Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

européenne (construction). (suite)

L'histoire de l'unité européenne depuis 1945 est intimement liée à l'action de militants attachés à une cause exceptionnelle. En effet, si la nécessité a conduit les États à accepter des formes d'unité, des personnalités politiques ont su en expliquer l'intérêt aux décideurs et aux peuples. La CECA est l'œuvre de quatre « pères fondateurs » : les Français Jean Monnet et Robert Schuman, l'Allemand Konrad Adenauer et l'Italien Alcide De Gasperi. L'idée d'unité européenne a été prise en charge par les fédéralistes, tel Altiero Spinelli et Ernesto Rossi. Elle a été popularisée par les organisations favorables à une Europe des États, inspirées par Churchill, Couden-hove-Kalergi ou de Gaulle. Les nouvelles organisations européennes ont favorisé l'action proeuropéenne de certaines personnalités telles que Robert Marjolin, secrétaire général de l'OECE, ou, plus récemment, Jacques Delors, qui, durant dix ans (1985-1995), a fait de la Commission européenne un centre efficace d'initiatives et légitimé auprès des peuples européens l'action de la Commission.

L'Europe du début du XXIe siècle se trouve à un tournant majeur. La question de son élargissement aux pays du pourtour méditerranéen, comme la Turquie, est posée. Elle doit répondre aux défis de la mondialisation. Le choix de créer une monnaie unique offre enfin l'opportunité aux gouvernements européens de constituer un « gouvernement économique » de l'Europe unie. La construction de l'Europe est un gage d'avenir pour les peuples du Vieux Continent parce qu'elle est le produit de la démocratie et de la liberté - et parce qu'elle a maintenu la paix entre les nations européennes.

évêque.

Successeur des Apôtres, placé à la tête d'une circonscription religieuse appelée « diocèse », l'évêque représente, entre le curé et le pape, un échelon essentiel dans la hiérarchie de l'Église catholique.

Les fonctions de l'évêque.

• Le clerc qui postule à l'épiscopat doit être âgé de plus de 30 ans et avoir gravi, au préalable, les différents degrés des ordres mineurs et majeurs. Installé dans ses fonctions, il doit prêter serment au métropolitain (archevêque), qui a autorité sur lui et dont il devient suffragant. Il assume alors trois fonctions majeures : l'ordre, le magistère et la juridiction. En vertu de la première, il est le seul à pouvoir ordonner des prêtres, confirmer les enfants, bénir les abbés et les abbesses, recevoir les vœux des moniales, consacrer les cimetières ou les saintes huiles et contrôler la véracité des reliques ; les curés de paroisse lui réservent l'administration des pénitences qui sanctionnent les crimes les plus graves.

Par son magistère, l'évêque est responsable de toute la vie intellectuelle du diocèse. À l'intérieur de celui-ci, il doit donc veiller à la formation des clercs, à l'instruction des laïcs, et surveiller le clergé régulier. C'est la raison pour laquelle se développent, surtout à partir du XIIIe siècle, les visites pastorales au cours desquelles l'évêque, au moins une fois par an, inspecte les paroisses.

Enfin, en vertu de son pouvoir de juridiction, il érige, divise ou circonscrit les paroisses ou les doyennés, autorise ou ordonne la construction de bâtiments religieux dans son diocèse ou dans sa cité (cathédrales), juge en tribunal. Il doit aussi, deux fois par an, réunir en synode tous les prêtres de son diocèse afin de donner communication des décisions pontificales, proclamer les excommunications et régler les litiges. Dans l'ensemble de ses tâches, l'évêque est secondé par les chanoines, qui forment le chapitre cathédral.

Bien que l'époque médiévale ait compté des évêques de valeur (Eudes Rigaud, archevêque de Rouen de 1247 à 1275), c'est à partir de la fin du XVIe siècle, dans l'élan de la Réforme tridentine, que la qualité des évêques s'améliore sensiblement. Certains d'entre eux deviennent même des modèles de vertu, à l'image de François de Sales, évêque de Genève résidant à Annecy (1602-1622).

Le statut social de l'évêque.

• L'évêque ne détient pas seulement un pouvoir spirituel. En effet, il a longtemps été un puissant seigneur. Au haut Moyen Âge, il est souvent issu des riches familles sénatoriales gallo-romaines. À l'époque carolingienne, le plus souvent nommé ou confirmé par l'empereur, il représente un des instruments principaux de l'administration de l'Empire. Au cours de l'époque médiévale et moderne, sa richesse s'accroît considérablement par dons, confiscations, exactions, impôts et taxes diverses. Après la Révolution, le recrutement social de l'épiscopat concordataire se démocratise. Si plus de 80 % des évêques sont encore des nobles sous la Restauration, sur les 167 évêques vivant entre 1870 et 1883, plus de la moitié est issue du peuple.

Un enjeu entre l'État et la papauté.

• L'histoire des évêques de France se résume, le plus souvent, à l'histoire d'une opposition entre l'État et la papauté pour contrôler l'élection épiscopale (querelle des Investitures aux XIe et XIIe siècles). Au cours de l'époque médiévale, l'évêque est théoriquement désigné par une assemblée de clercs, avant de recevoir l'acclamation populaire. De fait, son nom est très souvent proposé par les seigneurs féodaux, puis par le roi ou par le pape. Il faut attendre le concordat de Bologne, en 1516, signé par François Ier et Léon X, pour qu'officiellement le souverain dispose du droit de nomination à tous les évêchés de France, le pape se réservant l'investiture, c'est-à-dire la remise à l'évêque des symboles de son pouvoir spirituel : la crosse et l'anneau. Cette situation reste inchangée jusqu'en 1790, même si, après le concile de Trente, le contrôle de Rome sur l'épiscopat (choisi encore majoritairement dans l'entourage du roi de France) s'accroît. Le Concordat de 1801 accorde la nomination des évêques à l'Empereur, qui veut en faire des « préfets violets ».

Avec la loi de séparation des Églises et de l'État (1905), l'épiscopat français est devenu « une fonction de l'Église exercée au nom et sous le contrôle absolu de l'État ». Les évêques ont dû se soumettre, bon gré mal gré, aux lois républicaines.