Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Chaban-Delmas (Jacques Delmas, dit Jacques), (suite)

chalcolithique, période intermédiaire entre le néolithique et l'âge du bronze, caractérisée par l'apparition de la métallurgie du cuivre (en grec chalkos, « bronze »), mais aussi des premières formes d'inégalité sociale, tandis que la pierre (en grec lithos, « pierre ») reste la matière principale de l'outillage.

Il n'existe pas de consensus général en France sur l'utilisation du terme « chalcolithique », dans la mesure où la métallurgie du cuivre y est plus tardive et discrète qu'ailleurs. En Europe orientale et centrale, la métallurgie du cuivre (et, accessoirement, de l'or et de l'argent) apparaît en effet dès le début du Ve millénaire avant notre ère. Plus qu'une conquête technique, elle est une façon de signifier les différences sociales, le métal servant essentiellement à fabriquer des objets de prestige et de parure. Le terme « chalcolithique » renvoie donc, dans ces régions, à l'apparition de la métallurgie et à celle de sociétés inégalitaires, que reflète l'existence de tombes princières. Des formes comparables d'inégalité sociale apparaissent dès la fin du Ve millénaire sur le futur territoire de la France ; en témoignent les monuments mégalithiques, dont le métal est toutefois absent. C'est pourquoi l'on hésite souvent à parler de chalcolithique pour ces périodes. Le terme est donc plutôt utilisé pour les cultures plus tardives (IIIe millénaire) qui connaissent visiblement le cuivre, telles celle de Fontbouisse (dans le village de Cambous notamment) et surtout celle de la poterie campaniforme, même si le métal est attesté auparavant, comme dans les cultures de Seine-Oise-Marne ou de Ferrières.

Chambord (Henri d'Artois, duc de Bordeaux, puis comte de),

prétendant au trône sous le nom de « Henri V » (Paris 1820 - Frohsdorf, Autriche, 1883).

Fils posthume du duc de Berry et de Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, petit-fils de Charles X, le duc de Bordeaux est salué, à sa naissance, sept mois après l'assassinat de son père par Louvel, comme « l'enfant du miracle » : l'arrivée de cet unique héritier mâle ressuscite la dynastie des Bourbons, et apparaît comme un signe d'élection divine.

Le 2 août 1830, devant l'insurrection parisienne, Charles X puis son fils le duc d'Angoulême abdiquent en faveur du duc de Bordeaux, mais il est trop tard : la couronne échoit à Louis-Philippe. Le jeune prince, qui s'exile, prend en 1843 le titre d'Henri V, et épouse en 1846 l'archiduchesse Marie-Thérèse Béatrice d'Autriche-Este, fille du duc de Modène, dont il n'aura pas d'enfant. Jusqu'à la chute du Second Empire, son activité politique est assez limitée. Mais, en 1871, la présence d'une majorité royaliste à l'Assemblée nationale permet d'envisager le rétablissement de la monarchie. « Henri V » rentre alors en France, et publie, le 5 juillet 1871, un manifeste-programme d'un absolutisme tempéré par un certain paternalisme, dans lequel il affirme sa fidélité au drapeau blanc, symbole de l'Ancien Régime, et témoigne d'une réelle sensibilité aux questions sociales. Mais son refus des « trois couleurs » et du régime parlementaire rend une nouvelle restauration difficile, d'autant que le parti royaliste est divisé entre légitimistes et orléanistes, lesquels prônent un prétendant plus libéral, le comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe. Cependant, un rapprochement se dessine lors de l'entrevue de Frohsdorf (5 août 1873), à l'heure même où la chute de Thiers et l'élection de Mac-Mahon relancent la question monarchique. Mais, au grand désespoir de ses partisans, « Henri V » réitère son refus de renoncer au drapeau blanc, dans une lettre du 23 octobre 1873 : la dernière chance de restauration est passée, et le vote de l'amendement Wallon, par l'Assemblée nationale le 30 janvier 1875, instaure définitivement le régime républicain.

Élevé par sa tante, la duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI, dans l'horreur des principes de 1789, et ayant toujours vécu à l'étranger, Chambord était peu au fait des réalités politiques de la France. Excluant tout compromis, alors même que la grande majorité des royalistes comprenait la nécessité d'une monarchie constitutionnelle, il signa par son intransigeance la fin des espérances légitimistes. « Par sa dernière lettre, dira Daniel Halévy, la monarchie française quitte terre, devient légende et mythe. »

Chambord (château de),

le plus grand des châteaux de la Loire et le plus caractéristique de l'architecture renaissante française de la première moitié du XVIe siècle.

En 1519, François Ier entreprend de transformer le relais de chasse du comte de Blois en une demeure princière. Si le plan et la maquette peuvent être attribués à l'Italien Dominique de Cortone, bien que l'on dise que le nom de l'architecte demeure inconnu, l'exécution des travaux est confiée à des maçons français (Sourdeau, Trinqueau et Coqueau). Ainsi, l'architecture de l'ensemble se situe à la rencontre du courant italien et de la tradition française. Le souci de symétrie est illustré par le choix d'un plan centré ; l'édifice est flanqué de tours aux quatre angles ; au centre de son donjon, divisé par une grande croix en quatre appartements identiques, s'élève le fameux escalier à double vis, dont l'ingéniosité et l'audace laissent à penser qu'il a été conçu par Léonard de Vinci. Le procédé d'arcades ou de loggias sur la façade du donjon est aussi directement importé d'Italie. Les pierres blanches incrustées de losanges ou de disques d'ardoise imitent les jeux polychromes des façades Renaissance que François Ier a pu admirer dans la Péninsule. Pourtant, l'abondance de cheminées et de lucarnes à plusieurs étages respecte la tradition de l'architecture médiévale du XIVe siècle. Témoin de l'introduction en France d'un courant architectural nouveau, réalisation de transition, le château de Chambord n'aura aucun rayonnement artistique et sera ensuite délaissé.

Sous Louis XIV, Molière y écrit et y joue devant la cour Monsieur de Pourceaugnac (1669), avant de récidiver un an plus tard avec le Bourgeois gentilhomme. Louis XV cède le château à Stanislas Leszczy[‘]nski jusqu'en 1733, puis au maréchal Maurice de Saxe en récompense de la victoire de Fontenoy. La propriété est presque en ruine lorsque Napoléon la lègue au maréchal Berthier. En 1821, le château est racheté par souscription à la veuve Berthier pour être offert au duc de Bordeaux, qui prend, dès lors, le titre de duc de Chambord. Depuis 1930, il est devenu domaine de l'État français.