Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Louis XVII,

second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, duc de Normandie à sa naissance, devenu dauphin à la mort de son frère aîné, en juin 1789 (Versailles 1785 - Paris 1795).

Avec sa gouvernante, Mme de Tourzel, il suit le destin de la famille royale pendant la tourmente révolutionnaire. Consigné au château du Luxembourg, il subit avec les siens l'échec de la fuite de Varennes, qui conduit à l'arrestation de la famille royale, le 25 juin 1791. Le 12 août 1792, il est incarcéré à la prison du Temple. L'état de santé de cet enfant, déjà chétif, s'en ressent rapidement. Le 11 décembre 1792, il est séparé de son père à l'ouverture du procès de ce dernier. Le 3 juillet 1793, sa mère lui est enlevée. Confié au cordonnier Simon, il est dès lors élevé comme un enfant du peuple. En janvier 1794, Simon abandonne ses fonctions et l'isolement de l'enfant devient particulièrement cruel. Son état de santé se détériore rapidement et il décède, soudainement, le 8 juin 1795.

Une auréole mystérieuse entoure la figure du dauphin. En effet, selon certaines rumeurs, l'enfant aurait été empoisonné ; selon d'autres allégations, il aurait été remplacé par un garçon de son âge afin de permettre son évasion. Par la suite, sur la base de cette légende, plus de trente personnages prétendront être le vrai dauphin. Le plus célèbre d'entre eux est Naundorff, horloger à Spandau, qui prend le titre de duc de Normandie en 1824 et saisit la justice française pour être reconnu dans ses droits. Il meurt en 1845. Ses descendants, qui portent légalement le nom de Bourbon, ont multiplié les procédures, un nouvel appel ayant été introduit en 1954.

Louis XVIII,

comte de Provence, roi de France de 1814 à 1824 (Versailles 1755 - Paris 1824).

Le dernier roi mort sur le trône de France ne doit son règne qu'aux circonstances de la Révolution et à sa singulière intelligence politique. Petit-fils de Louis XV, fils puîné du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, marié en 1771 à Marie-Joséphine de Savoie, le comte de Provence occupe, longtemps après le mariage de son frère Louis XVI avec Marie-Antoinette (1770) et son accession au trône (1774), le premier rang dans la ligne successorale sous le titre de Monsieur, frère du roi. Ce n'est qu'en 1781, lors de la naissance d'un premier dauphin, puis, en 1785, lors de celle du futur Louis XVII, qu'il perd ses droits et ses espérances. Il nourrit dès ce moment un profond ressentiment envers la reine (contre laquelle il paraît avoir alimenté la cour et la ville de libelles), pose en prince libéral et ami des lettres, et joue un rôle équivoque aux assemblées des notables et aux États généraux. En 1790, il est compromis dans la conspiration de Favras, qui semble avoir eu pour but de le nommer régent. Il s'enfuit de Paris au même moment que Louis XVI, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, et parvient à gagner sans encombre Namur. Il se proclame, successivement et de son propre chef, régent du royaume pour son frère Louis XVI, puis pour son neveu Louis XVII et, enfin, à la nouvelle de la mort de ce dernier dans la prison du Temple, le 8 juin 1795, roi de France sous le nom de Louis XVIII.

Ce n'est qu'au terme de vingt-trois années d'exil (1791-1814), écoulées à Coblence, à Hamm (Westphalie), à Turin,à Vérone, à Blankenburg (près de Brunswick), puis à Mitau (Courlande) et enfin à Hartwell (près de Londres), que le prétendant parvient, par l'entremise de Talleyrand, à incarner, auprès des alliés vainqueurs de Napoléon, l'unique solution politique. Après avoir promis, à Saint-Ouen, une Constitution, il entre dans Paris le 3 mai 1814 et, le 4 juin, « octroie » à la France une Charte qui, tout en préservant le principe de légitimité monarchique et les droits de l'exécutif royal, fonde une monarchie de type parlementaire s'appuyant sur les notables. La première Restauration, au cours de laquelle une paix honorable (premier traité de Paris, 30 mai 1814) a été conclue, échoue toutefois en raison de l'hostilité du pays et des maladresses du roi. Lors des Cent-Jours, Louis XVIII doit se réfugier à Gand avant de pouvoir rentrer à Paris (8 juillet 1815), à la suite de difficiles négociations menées par Talleyrand et Fouché. Le roi doit cependant accepter les conditions de paix draconiennes imposées par les alliés (second traité de Paris, 20 novembre 1815).

L'intelligence politique de Louis XVIII se révèle après 1815. Conseillé par son confident, le ministre de la Police Élie Decazes, qui veut réconcilier la monarchie et la nation, le roi combat la ligne ultra-royaliste de la « Chambre introuvable », appelle un modéré, le duc de Richelieu, au ministère (septembre 1815-décembre 1818), tempère les rigueurs de la Terreur blanche et dissout la Chambre en septembre 1816. Avec Richelieu, puis Decazes, il achève de libérer le territoire de l'occupation étrangère et soutient une ligne politique constitutionnelle que remet en cause l'assassinat de son neveu, le duc de Berry (13 février 1820). Le roi est alors contraint de renvoyer Decazes et de rappeler Richelieu, puis de consentir à la formation d'un ministère ultra (décembre 1821) soutenu par son frère et héritier, Charles comte d'Artois, et dirigé par Villèle : celui-ci engage une politique de réaction, marquée par l'intervention militaire contre l'Espagne libérale (1823). Soumis à l'influence de sa dernière favorite, Zoé du Cayla, diminué physiquement, Louis XVIII s'éteint aux Tuileries, le 16 septembre 1824.

Louis d'Anjou ou de Toulouse (saint),

frère mineur et évêque (Brignoles 1274 - Toulouse 1297).

Dans la sainteté médiévale, Louis d'Anjou représente le modèle du saint « aristocratique », par opposition au saint « pauvre » ou « bourgeois ». Deuxième fils du roi de Naples Charles II d'Anjou, le prince forme très jeune le vœu d'entrer dans l'ordre franciscain. Il passe la plus grande partie de sa jeunesse en captivité (1288-1295). Héritier de la couronne à la mort de son frère aîné, il renonce à ses droits en faveur de Robert, son cadet. Frère mineur et évêque de Toulouse en 1296, il affiche publiquement ses affinités avec la branche dissidente des franciscains, qui prône un retour à l'observance stricte de la règle primitive. L'enquête effectuée à Marseille en 1308, quelques années après sa mort, en vue de canonisation le présente ainsi comme une figure exemplaire du spiritualisme franciscain : pauvre, charitable et homme de Dieu, à l'image de saint François d'Assise. Sa canonisation, patronnée par la maison d'Anjou, est surtout une habile opération destinée à favoriser les desseins de la politique menée par son frère : ses reliques deviennent l'un des symboles de la légitimité dynastique des Angevins. L'aspect politique du culte subsiste jusqu'à la fin du Moyen Âge. La dévotion envers le saint demeure vivante en France, notamment dans le Midi, jusqu'à l'époque moderne.