Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Arras (traité d') [21 septembre 1435], (suite)

Cette intransigeance permet au duc de Bourgogne de signer, le 21 septembre, une paix séparée avec le roi de France : ce dernier désavoue le meurtre de Jean sans Peur, père du duc, à Montereau, en 1419 ; il cède à Philippe III l'Auxerrois, le Mâconnais, diverses châtellenies et les territoires situés de part et d'autre de la Somme, prévoyant cependant, pour ces derniers, une possibilité de rachat ; enfin, il le dispense d'hommage, mais uniquement à titre personnel. Même si les concessions sont importantes, Charles VII, grâce à ce traité, conclut l'alliance franco-bourguignonne : il peut ainsi espérer obtenir l'aide militaire du duc pour la reconquête du royaume - ou, au moins, sa neutralité.

Arras (traité d') [23 décembre 1482],

traité signé par Louis XI et Maximilien de Habsbourg pour mettre un terme à la guerre de la succession de Bourgogne.

Après la mort de Charles le Téméraire en janvier 1477, Louis XI s'est rapidement emparé de la Picardie, de l'Artois, du duché de Bourgogne et du comté de Bourgogne (Franche-Comté). Mais Marie de Bourgogne, héritière du Téméraire, se marie alors avec Maximilien de Habsbourg, fils de l'empereur Frédéric III. Au nom de sa femme, Maximilien entreprend la reconquête des territoires perdus. Si Louis XI parvient à conserver le duché de Bourgogne, la Picardie et l'Artois, il ne réussit ni à garder le comté de Bourgogne, ni à annexer le Hainaut. La bataille indécise de Guinegatte, le 7 août 1479, les nombreuses dévastations qui y font suite, enfin, la mort accidentelle de Marie de Bourgogne, le 27 mars 1482, conduisent les deux parties à négocier : la paix d'Arras est signée le 23 décembre 1482.

Le traité prévoit le mariage du dauphin Charles avec Marguerite, fille de Marie et de Maximilien, dont la dot - à restituer au cas où le mariage n'aurait pas lieu - se compose du comté de Bourgogne, de l'Artois, du Mâconnais et de l'Auxerrois. Quant à la Picardie et au duché de Bourgogne, ils sont tacitement laissés à Louis XI. L'abandon, en 1491, du projet de mariage entre le dauphin, devenu Charles VIII, et Marguerite entraîne la signature d'un nouveau traité, en mai 1493 : le traité de Senlis.

arts libéraux,

dans les écoles et les universités, jusqu'à la fin du Moyen Âge, programme d'enseignement hérité de l'Antiquité et composé de sept disciplines : la grammaire, la rhétorique, la dialectique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie, la musique.

Cette classification des différents savoirs nécessaires à la formation de l'esprit est déjà présente dans l'œuvre de l'écrivain latin Varron (IIe et Ier siècles avant J.-C.). Pendant plusieurs siècles, les arts libéraux, en particulier la grammaire et la rhétorique, constituent les principales disciplines enseignées dans les écoles gallo-romaines (écoles « secondaires » des grammairiens ; écoles « supérieures » des rhéteurs). Au début du Moyen Âge, les sept arts libéraux, qu'on divise en deux cycles - le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) -, sont toujours abondamment décrits et commentés : au Ve siècle, par Martianus Capella (dans les Noces de Philologie et de Mercure), au VIe siècle, par Cassiodore (dans les Institutions). Pourtant, à cette époque, la lecture et la compréhension de la Bible remplacent peu à peu la culture antique dans les écoles monastiques, cathédrales ou presbytérales, du royaume franc. À partir de la renaissance carolingienne, notamment, sous l'influence d'Alcuin (VIIIe siècle), les arts libéraux redeviennent la base de l'enseignement scolaire, dont la théologie est le couronnement, comme l'attestent les grands traités encyclopédiques du XIIe siècle, par exemple le Didascalicon d'Hugues de Saint-Victor.

Selon les écoles et les maîtres, l'accent est mis sur telle ou telle discipline. Un peu partout, la grammaire, notamment celle des auteurs latins Donat (vers 350) et Priscien (vers 500), reste le fondement des études. Mais, tandis que les écoles d'Orléans se spécialisent au XIIe siècle dans la rhétorique et l'art épistolaire, des maîtres de l'école de Chartres font une large place à la géométrie et aux sciences naturelles. Les écoles parisiennes, quant à elles, sont réputées pour l'enseignement de la dialectique à partir de la Logique et des autres œuvres d'Aristote, diffusées en France dès les années 1140-1150. La plupart des universités médiévales – créées en France à partir du XIIIe siècle – ont une faculté des arts. Mais, en réalité, seule celle de Paris offre un enseignement qui dépasse largement l'étude de la grammaire : son art d'excellence, la dialectique, attire des étudiants venus de partout, au moins jusqu'à la fin du XIIIe  siècle, tandis que le quadrivium n'est déjà plus étudié.

Artagnan (Charles de Batz, seigneur d'),

gentilhomme gascon (près de Lupiac, Gers, 1611 - Maastricht, Pays-Bas, 1673).

D'Artagnan est l'exemple même du cadet de Gascogne aux origines relativement modestes : sa noblesse apparaît pour le moins douteuse, même si sa mère est née Montesquiou. Il mène une carrière militaire exemplaire, servant dans les gardes (1635), puis dans les mousquetaires, prestigieuse compagnie de cent hommes créée en 1622. À ce titre, d'Artagnan n'assure pas seulement la garde du roi : il participe aussi à de nombreuses campagnes (de 1640 à sa mort, le 25 juin 1673, lors du siège de Maastricht) et gagne des galons, dont ceux de chef de la première compagnie des mousquetaires, en 1667.

Cependant, ce courageux Gascon, passionnément dévoué au service du roi, n'aurait guère laissé de trace si son sens du devoir n'avait fait de lui l'homme des missions délicates : l'intermédiaire entre un Mazarin exilé et la cour en 1651, pendant la Fronde ; celui que Louis XIV charge d'arrêter Fouquet, en 1661, puis de l'escorter jusqu'à la forteresse de Pignerol en 1664 ; cette même forteresse où il conduira le maréchal de Lauzun, en 1671. Il achève d'y gagner une parfaite réputation de « fidèle au roi et humain à ceux qu'il garde », selon les termes de son amie Mme de Sévigné.

Si d'Artagnan est resté dans la mémoire, il le doit à l'un de ses subordonnés parmi les mousquetaires, Courtilz de Sandras, qui publie d'abondants et apocryphes Mémoires de Monsieur d'Artagnan (1700), et surtout à Alexandre Dumas qui, s'inspirant largement de ces Mémoires, crée l'extraordinaire personnage des Trois Mousquetaires (1844). Attachant, plein de vie et d'enthousiasme, peut-être un peu simplet parfois, ce d'Artagnan réapparaît dans Vingt ans après (1845), le Vicomte de Bragelonne (1847-1850), et dans les versions théâtrales que le prolixe Dumas tire de ses romans. Et ce n'est pas hasard si ces œuvres comptent parmi celles que le cinéma mondial a le plus souvent adaptées : d'Artagnan a ainsi pris les traits de Douglas Fairbanks, de John Wayne, de Gene Kelly, de Georges Marchal, de Michael York... Il a même inspiré des versions comiques, mais le personnage de Dumas est si fort que rares sont les créateurs qui s'écarteront du roman (à l'exception notable de Bertrand Tavernier, avec sa Fille de d'Artagnan, 1994). La fiction l'a décidément emporté sur la réalité.