-septembre), la royauté impose sa solution à ses adversaires, ainsi qu'à ses alliés huguenots qui, s'ils se voient concéder la liberté de conscience et certains privilèges, ne reçoivent qu'une liberté de culte étroitement limitée : le duc de Mercœur se soumet (février 1598), la paix de Vervins est signée avec l'Espagne (2 mai), et l'édit de Nantes est promulgué (13-30 avril).

S'achève ainsi une longue période qui apparaît autant comme le temps d'une adaptation à la modernité religieuse que comme une phase de transition entre deux systèmes monarchiques.

Rèmes,

en latin Remi, peuple gaulois qui occupait l'actuelle Champagne et qui a laissé son nom à la ville de Reims.

Les Rèmes, l'un des peuples belges les plus méridionaux, se trouvaient en contact direct avec la Gaule celtique. Cette position intermédiaire explique sans doute que la pénétration romaine y fut plus marquée qu'ailleurs. L'oppidum de Variscourt, au nord de Reims, témoigne de l'existence, dès la fin du IIe siècle avant J.-C., de processus d'urbanisation avancés, d'une économie monétaire déjà développée et d'échanges commerciaux avec le monde romain (présence d'amphores à vin notamment).

Lorsqu'en 57 avant J.-C. l'ensemble des Belges se coalisent pour expulser de Gaule les armées romaines, les Rèmes se désolidarisent de leurs frères d'armes pour proposer leurs services à César. L'un de leurs oppidums, Bibrax (Saint-Thomas, dans l'Aisne), est alors assiégé par les 300 000 guerriers belges coalisés. César parvient à faire lever le siège puis écrase ses ennemis sur l'Aisne. Les Rèmes lui restent ensuite fidèles, même lors de la révolte générale conduite par Vercingétorix ; dans la Gaule conquise, ils reçoivent le statut privilégié de « peuple fédéré » - c'est-à-dire allié de Rome -, à l'instar des Éduens. C'est vers la fin du Ier siècle avant J.-C. que semble se développer l'oppidum de Durocortorum, qui deviendra Reims. Agglomération gauloise protégée par deux enceintes, il se transforme en une ville romaine dotée de quatre portes et de nombreux monuments (dont il subsiste un arc de triomphe et des cryptoportiques), et qui sera le siège du gouverneur de Gaule Belgique.

remontrances (droit de),

prérogative qu'avaient les cours souveraines de demander au roi de modifier ses édits et ordonnances avant de les inscrire sur leurs registres.

Les cours souveraines - parlements, cours des comptes ou chambres des aides - sont des émanations spécialisées de l'ancienne curia regis des souverains médiévaux, ensemble de conseillers qui participaient au travail législatif. Elles sont garantes de la régularité des lois. Avec la distinction accrue entre le Conseil du roi, qui élabore les textes légaux, et les tribunaux supérieurs que sont les cours souveraines, censées les appliquer, les occasions de frictions se multiplient. Dès le XVe siècle, l'enregistrement des lois devient l'occasion de remontrances qui, souvent, arguant de prétextes techniques, portent sur l'opportunité des décisions royales, notamment dans le domaine fiscal. Le roi peut passer outre et exiger, par des lettres de jussion, l'enregistrement immédiat. Si les magistrats s'obstinent, il peut tenir devant le parlement un lit de justice, séance solennelle où l'enregistrement se fait en sa présence.

À plusieurs reprises - par exemple, lors de la Fronde, ou lors des conflits avec les parlements sous Louis XV -, l'usage du droit de remontrances accule le pouvoir absolu à rappeler que les cours souveraines ne sont ni des institutions représentatives, ni des substituts aux états généraux. En 1673, Louis XIV en vient à interdire toute remontrance préalable à l'enregistrement - une interdiction qu'abrogera le régent Philippe d'Orléans en septembre 1715.

Rémusat (Charles François Marie, comte de),

écrivain et homme politique (Paris 1797 - id. 1875).

Durant sa jeunesse, Rémusat se range dans le camp des Doctrinaires, tenants d'une monarchie parlementaire et censitaire qui fréquentent le salon animé par sa mère au début de la Restauration. Avocat en 1819, il trouve sa voie dans le journalisme et la critique littéraire. Il collabore notamment au Globe à partir de 1824, se lie avec Thiers, et avec Perier, dont il épouse la nièce. Après la victoire de Louis-Philippe, il est élu à la Chambre des députés (octobre 1830), et compte parmi les partisans d'une politique d'ordre. L'amitié de Thiers lui ouvre les portes du ministère de l'Intérieur, en 1840. Puis il met son éloquence au service des ennemis de Guizot. L'instauration de la République, en février 1848, l'attriste mais ne le décourage pas. Il devient en mai représentant de la Haute-Garonne à l'Assemblée, et siège à droite. Hostile à la politique de Louis Napoléon Bonaparte, il s'oppose au coup d'État du 2 décembre et abandonne la vie politique pendant l'Empire. Au début de la IIIe République, il obtient le portefeuille des Affaires étrangères dans le ministère Thiers (1871-1873), puis retrouve un siège de député, en Haute-Garonne. Il contribue à la conception et à la rédaction des lois constitutionnelles de 1875. Les Mémoires qu'il laisse représentent une source de tout premier ordre pour l'histoire politique et intellectuelle du XIXe siècle.

Renaissance.

C'est dans la France du XVIe siècle, selon l'historien de l'art Erwin Panofsky, que le mot « renaissance », d'un sens limité (la renovatio comme renouvellement de quelque chose à un moment donné), acquiert une signification plus précise et plus vaste : le renouveau de toute chose durant une période particulière préparant aux temps modernes.