Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Champlain (Samuel de), (suite)

Tandis qu'il cherche un passage pour rejoindre la Chine par le nord, il découvre la rivière Outaouais et fait le tour des Grands Lacs, contribuant à enrichir la connaissance de la géographie canadienne. Entre 1620 et 1629, il s'installe à Québec avec sa femme et travaille à l'enrichissement de « sa » colonie que, par sa ténacité, il sauve de l'invasion anglaise (traité de Saint-Germain-en-Laye, 1632). À sa mort, le 25 décembre 1635, la colonie compte 150 habitants. Cette étape canadienne marque le début de l'ère de la colonisation française en Amérique du Nord.

Champollion (Jean-François),

égyptologue (Figeac 1790 - Paris 1832).

Le fondateur de l'égyptologie scientifique est d'abord un élève du lycée de Grenoble qui s'enflamme pour les langues anciennes, apprend le latin, le grec, l'hébreu, l'araméen, le syriaque, l'éthiopien, l'arabe, puis le copte. Il est encouragé par Joseph Fourier, mathématicien et préfet de l'Isère, mais surtout compagnon de Bonaparte en Égypte, ancien secrétaire général de l'Institut du Caire, et préfacier de la Description de l'Égypte. À 16 ans, Champollion présente un Essai de description géographique de l'Égypte avant la conquête de Cambyse à l'académie de Grenoble, qui l'élit comme correspondant. En 1807, à Paris, il suit des cours à l'École des langues orientales et au Collège de France, ébauche un dictionnaire et une grammaire coptes. En 1809, il revient à Grenoble comme professeur suppléant d'histoire à la faculté des lettres : il a moins de 20 ans.

Il s'acharne à comparer les textes grecs, démotiques et hiéroglyphiques des fac-similés de la pierre de Rosette (découverte en 1799 dans le delta du Nil), puis de l'obélisque de Philae. Il accumule les hypothèses hasardeuses, puis comprend que les hiéroglyphes sont tout à la fois idéographiques, symboliques et phonétiques. Des noms de souverains non égyptiens lui permettent d'esquisser un alphabet. Le 14 septembre 1822, le symbole du soleil (« ra », en copte), deux « s », un signe qui, décide-t-il, correspond au « m », lui livrent l'écriture du nom de Ramsès. Les hiéroglyphes mêlent bien idéogrammes et signes phonétiques. Dès le 27, il présente à l'Institut sa Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques. Ce n'est qu'une esquisse et l'on conteste son antériorité et sa méthode, surtout en Angleterre, mais c'est le début du déchiffrement. Champollion prépare alors une grammaire et un dictionnaire (publiés après sa mort) et fait acheter la collection de Salt, ancien consul anglais à Alexandrie, fonds principal du musée égyptien du Louvre, dont il est nommé conservateur en 1826. De 1828 à 1830, il dirige une expédition scientifique en Égypte - où il ne s'était jamais rendu -, entre à l'Institut en 1830 et au Collège de France en 1831.

Au-delà de ses travaux, des honneurs et de sa mort prématurée due à la tuberculose, il est pour la postérité une sorte de mythe, incarnant tout à la fois la volonté de savoir, le travail forcené, l'inspiration géniale, le goût de l'antique, l'exotisme oriental, l'esprit des Lumières.

chancelier,

titre porté par des auxiliaires de justice, puis par des dignitaires dont le rôle a varié selon les époques.

Au Bas-Empire, le chancelier est un simple huissier, qui tire son nom du chancel, c'est-à-dire de la barre du tribunal auprès de laquelle il se tient. La chancellerie, au sens d'une administration spécialisée dans la rédaction des actes officiels, existe, de manière embryonnaire, à l'époque mérovingienne. Elle est placée sous la responsabilité d'un officier laïc : le référendaire. À l'époque carolingienne, le terme de chancelier apparaît pour désigner le clerc de la chapelle royale qui s'occupe de rédiger les actes officiels. Depuis 877, les chanceliers sont sous l'autorité d'un archichancelier qui authentifie les actes grâce au sceau royal dont il a la garde. Jusqu'au XIe siècle, c'est le plus souvent l'archevêque de Reims qui porte ce titre, mais cette fonction est surtout honorifique.

Il n'en va pas de même à partir du XIIe siècle, lors de la renaissance de la monarchie, qui s'accompagne d'un réveil des activités de chancellerie. Le chancelier devient, avec le chambrier et le sénéchal, l'un de ses principaux officiers ; ainsi, Étienne de Garlande occupe une place éminente, de 1106 à 1127, sous le règne de Louis VI, et plus encore Hugues de Champfleury, de 1150 à 1172, sous celui de Louis VII. De Philippe Auguste (1180/1223) à Philippe le Bel (1285/1314), la fonction - jugée trop influente - est laissée vacante ; la chancellerie est alors confiée à un simple « garde du sceau », choisi parmi les clercs de la maison royale. Rétabli en 1315, le chancelier joue un rôle important dans le développement de la justice royale : il préside le parlement et prescrit l'enregistrement des ordonnances ; il dirige également le Conseil en l'absence du roi et représente celui-ci auprès des états généraux. Au-delà de la garde du sceau, le chancelier devient donc un « lieutenant du roi » dans les affaires du royaume, d'autant plus puissant qu'il est nommé à vie. L'action d'un Pierre Séguier, garde des Sceaux (1633), puis chancelier (1635), illustre l'importance du rôle qu'il exerce dans le gouvernement et l'administration.

Mais, à partir du gouvernement personnel de Louis XIV, le pouvoir du chancelier est réduit et se cantonne à l'administration de la justice, où s'illustreront néanmoins quelques personnalités marquantes du XVIIIe siècle, tels Henri François d'Aguesseau et René Nicolas de Maupeou, qui fut le dernier à porter ce titre, de 1768 à 1774.

Changarnier (Nicolas Anne Théodule),

général et homme politique (Autun, Saône-et-Loire, 1793 - Paris 1877).

Sorti de Saint-Cyr en 1815, Changarnier prend part en 1823 à l'expédition d'Espagne, et s'illustre en Algérie, surtout lors de l'expédition des Portes-de-Fer, et pendant la retraite de Constantine, en 1836. En 1843, il devient lieutenant général et, en 1847, commandant de la division d'Alger. Lorsque la révolution de février 1848 éclate, il propose un coup de force aux ducs de Nemours et d'Aumale, fils de Louis-Philippe. En vain. Changarnier offre alors ses services à la République, qui le nomme gouverneur de l'Algérie, à la suite de Cavaignac. Élu député de la Seine en juin 1848, il soutient d'abord la politique du prince-président, mais il se rallie rapidement aux royalistes. Commandant de la Garde nationale et des troupes de Paris, il mate l'insurrection du 13 juin 1849. Mais Louis Napoléon Bonaparte se méfie de lui : il lui enlève son double commandement le 9 janvier 1851, et le fait arrêter, avec les principaux opposants, lors du coup d'État du 2 décembre. Déporté en Belgique, il rentre en France en 1859, à la faveur de l'amnistie. Pendant la guerre de 1870, il sert à Metz sous les ordres de Bazaine, et participe aux négociations qui précèdent la capitulation. Prisonnier de guerre, puis libéré, il est élu député en 1871, dans les rangs royalistes. Il contribue au renversement de Thiers en 1873, vote contre les lois constitutionnelles républicaines en 1875, année où il est élu sénateur. À sa mort, il aura droit à des obsèques nationales.