Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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duel.

À l'époque féodale, le duel judiciaire, attesté depuis le haut Moyen Âge, est l'une des formes de l'ordalie (jugement de Dieu).

Malgré les condamnations de l'Église, notamment au concile du Latran (1215), il persiste de manière ponctuelle jusqu'en 1550. En revanche, les duels du point d'honneur se multiplient à l'époque baroque, jusque vers 1650. Ce sont ces affrontements, exécutés de manière autonome à l'égard du pouvoir et révélant une éthique nobiliaire originale, qui fondent la mythologie du duel.

Les règles du duel.

• Le duel est « un combat entre deux ou plusieurs individus (toujours en nombre égal), à armes égales, pour prouver soit la vérité d'une cause disputée, soit la valeur, le courage, l'honneur de chaque combattant. La rencontre doit être décidée ou acceptée conjointement par les deux parties et respecter certaines règles formelles (tacites, verbales ou écrites) qui lui donnent force de procédure pour le moins aux yeux des deux adversaires » (François Billacois). Le duel résulte du démenti liant, parfois par un cartel (lettre), un offensé et un défendeur de même dignité. Lors du duel de Jarnac (1547), Guy Chabot de Jarnac avait lancé un défi à ceux (le clan d'Henri, alors dauphin) qui insinuaient qu'il entretenait des relations incestueuses avec sa belle-mère. François de La Châtaigneraye releva la provocation. Dans le cadre du duel judiciaire, Henri II autorisa le combat et fixa le camp d'honneur (champ clos). Alors qu'il pouvait interrompre la lutte en jetant son sceptre ou un bâton, le nouveau souverain hésita à protéger son champion officieux, blessé à mort par un surprenant coup au jarret (d'où l'expression « coup de Jarnac »). À cette occasion, le monarque reconnaissait donc un pouvoir supérieur au sien : celui du Dieu caché.

À l'époque baroque, le duel extrajudiciaire se développe (au moins trois cent cinquante affrontements par an au début du XVIIe siècle). Désormais, le courage individuel est exalté alors que le pouvoir du roi est occulté. Les duellistes sont généralement des nobles d'épée, plutôt jeunes, faisant profession des armes. Le cérémonial disparaît au profit d'une rencontre immédiate et sans formalités, dans un pré en marge de la cité. Influencés par l'art de l'escrime importé d'Italie, les guerriers se battent le plus souvent à pied, avec une dague ou une épée. La simple chemise dénote l'attrait du danger, les protagonistes s'en remettant à la Providence, qui se manifeste à travers le coup d'estoc. La généralisation des seconds traduit le succès de la solidarité nobiliaire autour du duel. Ces témoins combattent dorénavant au côté de leur champion, et transforment la lutte en bataille collective.

Le duel et les pouvoirs.

• L'Église et l'État s'opposent au duel qu'ils jugent contraire au dessein de Dieu et à la chose publique. La première le considère comme un crime entraînant l'excommunication parce que les duellistes se donnent au Diable par un sacrifice volontaire, pour la valeur terrestre de l'honneur. La justice royale tente d'abord de contrôler le duel extrajudiciaire en désignant des grands officiers de la couronne pour trancher les cas d'honneur (1566). Inspiré par une condamnation du parlement de Paris qualifiant le duel de crime de lèse-majesté (1599), Henri IV inaugure en 1602 une série d'édits contre le duel, dont la récurrence révèle l'inefficacité (six édits et huit déclarations en un demi-siècle). En tant que lieutenant de Dieu, le monarque doit poursuivre cette fausse religion assimilée au satanisme et, en tant que père de ses sujets, il doit protéger le premier des ordres du royaume. La pratique de la coercition est plus ambiguë. Malgré l'exemplaire décapitation du comte François de Montmorency-Bouteville (1627), coupable de vingt-deux duels, dont le dernier se déroula sur la place Royale, à Paris, les lettres de rémission préservent la vie des bretteurs, les condamnant seulement à une amende ou à un bannissement temporaire.

Le duel disparaît dans la seconde partie du XVIIe siècle, victime de son archaïsme, déclassé par le modèle du noble dévot ou du courtisan, fin dissimulateur. Il connaîtra néanmoins des résurgences sous la forme des duels politiques, notamment à la fin du XIXe siècle : Gambetta, Drumont, Déroulède ou encore Clemenceau s'y illustreront.

Dufaure (Jules Armand Stanislas),

homme politique (Saujon, Charente-Maritime, 1798 - Rueil 1881).

Avocat à Bordeaux, élu député libéral en 1834, ministre des Travaux publics (1839-1840), Dufaure refuse de participer à la « campagne des banquets », qui conteste Louis-Philippe, mais se rallie à la République en 1848, et se voit confier par Cavaignac le ministère de l'Intérieur. Après le coup d'État bonapartiste le 2 décembre 1851, il se retire de la politique jusqu'à l'instauration de la IIIe République. Proche d'Adolphe Thiers, il est alors nommé ministre de la Justice (1871).

Appelé à former le gouvernement en février 1876, ce partisan d'une république parlementaire conservatrice s'oppose au président de la République Mac-Mahon, défenseur d'un régime présidentiel : Dufaure prend alors le titre de président du Conseil, signifiant ainsi que Mac-Mahon n'est pas membre du cabinet. Conformément à la tradition parlementaire, il démissionne en décembre, lorsqu'il est mis en minorité à la Chambre. Après la crise du 16 mai 1877 et les élections d'octobre, qui aboutissent à une nouvelle majorité républicaine, Mac-Mahon se soumet et charge Dufaure de former un nouveau cabinet de centre gauche. Ce dernier pacifie la vie politique, marginalise le président de la République et organise l'Exposition universelle de 1878. La démission de Mac-Mahon en janvier 1879 entraîne la fin du ministère de Dufaure. Dans les derniers mois de sa vie, il lutte contre la République opportuniste et les mesures anticléricales prises par Jules Ferry.

Duguay-Trouin (René Trouin, sieur du Guay, dit),

corsaire (Saint-Malo 1673 - Paris 1736).

Fils d'un armateur malouin fortuné, Duguay-Trouin s'engage dans la guerre de course à l'âge de 16 ans, et obtient son premier commandement à 18 ans. En 1697, la prise de la flotte de l'amiral hollandais Wassenaër lui vaut d'être admis par Louis XIV dans la Marine royale avec le titre de capitaine de frégate. Ses exploits durant la guerre de la Succession d'Espagne sont restés célèbres : en 1705, il met en déroute, près de Lisbonne, une flotte portugaise de 200 navires ; en 1707, il s'empare d'un convoi de 64 navires escortés par 6 bateaux de guerre.