Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Commune de Paris (1789-1794), (suite)

Des rapports conflictuels avec le pouvoir d'État.

• Formée, dans la nuit du 9 au 10 août, de commissaires des sections, et se substituant au conseil général, cette toute-puissante Commune du 10 août date ses arrêtés de l'an I de l'Égalité. Elle prend elle-même, ou fait voter par une Assemblée législative affaiblie, des mesures radicales : abolition du suffrage censitaire, arrestation de royalistes et de suspects, permanence et épuration des sections placées sous son contrôle, formation de comités de surveillance, réforme de la Garde nationale, création du Tribunal du 17 août. Après les massacres de septembre, auxquels elle ne s'oppose pas, la Commune est renouvelée, sur décision de la Législative, qui lui est hostile, et cède la place, le 2 décembre 1792, à un conseil général provisoire dominé par les montagnards, avec Pache, élu maire en février 1793, l'« exagéré » Chaumette, procureur, et le cordelier Hébert, son substitut. Engagée dans la lutte contre les girondins, elle coordonne les journées des 31 mai et 2 juin 1793 menées contre la Convention. Prenant appui sur les sans-culottes, dont elle soutient les revendications économiques et sociales, la Commune « hébertiste », qui est à son apogée après les élections de juillet 1793, canalise les insurrections populaires. Elle s'associe aux journées des 4 et 5 septembre, Hébert impulsant les mots d'ordre des militants des sections, Chaumette se faisant le promoteur zélé de la déchristianisation. Mais, dès l'automne, ces ambitions politiques se heurtent à la Convention montagnarde, puis au gouvernement révolutionnaire, qui place toutes les autorités sous son contrôle, en décembre 1793, et donne un coup d'arrêt à la poussée populaire. Au printemps 1794, après l'élimination des hébertistes, la Commune devient un auxiliaire docile du Comité de salut public. Ses membres n'étant plus élus mais nommés, la Commune « robespierriste », qui ne représente plus les Parisiens, ne parvient pas à soulever Paris dans la nuit du 9 au 10 thermidor an II (27-28 juillet 1794). Après la chute de Robespierre, la plupart de ses membres sont guillotinés ou emprisonnés. Tandis que les sections sont démantelées, la Commune, instrument de la confrontation entre le pouvoir populaire et celui de l'État, disparaît, avec le décret du 14 fructidor an II (31 août 1794), qui confie au gouvernement l'administration directe de la capitale.

communiste français (Parti),

appellation donnée à partir de 1922 à la Section française de l'Internationale communiste (SFIC), née au congrès de Tours, en décembre 1920, de la scission de la SFIO.

Le parti, qui conserve alors la majorité des adhérents de la SFIO, ainsi que le journal l'Humanité, se constitue sous la référence du léninisme et de ses postulats essentiels : parti révolutionnaire, organisé selon le modèle militaire et soumis aux directives de l'Internationale communiste, luttant dans la perspective d'une phase de « dictature du prolétariat » destinée à briser la résistance des « ennemis de classe ».

La période fondatrice (1920-1934).

•  Durant les quatorze premières années de son existence, le parti né à Tours acquiert un visage nouveau, très différent de celui de l'ancienne SFIO. Ses premiers dirigeants n'avaient guère pris au sérieux les vingt et une conditions édictées par la IIIe Internationale, notamment l'application du « centralisme démocratique ». Dès janvier 1923, un certain nombre d'entre eux, liés à la franc-maçonnerie, dont le secrétaire général Ludovic-Oscar Frossard, sont exclus ou quittent le parti. À partir de 1924, la « bolchevisation » s'oriente dans deux directions : la centralisation - le nouveau maître de l'appareil, Albert Treint, impose un fonctionnement autoritaire, bureaucratisé - et le renouvellement des cadres. Plus jeunes, aguerris par les campagnes contre l'occupation de la Ruhr (1923) et la guerre du Rif (1925), ces nouveaux cadres sont pour la plupart d'origine ouvrière et formés dans des écoles spécifiques. Les liens de subordination à l'égard de l'Internationale sont renforcés. Après l'éviction de Treint, cette réorganisation se poursuit sous la direction d'Henri Barbé, Pierre Célor et Maurice Thorez, lequel devient, en 1931, le principal dirigeant après la mise à l'écart des deux premiers. Elle aboutit à un renouvellement complet de l'appareil. Le fonctionnement interne, devenu monolithique, atteste bien la stalinisation du parti, qui, toutefois, paie cette transformation au prix fort. À l'aube des années trente, ses effectifs passent en effet de 120 000 à 30 000 adhérents. Sa dénonciation systématique des socialistes comme « traîtres », et son sectarisme l'isolent, même s'il dispose d'appuis extérieurs, tels l'Association républicaine des anciens combattants ou la CGT-U, qui peuvent servir de structures d'accueil aux sympathisants. Son influence parmi les intellectuels reste faible, malgré l'adhésion de quelques-uns d'entre eux. Au plan électoral, le parti obtient 11,3 % des suffrages en 1928 et seulement 8,3 % en 1932, mais ne parvient à faire élire qu'une dizaine de représentants sur les quelque 600 membres que compte la Chambre.

