Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Montesquieu (Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de), (suite)

Cette pensée si subtile, si profonde, Montesquieu a voulu la rendre séduisante en évitant le lourd pédantisme des traités de droit politique. Il procède par courts chapitres, formules tranchantes, exemples curieux, ellipses incisives, rapprochements saisissants, qui laissent au lecteur sa part de travail philosophique. L'ensemble constitue un prodigieux exploit stylistique qui marque l'emprise de la sociabilité mondaine sur les Lumières françaises.

Montesquiou-Fezensac (François-Xavier, duc de),

abbé et homme politique (Auch 1756 - Château de Cirey, près de Troyes, 1832).

Abbé de Beaulieu en 1782 et agent général du clergé en 1785, il est député aux états généraux de 1789, où il lutte activement contre la Constitution civile du clergé et tente d'enrayer l'agonie de la monarchie. Une Constitution sans roi ? « Voilà, écrit-il, la chose la plus étrange qui se soit jamais faite » (Mémoire à Louis XVIII, 1815). Après les massacres de septembre 1792 et l'abolition de la royauté, il gagne l'Angleterre. Rentré à Paris en 1795, il intègre le Conseil du roi et devient émissaire du comte de Provence. Il est soupçonné d'intrigues plusieurs fois : en 1797, d'abord, avec Talleyrand ; puis en 1798, il est accusé d'avoir orga-nisé un complot visant à assassiner des membres du Directoire. Représentant les Bourbons, il porte à Bonaparte la lettre dans laquelle Louis XVIII adjure le Premier consul de rétablir la dynastie légitime (juin 1800). Cette insolence lui vaut d'être exilé à Menton. Mais Louis XVIII n'oublie pas Montesquiou, qu'il sait honnête, fidèle à ses convictions et respectueux de l'Ancien Régime. Il l'appelle auprès de lui lors de la Restauration pour en faire le principal rédacteur de la Charte - texte par lequel Montesquiou fait valoir, par éthique et pour répondre aux exigences de Louis XVIII, l'affirmation du pouvoir royal. Nommé ministre de l'Intérieur, il établit l'autorisation préalable pour les journaux. Après Waterloo, découragé, il démissionne (juin 1815). Toutefois, il retrouve les allées du pouvoir avec la seconde Restauration. Promu ministre d'État, fait comte puis duc, il est aussi élevé à la pairie et élu à l'Académie française.

Montfort (Simon IV de),

seigneur d'Île-de-France, chef de la croisade contre les albigeois de 1209 à 1218 (vers 1150 - Toulouse 1218).

Issu d'un ancien lignage, Simon, cadet de sa fratrie, hérite de son père plusieurs châtellenies, dont Montfort, Houdan et Épernon, et de sa mère le titre et des droits qu'il ne peut faire valoir sur le comté de Leicester, en Angleterre. Par son mariage avec Alice de Montmorency, il s'allie avec l'une des plus grandes familles d'Île-de-France, très liée aux rois. Proche des cisterciens, et en particulier de l'abbé des Vaux-de-Cernay, Simon est animé d'un profond esprit de croisade qui le conduit, en 1202, à participer à la quatrième croisade avant de s'en désengager lorsqu'elle s'oriente vers Constantinople. Il gagne alors directement la Terre sainte et y combat durant une année. Lorsqu'en 1209 le légat pontifical organise la croisade contre les albigeois, il se croise de nouveau et participe aux prises de Béziers et Carcassonne. En septembre 1209, après le départ des plus grands seigneurs, il est désigné, grâce à l'appui de l'abbé des Vaux-de-Cernay, comme chef de la croisade et reçoit les vicomtés dont Raimond Trencavel est déshérité. Jusqu'en 1218, il parvient à maintenir une armée croisée dans un Languedoc hostile et entreprend d'établir fermement son pouvoir dans ses états en imposant le droit coutumier français et en restaurant la puissance ecclésiastique par les statuts de Pamiers (1212). En 1213, il parvient à écraser les armées de Raimond VI, comte de Toulouse, et de Pierre II, roi d'Aragon, à Muret, et, en 1215, le quatrième concile du Latran lui transmet les domaines du comte de Toulouse, à l'exception du marquisat de Provence. Mais il ne par-vient pas à les conquérir et, après avoir échoué devant Beaucaire en 1216, il est tué au siège de Toulouse, le 25 juin 1218. Simon de Montfort n'est pas parvenu à établir la domination de sa famille en Languedoc, mais il a ouvert la voie à la pénétration française et royale dans le Midi.

montgolfière.

Ce ballon ascensionnel est conçu en 1782 par les frères Montgolfier - Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) -, fils inventifs d'un fabricant de papier de Vidalon-les-Annonay, qui avaient mis au point la production industrielle du vélin en 1777.

Leur « montgolfière », présentée à Annonay le 4 juin 1783, est un globe de taffetas doublé de papier, ouvert par le bas, empli d'air chauffé par le feu - de paille et de laine - d'un réchaud placé dans la nacelle. Après des essais de ballon captif réalisés à Paris, une montgolfière emporte le 19 septembre, à Versailles - en présence de Louis XVI -, un mouton, un coq et un canard, atterrissant dix minutes plus tard à Vaucresson. Le 21 novembre 1783, pour la première fois, des hommes - Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes - réalisent une ascension dans un engin non captif. Cependant, dès le 27 août, le physicien Jacques Charles (1746-1823), professeur à l'École des mines, a fait voler, entre le Champ-de-Mars à Paris et Gonesse, une « charlière » - un ballon gonflé à l'hydrogène -, plus sûre et plus maniable que la montgolfière, et qui effectue son premier vol avec passagers le 1er décembre 1783, des Tuileries à Chantilly. Néanmoins, les Montgolfier reçoivent des lettres d'anoblissement, et leur papeterie devient Manufacture royale en 1784, année où des ascensions ont lieu au Mexique, en Angleterre, à Baltimore, à Vienne, à l'île de France (île Maurice), ainsi que dans une dizaine de villes françaises. Mais la « ballonomanie » retombe, alors que les montgolfières sont surclassées par les ballons à hydrogène, qui équipent en 1793 les compagnies d'aérostiers créées par la Convention. Cependant, depuis les années 1960, les montgolfières bénéficient d'un regain d'intérêt grâce aux progrès effectués en matière de sécurité : emploi du Nylon pour l'enveloppe, et du gaz propane liquide comprimé pour le combustible.

Montlosier (François Dominique de Reynaud, comte de),

homme politique (Clermont-Ferrand 1755 - id. 1838).