Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF),

formation de combat créée le 18 juillet 1941, sur l'initiative de Jacques Doriot, chef du Parti populaire français, avec le soutien des principaux chefs collaborationnistes (Déat, Deloncle, Costantini), et placée sous le patronage d'Otto Abetz.

Elle a pour principal objectif de combattre le communisme, après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, le 22 juin 1941.

Alors que les prévisions font état de 25 000 à 30 000 volontaires, la LVF ne comptera jamais plus de 3 600 recrues françaises, qui sont instruites et équipées par l'armée allemande. Le commandement est d'abord confié au colonel Labonne, alors sexagénaire, ancien attaché militaire à Ankara, puis au colonel Puaud, ancien officier de la Légion étrangère. Rassemblés le 5 octobre 1941 au camp de Demba en Pologne, les volontaires français prêtent serment de fidélité à Hitler. Devenue le 638e régiment d'infanterie de la Wehrmacht, la LVF est engagée devant Moscou en décembre 1941, puis retirée du front au début de l'année 1942, réorganisée et chargée de la lutte contre les partisans à l'arrière du front de l'Est. D'abord ignorée par Vichy, la LVF, qui a reçu l'approbation tacite du maréchal Pétain, est déclarée association d'utilité publique en février 1943, après une tentative de Benoist-Méchin de la transformer en « Légion tricolore ». Impopulaire, la LVF est affectée à des tâches de guérilla et subit de lourdes pertes. Les survivants sont regroupés, en novembre 1944, dans la division Waffen SS « Charlemagne ».

Légion d'honneur,

ordre créé par Bonaparte le 19 mai 1802 dans le but de récompenser les services civils ou militaires rendus à la nation ou à l'État.

Cette distinction constitue un compromis entre le passé et le présent puisqu'elle est destinée à remplacer à la fois l'ordre de Saint-Louis, créé par Louis XIV pour honorer les plus braves de ses officiers, et les armes d'honneurs, distribuées sous la Révolution. L'ordre vise également à permettre une fusion des élites : les militaires doivent en effet y côtoyer les bourgeoisies du commerce ou de l'industrie aussi bien que les hommes aux talents scientifiques ou littéraires. Hiérarchiquement structurée, l'institution, dont le Premier consul est le chef, est placée sous la direction d'un grand chancelier, le premier étant Lacepède. Chevalier, officier, commandeur, grand officier et grand-aigle en constituent les cinq grades. À l'origine, l'institution est organisée en 15, puis 16 cohortes qui correspondent à des divisions territoriales ; une dotation de 200 000 francs de rentes provenant de biens nationaux est attribuée à chacune d'elles.

Cependant, l'ordre de la Légion d'honneur se modifie rapidement devenant presque semblable aux distinctions honorifiques accordées dans d'autres États, tandis que ses biens sont peu à peu vendus et les cohortes, supprimées. À la fin de l'Empire, il réunit environ 32 000 légionnaires, dont 1700 seulement à titre civil. Rares sont les membres des professions libérales et industrielles à y être nommés. Critiquée par les nostalgiques de la Révolution qui jugent qu'elle constitue un premier pas vers le rétablissement d'une nouvelle noblesse, la Légion d'honneur n'a jamais été remise en question par les régimes ultérieurs : ses effectifs sont aujourd'hui d'environ 110 000 membres.

Législative (la) ou Assemblée législative,

assemblée nationale mise en place par la Constitution du 3 septembre 1791.

Elle siège moins d'une année, du 1er octobre 1791 au 20 septembre 1792. La brièveté de la première Constitution française traduit une radicalisation du mouvement révolutionnaire, que favorisent les contradictions du texte constituant. En effet, la Constitution reprend pour l'essentiel les principes de la Constituante : les rapports entre l'Assemblée, à laquelle est confié le pouvoir législatif, et « le pouvoir exécutif [qui] est délégué au roi » ne sont pas définis. Chef des armées, de la diplomatie et de la haute administration, Louis XVI, dont la personne demeure « inviolable et sacrée », devient « roi des Français » et règne par « la loi constitutionnelle de l'État ». S'il choisit et révoque les ministres, il ne peut plus leur imposer sa volonté puisqu'il a besoin de leur contreseing. À l'encontre de l'Assemblée, le roi dispose cependant du droit de veto, qui consiste à rejeter de façon temporaire ou définitive un décret. Les ministres, dont la fonction est incompatible avec celle de député, sont, quant à eux, susceptibles d'être mis en accusation devant l'Assemblée. Celle-ci, sur le modèle de la Constitution américaine, demeure unique et élue pour deux ans, mais au suffrage censitaire.

Le roi va tenter d'appliquer ces dispositions constitutionnelles conformément aux prérogatives du chef de l'exécutif d'un régime parlementaire. Ainsi, en mars 1792, un conflit éclate entre les ministres feuillants (les monarchistes libéraux) et l'Assemblée. Le ministre des Affaires étrangères Delessart ayant été accusé de haute trahison au profit de l'Autriche (10 mars 1792), le roi finit par renvoyer les ministres et les remplace par des girondins. Cette tentative d'introduire une pratique parlementaire échoue cependant devant la volonté de réforme radicale manifestée par l'Assemblée. Le 11 juin, Louis XVI met son veto au décret sur la déportation des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé et à celui créant un camp de fédérés, sorte de milice populaire de 20 000 personnes formée pour la défense de Paris. Le 12 juin, le roi renvoie les ministres girondins Roland de La Platrière, Clavière et Servan, mais l'Assemblée leur renouvelle sa confiance. Le 20 juin, la foule envahit les Tuileries pour contraindre le roi à rappeler les ministres et à lever son veto. Louis XVI refuse mais doit coiffer le bonnet rouge. L'entrée en guerre de la Prusse au côté de l'Autriche accroît la peur de l'invasion, de la trahison et du complot. L'Assemblée déclare alors « la patrie en danger ». Le 10 août marque l'apogée d'un profond mouvement patriotique auquel se joignent pour la première fois des fédérés de province, de Marseille notamment. Les sections parisiennes forment une commune insurrectionnelle, avec Pétion et Manuel à sa tête, qui s'installe à l'Hôtel de Ville, oblige les députés à suspendre le roi - remplacé par un Conseil exécutif de six membres - et fait transférer la famille royale à la prison de la Tour du Temple.