L'expansion et l'apogée (1934-1947).

•  À l'aube des années trente, organisation solide mais isolée, le parti maintient dans un premier temps le mot d'ordre « classe contre classe » face à la montée des ligues de droite. Mais, en 1934, un changement de stratégie est imposé par l'Internationale, soucieuse de constituer un front commun face au fascisme ; en juillet, un pacte d'unité d'action signé avec la SFIO ouvre des perspectives d'action commune. Le PCF joue un rôle moteur dans la formation du Front populaire : il prend l'initiative de l'élargir en proposant d'y intégrer le Parti radical et tient un nouveau discours, axé sur l'effort de défense nationale, la réhabilitation des valeurs patriotiques et le refus d'intégrer dans le programme du Front des réformes de structure qui effraieraient les classes moyennes. Cette attitude se révèle payante : le parti remporte 73 sièges aux élections de mai 1936, et voit augmenter le nombre de ses militants ; la réunification syndicale accroît son influence en milieu ouvrier. Souhaitant montrer son esprit de responsabilité devant l'explosion sociale de mai-juin 1936, il soutient, après la victoire électorale, le gouvernement Léon Blum, mais refuse d'y participer, afin de conserver sa liberté d'action. En politique extérieure, avant tout soucieux de préserver la sécurité de l'État soviétique, il s'engage avec vigueur en faveur de l'Espagne républicaine et condamne les accords de Munich : s'il heurte le pacifisme d'une partie de l'opinion, il bénéficie jusqu'en 1939 de la convergence de l'antifascisme et du patriotisme. Mais, en septembre 1939, la conclusion du pacte germano-soviétique replonge le PCF dans son isolement. Le parti, malgré un certain désarroi, approuve, par fidélité à l' URSS, l'accord entre Hitler et Staline, et fait désormais figure de complice de l'Allemagne. Sa dissolution est prononcée le 26 septembre 1939, sa presse interdite, ses élus sont invalidés, ses militants pourchassés. La victoire allemande de juin 1940 n'entraîne pas de changement d'attitude : renvoyant dos à dos les belligérants, la direction clandestine ménage l'occupant, dans l'espoir d'une légalisation, cependant que, à la base, certains militants se déclarent individuellement favorables à une action contre les Allemands. L'invasion de l'URSS par les nazis en juin 1941 entraîne un changement radical : le PCF lance aussitôt le mot d'ordre de lutte armée. Si celle-ci, par le sanglant enchaînement des attentats et des représailles qu'elle implique, l'isole dans un premier temps, elle lui permet de forger, au prix des plus lourds sacrifices, les instruments militaires et politiques qui vont lui permettre de jouer un rôle de premier plan dans la Résistance intérieure. Aussi, le parti participe-t-il en position de force à l'union nationale à partir du début de 1943 : il est présent dans le Conseil national de la Résistance (CNR) et dans le gouvernement d'Alger. À la Libération, alors que Maurice Thorez rentre d'URSS, où il a passé la période de la guerre, le parti connaît son apogée : il obtient plus de 25 % des suffrages aux élections d'octobre 1945, les militants affluent (600 000 en 1946), son prestige parmi les intellectuels et dans l'opinion dépasse largement son aire d'influence traditionnelle, sa participation au pouvoir jusqu'en mai 1947 lui permet tout à la fois de se poser en formation de gouvernement et d'infiltrer les appareils administratifs et économiques du pays. Le parti mobilise contre la guerre en Indochine, commencée alors que ses ministres siègent au gouvernement, et c'est à l'occasion de grèves chez Renault que ses ministres sont remerciés.