Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
U

universités. (suite)

Crises et réformes.

• Il faut attendre les lendemains de la crise de mai 68 pour que soit réformée en profondeur cette structure institutionnelle, qui a fait de l'université, suivant la formule d'Alain Touraine, non pas seulement « un laboratoire mais un conservatoire ». La « loi-cadre d'orientation universitaire » mise sur pied par Edgar Faure durant l'été 1968, définitivement adoptée le 12 novembre de la même année, apporte la réponse de l'État aux doléances et aux vœux de la communauté universitaire en révolte. Elle obéit à deux principes fondamentaux. En premier lieu, l'idée de la « participation », qui conduit à confier la gestion des établissements et des unités d'enseignement et de recherche (UER) qui les composent à des conseils élus, où seront représentés non plus seulement les professeurs, mais l'ensemble de ceux qui y travaillent, enseignants de tous les grades, étudiants et personnels d'administration et de service. La loi confirme, d'autre part, le principe de l'« autonomie universitaire », dont le champ d'application reste cependant limité aux méthodes et aux contenus de l'enseignement et de la recherche. Les diplômes doivent conserver une validité nationale, et les universités n'obtiennent pas l'autonomie financière. La loi Savary (26 janvier 1984), dans la logique de l'alternance politique de 1981, ne modifie pas radicalement le système mis en place en 1968. Pour l'essentiel, les remarques formulées en 1984 par René Rémond sur « la crise des universités » conservent aujourd'hui toute leur pertinence. Celles-ci, en effet, continuent de « subir les contrecoups d'un afflux d'étudiants sans précédent dans leur longue histoire ». Le total de la population étudiante, qui était passé, entre la Belle Époque et 1939, de 31 000 à 76 000, s'est accru à un rythme accéléré après la guerre : pour les seuls étudiants des universités, il était de 137 000 en 1950, de 213 000 en 1960, de 637 000 en 1970, de 801 000 en 1980, et il dépasse le million depuis 1990. Le statut même du savoir est remis en question dès lors que l'on attend avant tout du diplôme la garantie d'un débouché professionnel. Le problème que pose, aux universitaires comme aux responsables politiques, « la concomitance contradictoire entre l'afflux à l'entrée et la réduction des débouchés à la sortie » (René Rémond) reste aujourd'hui sans solution. L'arrêté du 9 avril 1997 relatif au diplôme d'études universitaires générales (DEUG), à la licence et à la maîtrise s'efforce de remédier à l'échec massif en premier cycle, tout en écartant l'idée d'une « sélection » générale à l'entrée, tandis que l'harmonisation, européenne impose des changements notamment dans le second cycle (instauration de master remplaçant la maîtrise) mais favorise aussi les programmes d'échanges d'étudiants et de professeurs. En vérité, les dysfonctionnements de l'institution universitaire reflètent plus que jamais les maux dont souffre la société tout entière.

UNR (Union pour la nouvelle République),

fédération de formations gaullistes créée le 1er octobre 1958, au lendemain du référendum qui a approuvé la Constitution pour une nouvelle République, et en vue de la préparation des élections législatives de novembre.

Comme son nom l'indique, l'histoire de l'UNR est attachée à celle de la Ve République des années de Gaulle, même si le Général, qui n'a jamais été très favorable aux structures partisanes et qui a souffert de l'échec du Rassemblement du peuple français (RPF) sous la IVe République, n'y intervient pas directement. Cependant, c'est grâce à sa popularité personnelle - il est à nouveau considéré par nombre de Français comme le « sauveur » de la France, aux prises alors avec la guerre d'Algérie - que l'UNR, à l'instar du RPF précédemment, est portée au pouvoir. Mais la nouvelle formation, au contraire du RPF, n'a pas la prétention d'être un parti de masse. Jean Charlot la définit comme « un parti d'électeurs, ministériel et parlementaire, mais sans dynamique militante ». Forte de ses 194 députés élus à l'Assemblée nationale en novembre 1958, elle constitue d'emblée le groupe le plus nombreux. Les premières Assises nationales, réunies à Bordeaux du 13 au 15 novembre 1959, opposent les partisans d'une politique d'« intégration » en Algérie, tel Jacques Soustelle, et les fidèles ou les ralliés à la politique du général de Gaulle. L'affaire algérienne entraîne l'exclusion de personnalités, dont Jacques Soustelle, en avril 1960.

Néanmoins, les élections législatives de novembre 1962 sont un triomphe pour l'UNR, qui s'allie aux Républicains indépendants, parti fondé par Valéry Giscard d'Estaing, et à l'Union démocratique du travail (UDT), créée par des gaullistes de gauche partisans d'une réforme de l'association capital-travail. L'UNR détient bien la « majorité » avec ses 233 sièges, alors que les partis traditionnels accusent un échec retentissant. Capable de se mobiliser pour les échéances électorales, elle ne constitue pas, en revanche, une force de proposition et se voit souvent qualifiée de « parti de godillots ». Son recul, certes limité, aux élections législatives de mars 1967 (180 sièges et 31,4 % des suffrages) favorise une réflexion doctrinale aux Assises de Lille, réunies en novembre. Georges Pompidou, alors Premier ministre, n'est pas étranger à cette entreprise de modernisation, qui se traduit notamment dans un changement de dénomination : l'UNR devient l'Union des démocrates pour la Ve République (UD Ve), puis l'Union pour la défense de la République (UDR) au moment d'affronter les élections de juin 1968. Mais c'est déjà l'après-gaullisme qui s'ouvre.

Urbain V (Guillaume de Grimoard, pape et bienheureux sous le nom d'),

pape de 1362 à 1370 (château de Grisac, Lozère, vers 1310 - Avignon 1370).

Issu d'une famille noble du Gévaudan, il devient moine bénédictin à Chirac, près de Mende. Une solide formation théologique, une charge abbatiale à Saint-Germain d'Auxerre (1352) puis à Saint-Victor de Marseille (1361), des missions diplomatiques en Italie, l'ont préparé à sa future fonction. Il est élu pape le 28 septembre 1362, et vient s'installer en Avignon, ville où siège la papauté depuis le début du XIVe siècle. Sa politique témoigne d'une grande fermeté à l'égard des fonctionnaires de la curie, contraints presque systématiquement de choisir entre leur bénéfice et leur office. La bulle Horribilis (1366) apporte ainsi une réforme nécessaire en limitant le cumul des bénéfices ecclésiastiques. Le pape encourage également la formation des clercs par la création de collèges et d'universités (Orange, Cracovie, Vienne). Humaniste, il favorise les lettres et les arts. Contre l'avis des cardinaux et de son entourage, Urbain V tente de rétablir le siège pontifical à Rome, où il siège trois ans (1367-1370). Mais, devant les désordres qui règnent en Italie, il doit se résoudre à retourner en Avignon. La réputation de sainteté d'Urbain V se répand rapidement dans toute la Chrétienté par le biais de nombreux récits de miracles consignés par écrit peu de temps après sa mort.