Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Convention nationale, (suite)

La convention thermidorienne

• . La réaction, menée par les thermidoriens favorables à l'abandon de la politique de l'an II, s'impose à la Convention dans les mois qui suivent : le Club des jacobins est fermé (12 novembre 1794), les députés girondins proscrits en juin 1793 sont rappelés (8 décembre), et le maximum (limite fixée par la loi au prix des produits et denrées de première nécessité) est abrogé (24 décembre). Les « derniers montagnards » s'opposent à ces mesures, et la sans-culotterie parisienne se soulève en germinal et prairial an III (avril et mai 1795) contre la Convention, envahie par les insurgés le 1er prairial. Ces insurrections échouent : la Convention organise la répression contre les derniers montagnards et les sans-culottes, et rédige une nouvelle Constitution, celle d'un « pays gouverné par les propriétaires » (Boissy d'Anglas). Après le vote de cette dernière, le 5 fructidor an III (22 août 1795), et après la répression de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV (5 septembre 1795), la Convention se sépare le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), laissant place au Directoire.

coq gaulois,

emblème officieux de la France.

L'association de la France et du coq constitue, en cette fin du XXe siècle, un lieu commun, qui, cependant, n'appartient pas à la symbolique officielle de la République. Elle est née du regard des étrangers, avant de prendre place dans l'imaginaire national.

Le point de départ en est un calembour latin, présent chez César et Suétone, et jouant de l'homophonie entre gallus (« coq ») et Gallus (« Gaulois »). Cependant, le volatile n'est jamais considéré comme emblème de la Gaule. Il faudra attendre le XIIe siècle pour que les chancelleries anglaises et impériales réactivent ce jeu de mots à des fins de propagande anti-capétienne. En effet, la symbolique médiévale du coq est fortement dévalorisante : celui-ci est à la fois lubrique, sot, fanfaron, vaniteux et colérique. « Roi de la basse-cour », il fait, en outre, piètre figure face à l'aigle (Empire) et au lion (Angleterre, Flandres, Espagne, Venise...). Dès cette époque, les textes se multiplient, bientôt relayés par l'image - coq dévoré par un lion, plumé par un aigle... Les guerres d'Italie, puis la guerre de Trente Ans, sont sans doute deux des sommets de cette propagande antifrançaise. Pourtant, depuis Charles V, l'emblème est assumé par la monarchie française. Les règnes de François Ier et de Louis XIV représentent deux moments forts : le volatile figure, par exemple, sur les chapiteaux d'ordre français des colonnes de la Galerie des glaces, au château de Versailles. Ce n'est plus le coq des bestiaires, mais celui des Pères de l'Église - le coq qui veille dans la nuit et protège la basse-cour -, mêlé à celui de la mythologie romaine (oiseau de Mercure, de Mars ou d'Apollon). Il bénéficie du regain d'intérêt historiographique pour les Gaulois, dont les érudits prétendent qu'il était l'emblème. Ceux-ci s'appuient sur la découverte de nombreux objets gallo-romains en forme de coq ; en fait, il s'agit de coqs votifs offerts à Mercure-Lug, et non d'emblèmes.

La Révolution est la première apothéose du coq, que l'on rencontre sur des monnaies, des papiers officiels, les hampes de drapeau... Et ce succès est durable. Le 12 juin 1804, le Conseil d'État le propose comme emblème officiel de l'Empire. Seules les réticences de Napoléon face à la « volaille » font échec au projet. Une chance pour le coq, qui reste l'emblème de la nation française, sans se compromettre avec le régime. Dès lors, il ne connaîtd'éclipses que sous la Restauration, le Second Empire et le régime de Vichy. Son sort est lié à l'idée républicaine ; il figure d'ailleurs, depuis 1848, sur le grand sceau des Républiques successives et connaît son heure de gloire sous la IIIe, grâce à la propagande pendant la Première Guerre mondiale. Coq patriotique, il est alors également coq du terroir, de la « petite patrie » rurale. Depuis les années cinquante, il connaît une baisse de popularité relative, liée au déclin de la France rurale.

Corbie (siège de),

siège mené par les troupes espagnoles en 1636, durant la guerre de Trente Ans, afin de prendre le contrôle de cette ville fortifiée qui gardait le passage sur la Somme, à l'est d'Amiens.

Entrés en France depuis six semaines, les Espagnols, commandés par Thomas de Savoie, s'emparent de la ville le 15 août 1636 sans rencontrer de résistance. Paris, où règne la panique, est à portée de l'ennemi. Comme toutes les armées de l'époque, l'armée française compte peu de régiments permanents. Mal préparée, ne pouvant pour l'heure recruter des mercenaires, elle doit trouver rapidement des hommes, alors que la Bourgogne est aussi menacée. On lève des volontaires et on réquisitionne laquais, artisans et vagabonds de la capitale. Les gouverneurs des provinces convoquent le ban et l'arrière-ban, obligeant les gentilshommes à rejoindre l'armée. Les grands seigneurs battent le rappel de leurs fidèles. En un élan où voisinent patriotisme et clientélisme nobiliaire, 30 000 fantassins et 12 000 cavaliers sont réunis sous le commandement du comte de Soissons et de Gaston d'Orléans. Thomas de Savoie, peu assuré de ses arrières, fait retraite en laissant derrière lui une garnison à Corbie pour fixer la contre-offensive. Investie le 29 septembre, la ville tombe le 9 novembre. « C'est un coup de Dieu », peut écrire Richelieu.

L'événement souligne la fragilité de la frontière picarde, trop proche de Paris : la repousser vers le nord va devenir dès lors un objectif constant du pouvoir royal. « L'année de Corbie » -qui est aussi celle du Cid de Corneille - devient un exemple de sursaut français face à l'adversité.

Corday d'Armont (Marie Anne Charlotte),

assassin de Marat, morte guillotinée (Saint-Saturnin-des-Ligneries, Orne, 1768 - Paris 1793).

Cette jeune femme énigmatique inspire souvent un sentiment mêlé d'admiration et de mépris, les uns louant son courage, les autres soulignant l'indigence de sa conscience politique. Issue d'une famille de petite noblesse, elle se passionne pour Rousseau et l'Antiquité gréco-romaine, et se déclare républicaine bien avant la Révolution. Mais la mort de Louis XVI l'indigne. Cette lectrice de journaux modérés semble alors chercher sa voie lorsque, à la suite des journées des 31 mai et 2 juin 1793, les députés girondins réfugiés à Caen - où elle demeure - tentent de soulever les départements contre Paris. Ils prétendent que la capitale est livrée à l'anarchie et à la dictature montagnarde, dénoncent Marat, responsable à leurs yeux des massacres de Septembre et promoteur de leur chute. Fréquentant les girondins, parmi lesquels Charles Barbaroux, Charlotte Corday assiste avec enthousiasme, le 7 juillet, à l'enrôlement des volontaires caennais pour délivrer Paris et décide alors, seule et secrètement, d'agir.