Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

azilien,

la plus ancienne civilisation mésolithique, entre 10 000 et 8 000 ans avant J.-C. environ.

L'azilien – du nom de la grande grotte du Mas-d'Azil, dans l'Ariège, fouillée à partir de 1888 – correspond au début de la période de réchauffement climatique qui a suivi la dernière glaciation de Würm. Il se caractérise donc par l'adaptation des populations de chasseurs-cueilleurs du magdalénien (civilisation précédente) au nouvel environnement issu de ce réchauffement, qui a entraîné la réapparition de la forêt tempérée avec ses espèces animales et végétales actuelles. De fait, on retrouve la tradition magdalénienne des pointes en silex et des harpons en os, avec quelques variantes, dont une tendance à la réduction de la taille de l'outillage, qui s'accentuera ensuite. L'azilien est aussi marqué par la disparition progressive de l'art figuré paléolithique, au profit d'un art schématique, avec, notamment, des galets peints ou gravés couverts de signes abstraits. L'azilien évoluera sans rupture vers le sauveterrien.

Azincourt (bataille d'),

bataille de la guerre de Cent Ans qui voit le triomphe des troupes du roi d'Angleterre Henri V contre l'armée du roi de France Charles VI, le 25 octobre 1415.

Henri V de Lancastre, roi d'Angleterre en 1413, relance la guerre de Cent Ans afin de profiter de l'affaiblissement du royaume de France, alors en pleine guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, et d'affermir son pouvoir en Angleterre. Dès 1414, il revendique toutes les terres continentales des Plantagenêts, de la Normandie à l'Anjou, en passant par la Bretagne, ainsi que la Flandre. Les échanges d'ambassadeurs dans la première moitié de l'année 1415 n'interrompent pas les préparatifs de la guerre.

Le 12 août 1415, Henri V débarque en Normandie et met le siège devant Harfleur, qui capitule le 22 septembre. Au début du mois d'octobre, laissant une garnison dans la ville, il reprend le chemin de l'Angleterre. C'est en cherchant à regagner Calais qu'il se heurte à l'armée du roi de France, rassemblée dans la plaine d'Azincourt.

En effet, Charles VI a pris l'oriflamme à Saint-Denis le 10 septembre, afin de réunir l'armée royale pour livrer bataille aux Anglais. Contre l'avis des vieux officiers, le roi et les jeunes princes du parti armagnac, alors au pouvoir en France, veulent en découdre. Par mesure de prudence, le duc de Berry, oncle de Charles VI, retient à Rouen le roi et le dauphin. Jean sans Peur, duc de Bourgogne, est écarté de la bataille par le parti armagnac. C'est une armée de 20 000 hommes, mais sans chef véritable, qui se masse dans la plaine d'Azincourt pour y affronter une armée anglaise forte de 12 000 soldats.

Devant l'étroitesse du champ de bataille, le plan initial de l'armée française est revu par les princes du parti armagnac, contre les conseils avisés des professionnels de la guerre. Princes et barons de haut rang à l'avant, officiers royaux sur les ailes, « piétaille » à l'arrière : le plan de bataille reproduit l'ordre social en vigueur à cette époque. En face, une armée anglaise disciplinée, archers aux premiers rangs, et des espions bien informés permettent à Henri V de remporter, en quelques heures, la troisième bataille rangée de l'Angleterre au cours de la guerre de Cent Ans.

Pour l'armée française, le désastre est immense : dans la boue d'Azincourt périt « la fine fleur de la noblesse française ». On estime à trois ou quatre mille le nombre de tués, Henri V ayant donné l'ordre de faire le moins de prisonniers possible. Charles d'Orléans et d'autres grands seigneurs sont retenus en captivité, mais la noblesse du nord de la France est décapitée, et avec elle l'administration du royaume.

Simple défaite sur le plan militaire, Azincourt a pourtant miné un royaume déjà déchiré par la guerre civile. Plus important encore, la société politique est sortie renouvelée de l'épreuve par l'arrivée d'une génération d'hommes issus de régions et de milieux différant de ceux des victimes d'Azincourt.